SENEGAL-CULTURE
Dakar, 26 juil (APS) – L’artiste plasticien sénégalais, Kalidou Kassé, a plaidé pour une meilleure structuration de marché de l’art au Sénégal afin d’en faire un véritable levier économique.
”Le marché de l’art existe au Sénégal, mais il mérite d’être davantage structuré pour devenir un levier économique”, a-t-il déclaré, vendredi, lors d’une conférence publique tenue au centre culturel Blaise Senghor dans le cadre du 12e Salon national des arts visuels (17 juillet-17 août), ouvert sur le thème ”Regards nouveaux, Yeesal gis-gis”.
La rencontre a réuni plusieurs artistes, galeristes, collectionneurs, critiques d’art et amateurs, autour du thème : ”Marché de l’art au Sénégal : état des lieux et perspectives.”
Kalidou Kassé, modérateur du panel, a salué l’initiative de la Galerie nationale d’art et rappelé que ”l’art est économie, et l’économie est aussi de l’art”.
Selon lui, la dynamique actuelle du secteur montre une volonté des acteurs d’inscrire le Sénégal dans le mouvement global des industries culturelles et créatives.
Il a notamment évoqué la récente vente aux enchères d’œuvres d’art sénégalaises organisée à Londres par l’Office national de gestion des biens criminels comme ”une première pour le pays et un signal fort pour l’avenir du marché local”.
Il a toutefois déploré l’absence de certains maillons dans la chaîne de valeur, estimant que ”pour bâtir un marché solide, il faut des commissaires-priseurs, des critiques, des juristes, des historiens d’art et des fondations capables de soutenir les artistes”.
Un socle historique à préserver
Kalidou Kassé a rappelé que le marché de l’art au Sénégal a des racines anciennes, évoquant notamment l’existence des Manufactures sénégalaises des arts décoratifs créées dans les années 1960.
”Ce marché n’est pas nouveau. Il existe depuis longtemps, même s’il reste à consolider”, a-t-il affirmé.
Selon lui, les prochaines étapes doivent consister à créer un environnement propice au développement du secteur, en misant sur la formation, les échanges et la promotion de fondations artistiques capables de générer des ressources économiques durables.
Des interventions pour une meilleure visibilité du secteur
Le critique d’art et collectionneur sénégalais, Sylvain Sankalé a, de son côté, plaidé pour un encadrement juridique du secteur et une meilleure valorisation de la culture dans les politiques publiques.
”Il faut que l’Etat considère la culture non pas comme une distraction, mais comme un véritable instrument de puissance douce (soft power)”, a-t-il soutenu.
L’artiste sculpteur Mamadi Seydi a, pour sa part, évoqué les difficultés rencontrées dans son domaine.
”Faire de la sculpture au Sénégal, c’est compliqué. Le marché reste plus tourné vers la peinture. Mais il ne faut pas tout attendre de l’Etat, les artistes doivent aussi prendre leur destin en main”, a affirmé l’artiste sénégalais.
Pour Racine Kane, collectionneur, l’enjeu réside dans la création d’un marché local solide.
Il a ainsi plaidé pour la ”tropicalisation des prix” afin de les adapter au pouvoir d’achat des Sénégalais, ainsi que pour le renforcement de la ”loi du 1 % à l’art”, jugée encore insuffisante pour stimuler la commande publique.
La conférence a permis aux participants de partager leurs expériences et d’identifier des pistes de travail pour la mise en place d’un véritable marché de l’art au Sénégal, adossé à des mécanismes économiques viables.
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