ECOFEST : une exposition dépeint la violence par la diversité de la création
ECOFEST : une exposition dépeint la violence par la diversité de la création

SENEGAL-AFRIQUE-CULTURE

Dakar, 5 déc (APS) – Une exposition réunissant trente artistes visuels issus de quinze pays de la sous-région, qui prend fin ce vendredi à la galerie nationale d’art, à Dakar, propose une lecture thématique de la violence à partir d’une diversité d’approches inhérente à la créativité et au génie des différentes disciplines artistiques.

L’exposition s’est ouverture lundi dernier dans le cadre de la première édition du Festival ouest africain des arts et de la culture (ECOFEST) qui a démarré dimanche.

Les artistes qui y participent ont chacun a proposé leur lecture de la thématique axée sur les conflits ou la manière de les résoudre.

“Certains ont traduit une part de la réalité. Il y a aussi une diversité d’approches et différents domaines d’art explorés”, a expliqué le commissaire de l’exposition, le journaliste et critique d’art sénégalais Massamba Mbaye.

Des artistes se sont exprimés par la peinture, d’autres par la photographie et certains par la sculpture.

“Evoquer la violence ne se décline jamais au premier degré chez les artistes, car certains interrogent son absurdité qui convoque un appel à la paix souhaité et souhaitable. D’autres la tourne en dérision comme pour conjurer la folie des hommes”, a souligné M. Mbaye.

La Togolaise Annick Nyamle, par exemple, a choisi de proposer des scènes de joie, de vie, pour mieux conjurer la violence.

Son œuvre est représentée par une photographie de deux petites filles en train de s’étreindre, les visages rayonnants et portant un patchwork de wax dont les parties déchirées symbolise une Afrique qui, malgré ses difficultés, vit dans la joie et le bonheur.  

L’artiste, heureuse de participer à cette première édition du Festival ouest africain des arts et de la culture, milite pour sa pérennisation qui contribuerait, selon elle, à des échanges fructueux entre artistes.

ECOFEST : une exposition dépeint la violence par la diversité de la création

Le sculpteur guinéen, Sidikiba Dime, représente l’espace de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à travers un personnage plein de vivacité et porteur de messages, une colombe, une main portant une clé et une autre détruisant une arme à feu, pour dire stop à la guerre. Un ras-le-bol symbolisé aussi par un livre de justice, avec d’autres axes liés à l’éducation et l’émigration, etc.

Pour cet artiste, cette sculpture véhicule un seul message : “Opportunity” (opportunité, en anglais) pour les peuples de l’espace CEDEAO.

Des figures tutélaires représentées, comme celle d’Amical Cabral, qui a incarné la lutte pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert, sont aussi mises en scène, pour inciter la génération actuelle à compter d’abord sur elle-même et à mieux prendre conscience de la riche histoire et du potentiel du continent.

Les artistes sénégalais, El Hadji Samba Khary Ndao, et nigérian Tuki Moses Rimamtari s’illustrent par l’originalité de leur technique, dans la forme de leurs œuvres et surtout les matières utilisées, toutes issues de la récupération.

Rimamtari a essayé de traduire l’insécurité et la criminalité dans son pays à travers un assemblage d’objets récupérés, qu’il transforme symboliquement en un un pistolet et des armes traditionnelles.

Ndao, formé en mécanique, montre les liaisons contemporaines africaines avec des antennes de paraboles recyclées.

ECOFEST : une exposition dépeint la violence par la diversité de la création

Il appelle à prendre conscience sur les actes du quotidien, en faisant référence à des notions telles que la temporalité, la lumière et la justice.

“Cette exposition a le don du phénix qui peut renaitre de ses cendres pour faire germer dans les sillons. Elle appelle à une réinvention de la fraternité afin que ce qui nous lie ne soit pas oublié”, a commenté son commissaire.

Le ministre sénégalais de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Amadou Ba, a salué la créativité africaine à travers cette exposition qui, dit-il, “porte beaucoup d’espoir”.

“Une sculpture et l’image parlent plus que les discours”, a-t-il dit, ajoutant que cette exposition, sans occulter “les difficultés”, montre qu’il y a “beaucoup d’espoir en Afrique, et qu’on n’est pas obligé de continuer les conflits, la guerre”.

Amadou Ba a félicité tous les artistes participants à cette exposition, avant d’évoquer la souffrance de l’esclavage, de la colonisation et même des années postindépendances.

“Il est temps que le renouveau de l’Afrique soit le crédo de toutes les générations, de tous les peuples”, a-t-il ajouté devant ses homologues de la Gambie, du Ghana et des représentants du Nigéria et de la Guinée-Bissau.

Les lauréats du concours de sculpture, photographie et peinture seront connus, vendredi, à Dakar, lors de la clôture de l’ECOFEST, au Théâtre national Daniel Sorano, à partir de 18 heures.

FKS/ADL