Dakar, 10 août (APS) – Des artistes sénégalaises évoluant dans le secteur de l’industrie musicale ont plaidé jeudi pour l’équité dans le travail tout en soulignant les problèmes spécifiques auxquels elles sont confrontées, a constaté une journaliste de l’APS.

”Il y a des problèmes spécifiques que nous rencontrons dans le milieu, par exemple les congés annuels ou de maladie et plus particulièrement des congés de maternité et il arrive que ces derniers même soient source de rupture de contrat pour certaines femmes”, a déploré la rappeuse et slameuse Fatim Sy, directrice de ”Cultur’Elle”, un festival de musique dédié aux femmes.

Elle indique que dans certains cas, la grossesse est considérée comme une maladie et les femmes artistes, parce qu’elles sont enceintes, ne sont pas invitées, ni programmées dans les concerts et autres rencontres professionnelles.

Fatim Sy, initiatrice d’un panel axé sur le thème ”La sécurité et la protection des femmes dans l’industrie musicale”, s’est réjouie du fait que le statut de l’artiste prenne en charge ces questions. Pour elle, la rencontre vise à informer les femmes artistes qui ne sont pas au courant de ce qui se passe.

Le président de l’Association des métiers de la musique (AMS), Daniel Gomes, ainsi que la juriste Marina Kabo de l’Association des juristes sénégalaises (AJS), ont tous plaidé pour l’équité dans le travail des artistes femmes.

”Le travail des femmes dans la musique n’est pas loin de celui des femmes de maison. Elles sont mal payées. Il faut lutter pour arriver à l’équité”, a indiqué le président de l’AMS. Donnant comme exemple les choristes et danseuses évoluant sur la Petite Côte, il a indiqué que les premières touchent des cachets de 5000 francs CFA par prestation alors que les dernières ont 2500 FCFA.

”Elles ont des cachets misérables et on rend les personnes plus misérables encore alors que les musiciens gagnent plus en oubliant qu’elles font le même travail que ces hommes musiciens. Ce sont des formes de violences, d’exploitation dont on ne parle pas souvent”, a regretté Daniel Gomes.

Il s’est réjoui de l’organisation de ce panel pour l’amélioration des conditions de travail des femmes avant de plaider pour ”un barème décent, une allocation de chômage comme cela se fait ailleurs, une présomption salariale”. ”Il faut corriger la loi”, a-t-il lancé, invitant ainsi les femmes à être plus présentes dans les sphères de prise décisions et de discussions.

La juriste Marina Kabo qui trouve ”anormal” que les femmes artistes ne puissent pas vivre de leur art, prône la prévention et invite à bannir les comportements abusifs et les violences physiques et morales qu’elles subissent. ”Il faut dénoncer ces chantages et harcèlements sexuels, ces propositions indécentes et préjugés relevés dans le milieu des artistes de la musique, ne pas dénoncer, c’est être complice”, a dit la juriste.

Des rappeuses ont témoigné sur les violences verbales et les harcèlements dont elles sont victimes sur les réseaux sociaux à cause de leurs tenues de scènes.

La rencontre organisée par ‘’Racine prod”, une entreprise culturelle fondée par la rappeuse et slameuse Fatim Sy, fait partie d’une série de panels initiée en prélude de la troisième édition du festival musical ”Cultur’Elle” prévu en décembre prochain à Dakar.

Le premier panel a eu lieu le 17 avril sur le thème ”Reconnaissance et valorisation du travail des femmes dans la musique”.

FKS/OID/ADC

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