Kaffrine : distribution correcte des intrants, l’hivernage pas totalement installé
Kaffrine : distribution correcte des intrants, l’hivernage pas totalement installé

SENEGAL-AGRICULTURE-POINT

Du correspondant de l’APS à Kaffrine, Cheikh Tidiane Sarr

Kaffrine, 25 juil (APS) – L’hivernage s’est installé timidement dans la région de Kaffrine (centre), où des producteurs continuent de défiler devant les commissions de distribution de semences et d’intrants pour récupérer leurs quotas, dont des membres de coopératives agricoles.

Pour cette présente campagne agricole, plusieurs hectares de mil et de maïs ont été déjà emblavés, contrairement à l’année précédente, où les producteurs avaient misé sur l’arachide, principale culture de rente dans cette partie du bassin arachidier.

A Lanta, un village de la commune de Ndiognick, dans le département de Birkilane, Mohamed Diaw, la trentaine, sème du mil dans son champ, assisté de trois de ses frères.

Chacun d’eux dirige un cheval de trait attelé à une houe sine, un instrument agricole à trois dents conçu pour gratter le sol et semer le mil. Le champ s’étend sur deux hectares.

“Chaque année, on sème ici de l’arachide, mais cette fois, c’est le mil qu’on a choisi”, renseigne-t-il, en signalant que les semis de graines d’arachide ont déjà commencé.

Selon lui, toutes les étapes ont été bouclées : le désherbage, l’aération du sol, la fertilisation avec l’enrichissement du sol avec de la matière organique.

A la maison d’El Hadji Kéba Diaw, délégué de quartier de Ndjigui, un village situé dans la commune de Kahi, c’est un ballet interminable de producteurs venus récupérer leur quota d’engrais.

Le chef de village explique que pour des raisons de transparence, ils doivent se présenter avec leur pièce d’identité, avant de se rendre à la commission de distribution de semences.

Plusieurs hectares de mil et de maïs emblavés

A Koungheul, la situation est tout autre. Dans les villages de Darou Mousseu et Ngouye Diéry, certains paysans ont démarré les semis avec le sorgho et le mil, depuis le 13 juillet.

Talla Diaw, un producteur de mil de la commune de Kahi, a emblavé, cette année, sept hectares de cette céréale dans ses différents champs.

“Le mil reste une céréale importante dans notre alimentation quotidienne. Chaque année, durant la campagne agricole, j’engage des jeunes à raison de 300 000 francs CFA. Ce n’est pas facile, mais je crois que le mil reste la meilleure alternative à l’arachide”, soutient-il.

La trentaine, Diaw a un amour profond pour l’agriculture, surtout la culture de mil. Il dit gagner beaucoup d’argent après la campagne de commercialisation.

A l’instar de Talla Diaw, beaucoup de jeunes du village s’adonnent désormais à l’agriculture. Signe de leur grand engagement pour ce secteur, ils ont tous intégré une coopérative pour défendre leurs intérêts. Aussi ce producteur s félicite-t-il de la démarche du gouvernement consistant à identifier les vrais producteurs de mil dans la région de Kaffrine.

Babou Diané est le président du réseau “Sakh bou Kahi” (le grenier de Kahi), créé . Contrairement à Talla Diaw, Diané est un producteur de maïs très connu dans la zone.

L’air timide, le sourire facile, ce jeune originaire du village de Ngodiba a emblavé 50 tonnes de maïs pour la présente saison des pluies.

“Je me suis engagé dans la culture du maïs grâce à l’accompagnement et aux orientations du chef du service départemental du développement rural de Kaffrine, Mignane Diouf”, fait-il savoir.

Kaffrine : distribution correcte des intrants, l'hivernage pas totalement installé

Il dit avoir emblavé l’année dernière 10 tonnes de maïs et obtenu des rendements de 4 à 6 tonnes à l’hectare. Cette année, l’Etat a subventionné l’engrais au grand bonheur des producteurs, se félicite-t-il.

Diané assure avoir distribué les 50 tonnes de semences aux différents producteurs de maïs de la zone. “On a déjà labouré, car le réseau dispose d’un tracteur”, fait-il savoir. Selon lui, “Sakh bou Kahi”, le réseau qu’il dirige, regroupe 1200 membres.

Aliou Diouf, un producteur de Birkilane, a jeté son dévolu sur l’arachide. Il dit avoir choisi cette spéculation depuis maintenant des décennies.

Trouvé dans ses champs en train de semer, il déclare avoir déjà emblavé 10 hectares. “Cette année, j’ai doublé mes productions et j’ai reçu plus d’engrais, grâce à vous”, dit-il, en allusion à un reportage qu’une équipe de l’APS avait réalisé l’année dernière, dans ses champs.

Chaque année, Diouf emploie plus de trois saisonniers rémunérés chacun à raison de 350 000 francs CFA. Le producteur dit croire fermement en l’agriculture et invite les jeunes à retourner à la terre.

1 700 tonnes d’engrais distribuées aux coopératives agricoles

Cette année, 1 700 tonnes d’engrais ont été remises à la coopérative des producteurs de semences de la commune de Kahi (COPROSEM), l’une des plus dynamiques de la région de Kaffrine, avec plus de 800 membres, selon son président.

‘”Je félicite le gouvernement, car pour notre coopérative, on a déjà distribué presque tout notre quota de 1 700 tonnes à nos membres à hauteur de 97%”, précise Ali Diaw.

Il précise que sa coopérative a reçu également 2 000 tonnes d’engrais organique, communément appelé ”éléphant vert”, et un quota de 1 000 tonnes de phosphates.

Le président de la COPROSEM salue l’initiative de l’Etat de cibler cette année les coopératives paysannes pour la distribution des semences. Kaffrine : distribution correcte des intrants, l'hivernage pas totalement installé

Concernant les semences, l’antenne régionale du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR) de la région de Kaffrine a signé une convention avec l’Etat et l’Institut  sénégalais de recherches agricoles (ISRA) pour exploiter les 30 hectares du Domaine agricole communautaire (DAC) de Boulèle, a fait savoir son président, Ali Diaw.

Pour le matériel agricole, informe-t-il, chaque coopérative a reçu un quota de 25 semoirs et 10 houes Sine. ‘’Mieux, les tracteurs sont prévus qui seront remis aux coopératives directement’’, s’est-il réjoui. Cette démarche, explique-t-il, vise à écarter ceux qu’il appelle “les paysans et les producteurs du dimanche”.

Distribution impeccable de semences

La distribution des semences se déroule bien dans les différentes localités de la région de Kaffrine. C’est le cas dans la commune de Kahi. Ici, le visiteur est impressionné par l’organisation mise en place. Aucun couac n’est noté à ce stade de l’opération, avec la présence de tous les membres de la commission.

Des sacs d’engrais sont installés à l’entrée, à côté de charrettes garées, en attendant les chefs de village qui viendront pour récupérer les quotas.

Abdou Aziz Badiane, président de la commission de distribution des semences de  la commune de Kahi, assure que “tout se passe bien”. “On a reçu tous nos quotas d’engrais, d’arachide et de sorgho. Et tous les paysans viennent récupérer leurs quotas sans problème et en toute transparence [munis] de pièces d’identité”, fait-il savoir.

Kaffrine : distribution correcte des intrants, l'hivernage pas totalement installé

Malgré ce satisfecit du président de la commission de distribution des semences, certains paysans dénoncent la qualité des graines d’arachide.

Mise en place des commissions de réception des intrants

Le chef du service départemental du développement rural (SDDR) de Kaffrine, Mignane Diouf, se veut toutefois rassurant. “Nous avons mis en place des commissions de réception des intrants au niveau départemental et local, avec les présidents, les préfets, les vice-présidents, les forces de défense et de sécurité, les secrétaires, les services techniques de l’agriculture, l’Agence nationale de conseil agricole et rural (ANCAR) et tous les services compétents”, dit-il.

Ces commissions sont chargées de la mise en place et de la gestion des intrants sous la supervision des autorités administratives, mais aussi des services techniques pour vérifier la qualité des intrants remis aux producteurs, précise-t-il. Il assure que ces commissions fonctionnent correctement.

Il signale par ailleurs qu’il a été mis en place des sous-comités au niveau de chaque commune et au niveau des villages, afin d’identifier les vrais bénéficiaires.

“Nous avons 5 278 tonnes d’engrais à distribuer dans le département de Kaffrine actuellement, soit un taux de mise en place de 98% et de 100 % de cession pour l’engrais 6-20”, fait-il observer.

Il signale que pour l’engrais 15-10-10, sur 1 190  tonnes reçues, 1 055 tonnes ont été déjà données aux producteurs, soit un taux de mise en place de 89%.

“Pour le triple 15, sur 1 875 tonnes reçues, plus de 900 tonnes ont déjà été cédées, soit un taux de  51% de mise en place, et pour l’urée, 55% de mise en place sur 1 160 tonnes”, dit-il, manifestant ainsi son optimisme quant à la bonne tenue de la présente campagne agricole. 

CTS/ASB/ASG/ABB/BK