Instances de décisions: la portion congrue toujours réservée aux femmes
Instances de décisions: la portion congrue toujours réservée aux femmes

SENEGAL-POLITIQUE-GENRE

Dakar, 8 mars (APS)- L’alternance politique survenue le 24 mars dernier, contrairement à ce qui était attendu par certains acteurs et observateurs, ne s’est pas traduite par une propulsion des femmes au sein et à la direction des sphères décisionnelles de l’Etat, les femmes n’occupant que quatre des vingt-cinq postes de ministres et cinq secrétaires d’Etat du gouvernement dirigé par Ousmane Sonko.

Dans cette équipe, siègent Maïmouna Dièye, au poste de ministre de la Famille et des Solidarités, Fatou Diouf, en charge des Pêches, des Infrastructures maritime et portuaire. Khady Diène Gaye est à la tête du département de la Jeunesse, des Sports et de la Culture et Yacine Fall pilote le ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères.

La deuxième femme à hériter du portefeuille de la diplomatie sénégalaise, après Aissata Tall Sall (2020-2023), est dans l’ordre protocolaire la deuxième personnalité du gouvernement, après le Premier ministre.

Le dernier gouvernement du régime de Macky Sall, avec Sidiki Kaba comme Premier ministre, comptait sept femmes, correspondant à un pourcentage de 18 pour cent.

Celui dirigé par Ousmane Sonko enregistre le plus bas niveau de représentativité des femmes depuis 2012. Cela avait suscité, dès l’annonce de la liste du nouveau gouvernement, une vague de désapprobations émanant d’activistes de la cause féminine et d’organisation de défense des droits humains et de la société civile en générale.

“On ne peut pas laisser au politiques de décider de la représentation des femmes. Il faut que cette représentation soit codifiée dans une loi et qu’elle s’impose à eux, qu’elle soit une obligation en tant que leaders de partis politiques”, avait ainsi réagi Seydi Gassama, leader d’Amnesty international Sénégal.

Dans la foulée, le Collectif des citoyennes pour le respect et la préservation des droits des femmes, regroupant 44 organisations et 617 personnalités, avait dénoncé une “disproportion”.

Au fond, le débat sur la présence des femmes dans les différents gouvernements n’a jamais cessé depuis la nomination de Caroline Faye au poste de ministre de l’Action sociale, devenant la première femme à siéger dans un gouvernement en 1978.,

A l’Assemblée nationale par contre, une véritable révolution est en marche, à la faveur du vote et de la promulgation de la loi sur la parité dans les instances électives et semi électives.  

Dans la législature issue des élections législatives du 17 novembre dernier par exemple, les femmes occupent 68 des 165 sièges de député, correspondant à un pourcentage de 41, 2 %. Elles étaient 78 dans la précédente législature.

Certaines femmes occupent même des responsabilités parlementaires plus importantes, à l’image de Aissata Tall Sall, qui dirige le groupe parlementaire Takku Wallu Senegal (opposition) constitué de 16 députés.

De son côté, le bureau de l’institution parlementaire, constitué de 8 vice-présidents, 6 secrétaires élus et 2 questeurs, compte en son sein quatre vice-présidentes: Rokhy Ndiaye (2e), Mbène Faye (4e), Oulimata Sidibé (6e) et Ramatoulaye Bodian (8e).

Trois femmes comptent parmi les secrétaires élus, à savoir Maïmouna Bousso, première secrétaire élue, Daba Wagnane (3e), Béatrice Germaine Faye (5e). Il faut compter Aïcha Touré, l’un des deux questeurs de l’Assemblée nationale.

De 1960 à nos jours, aucune femme n’a dirigé l’Assemblée nationale, alors que deux femmes – Aminata Tall et Aminata Touré -, ont dirigé le Conseil économique, social et environnemental.

La faiblesse de la représentativité des femmes est aussi remarquée dans les conseils municipaux, notamment dans l’occupation des postes de premier plan, avec dix-huit femmes maires et deux présidentes de conseil départemental, alors que le pays compte 45 départements et 557 collectivités territoriales.

Il reste que des femmes ont été promues à des postes de responsabilité stratégiques par les nouvelles autorités du pays.

Le 27 août 2024, l’ancien Premier ministre Aminata Touré a été nommée Haut représentant du chef de l’Etat. Elle est chargée de prodiguer des conseils au président de la République mais également de le représenter dans certaines rencontres internationales.

Fatou Kiné Diakhaté, la coordinatrice du Mouvement national des cadres patriotiques dans la diaspora, a été nommée chef adjointe de cabinet du président de la République, devenant ainsi la deuxième femme à occuper ce poste.

Malgré une représentation encore insuffisante, les femmes commencent à se positionner à la tête de certaines agences et autres structures décisionnelles.

FD/AKS/BK/SBS

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