Dakar, 30 nov (APS) – La commémoration dimanche du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais au camp de Thiaroye, le 1er décembre 1944, est à la Une de la presse quotidienne sénégalaise de ce samedi.

 »Troubles de mémoire(s) », affiche à la Une Sud Quotidien, qui qualifie cet épisode de l’histoire coloniale française en Afrique au sud du Sahara, de  »drame, où des dizaines de tirailleurs sénégalais furent massacrés après avoir réclamé leurs droits (…) dans un contexte politique complexe, marqué par (…) la montée des revendications anticoloniales et les incertitudes et ambiguïtés du pouvoir colonial’’.

Les droits en question concernaient le versement de leur pécule et de diverses primes et indemnités.

Dans un dossier de plusieurs pages consacré à cet évènement, le journal donne également la parole à l’historien sénégalais Mamadou Diouf, professeur à l’université de Columbia, aux Etats-Unis.

 »Thiaroye est un signal fort envoyé par le nouveau régime sénégalais qui s’écarte de ses prédécesseurs pour souligner son engagement souverainiste et interroger la relation avec la France depuis l’indépendance’’, estime, dans les pages de Sud, le président du Comité de commémoration du massacre de Thiaroye.  

De son côté, Le Quotidien, qui titre à sa une ‘’Thiaroye sang histoire’’ propose un reportage au ‘’camp de Thiaroye où a eu lieu le massacre’’, selon le journal. La publication écrit qu’il y a ‘’eu 35 ou 70 morts officiellement, voire plus, en attendant que la lumière soit faite sur cette tragédie’’.

En effet, le bilan donné par les autorités françaises est contesté par plusieurs historiens qui estiment à plusieurs dizaines le nombre de tirailleurs tués dans le camp de Thiaroye, après avoir participé à la libération de la France du joug nazi.  

La publication donne également la parole à l’acteur, scénariste et réalisateur sénégalais, Bamar Kâne, qui joue dans le film ‘’Tirailleurs’’ de Mathieu Vadepied.

‘’Ce qui s’est passé à Thiaroye est une injustice, c’est un drame, et ce sont des assassinats, des exécutions’’, dit Kâne, tandis que, note le journal,  »’le régime de Diomaye-Sonko’’ [des noms du chef de l’Etat et du Premier ministre] a décidé de raviver le passé colonial et de l’interroger’’ dans le but de ‘’déconstruire’’ le récit officiel de la France, ‘’en donnant un cachet officiel à ce 1er décembre avec des célébrations commémoratives’’.

Jeudi, le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a annoncé que son homologue français, Emmanuel Macron, lui a adressé une lettre pour reconnaître que ce qui s’est passé à Thiaroye le 1er décembre 1944 n’était ni plus ni moins qu’un ‘’massacre’’.

Toujours sur le même sujet, L’Observateur a tenté de remonter le temps en relatant le récit d’El Hadj Abdou Mboup, 90 ans, ‘’témoin du massacre’’.

‘’Tout a commencé entre 8 heures 30 et 9 heures, ce matin du 1er décembre 1944. C’était un véritable concert de coups de feu’’, se souvient celui qui était âgé à l’époque de 10 ans.

En écho, Biram, 86 ans, fils de Mbap Senghor pensent que ‘’certains témoignages laissent croire que [son] père a fait partie de ceux qui ont été exécutés sur leur lit d’hôpital’’, après qu’il soit blessé dans l’assaut.  

En politique, Le Soleil s’intéresse à la question du chef de l’opposition, mettant à sa une les photos du président Macky Sall (2012-2024) et de son dernier Premier ministre Amadou Ba, qui avaient tous deux dirigé leur propre liste lors des élections législatives anticipées du 17 novembre dernier.

Si la coalition de Macky Sall, est arrivée deuxième avec 16 députés et celle d’Amadou Ba, troisième, avec 7 sièges, loin derrière la liste PASTEF (pouvoir) qui en a obtenu 130, le journal souligne que la ‘’question [du chef de l’opposition] revient sur la table après chaque élection ,  »mais reste irrésolue’’.  

Pour la publication, il s’agit tout simplement de ‘’L’arlésienne de la vie politique sénégalaise’’.

Dans le même journal, l’ancien chef d’état-major général des Armées sénégalaises donne son avis sur le départ des troupes françaises d’Afrique, une question qui est revenue au devant de l’actualité, notamment au Tchad et au Sénégal, après une interview du président Bassirou Diomaye Faye avec la presse française.

Estimant qu’il s’agit du ‘’symbole d’une page qui se tourne, le général Babacar Gaye indique que, cette question est en même temps, ‘’dans certains cas’’, ‘’une page qui se déchire plus qu’elle ne se tourne’’.  

ABB/OID

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