SENEGAL-LITTERATURE-REPORTAGE
Dakar, 18 oct (APS) – L’exposition intitulée ’’Cahiers de l’école William Ponty’’, organisée au Musée des Civilisations Noires (MCN) en marge du Forum national du livre et de la lecture, a pris fin vendredi, après deux jours d’hommage aux grandes figures africaines issues de cette prestigieuse école de l’époque coloniale.
Présentée sous le thème ’’L’éducation par le livre pour une souveraineté éclairée’’, cette exposition a permis au public de redécouvrir les premiers pas intellectuels d’illustres personnalités africaines à travers leurs cahiers de devoirs datant des années 1920 à 1940.
Dès l’entrée, le visiteur était accueilli par une inscription évocatrice : ’’Écrire et lire : hier, aujourd’hui et demain’’, symbole d’un lieu d’émancipation et de mémoire collective.
Dans la salle bondée, se mêlaient élèves, étudiants, enseignants, anciens pontins et amoureux du livre, venus contempler les écrits et dessins d’anciens élèves devenus, pour certains, présidents, écrivains ou intellectuels de renom.

Les murs étaient ornés de portraits de figures emblématiques comme Abdoulaye Wade, Félix Houphouët-Boigny (1905-1993), Modibo Keïta (1915-1977), Ousmane Socé Diop (1911-1973) ou encore Bernard Dadié (1916-2019).
Dans des coffres vitrés, les visiteurs pouvaient admirer les cahiers soigneusement conservés de ces élèves, témoignant de leur rigueur et de leur créativité. Devant l’un d’eux, des élèves du lycée Mariama Bâ de Gorée se disaient impressionnées par ‘’la beauté de l’écriture et la qualité artistique’’ des travaux exposés.
Un grand tableau noir retraçait, à travers des extraits et citations, la vie et la pensée de ces pionniers de l’Afrique indépendante.
On pouvait notamment lire cette phrase de Bernard Dadié, ancien élève de la promotion 1928-1931 : ‘’L’année scolaire ne durait que quelques mois. On quittait une famille, mais on gagnait de vrais amis. Et la fierté d’être à Ponty…’’

Le dispositif intégrait aussi un espace numérique diffusant les reproductions digitalisées des œuvres, ainsi qu’un coin lecture aménagé au centre de la salle, où étaient disposés des ouvrages liés à l’histoire de l’école.
Des croquis et dessins, tels que ’’La mosquée de Diourbel’’ de Baba Ndiaye ou ’’Les croyances et puissances des sorciers indigènes du Sud du Cameroun’’ de Days Ekoué, ont particulièrement retenu l’attention des visiteurs.
Pour Issa Gueye, ancien pontin et enseignant, cette exposition a ravivé de nombreux souvenirs.
’’À Ponty, il y avait la rigueur, la discipline et la soif de savoir. Ce lieu formait l’élite africaine de son temps”, a-t-il confié, ému.
’’Ce que je peux dire de Ponty est que, quand nous étions élève, c’était la rigueur, la discipline et une certaine soif de connaître et de savoir. Là-bas tu pouvais être premier pendant une période de composition et à la prochaine si tu ne fais pas attention, tu peux être dernier’’, explique le sexagénaire.

Saliou Gueye, initiateur de la plateforme SenBooks, a salué ’’la qualité esthétique et la calligraphie remarquable’’ des cahiers exposés, tandis que Ahmadou Ndiaye, des éditions Albouraq Sénégal, y a vu ’’une source de motivation pour la nouvelle génération d’acteurs du livre’’.
L’exposition s’est clôturée dans une ambiance conviviale, marquée par la participation du public à un mur de citations, où chacun pouvait laisser un mot en hommage à cette mémoire éducative africaine.
AMN/MK

