Des ministres africains saluent la volonté des Etats de se réapproprier la culture
Des ministres africains saluent la volonté des Etats de se réapproprier la culture

SENEGAL-AFRIQUE-CULTURE

Dakar, 3 déc (APS) – Des ministres africains en charge de la Culture, dont celui du Sénégal, ont souligné la volonté des Etats de la sous-région de se réapproprier la culture pour en faire un outil économique et un secteur porteur d’emplois pour les jeunes et les femmes.

Selon Amadou Ba, ministre sénégalais de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Amadou Ba, il y a une volonté de réappropriation affirmée de la culture au plus haut niveau, au Sénégal.

Il intervenait en présence de ses homologues de la sous-région, lors d’un séminaire organisé au Musée des civilisations noires à Dakar, mardi, dans le cadre de la première édition du Festival ouest africain des arts et de la culture (Ecofest), ouverte le 30 novembre dernier.

À l’initiative conjointe de la CEDEAO et de l’UEMOA, cette manifestation se poursuit jusqu’au 6 décembre prochain, sur le thème “La mutation et la crise sociopolitique en Afrique de l’Ouest : que peut faire la culture ?”

”Le nouveau gouvernement, a avancé Amadou Ba, a mis la culture au centre des politiques publiques pour qu’elle soit le link entre les autres ministères”.  Cela passe, selon lui, par une révision du narratif culture et une sublimation de l’histoire du pays.

”Le Sénégal est en train de créer un écosystème favorable aux industries culturelles et créatives (ICC) et des chaines de valeur dans tous les secteurs”, a-t-il dit, invitant le secteur privé à s’impliquer davantage dans ce créneau.

Il a signalé que l’Etat du Sénégal a mis en place différents fonds [cultures urbaines et ICC, cinéma, aide à l’édition, etc.] pour soutenir la création. Ceci est la voie pour créer des leaders dans tous les secteurs, que ce soit de l’artisanat, la culture ou le tourisme”.

Amadou Ba a appelé à promouvoir davantage la culture africaine, estimant que l’Afrique a besoin d’acteurs majeurs, de leaders reconnus pour leur talent et leur créativité pour y arriver.

Il a insisté sur la nécessité, pour les Etats africains, “d’encourager et d’accompagner les promoteurs et créateurs de ces ICC”, c’est-à-dire les industries culturelles et créatives.

La ministre ghanéenne du Tourisme, de la Culture et des Arts créatifs, Abla Dzifa Gomashie, a également salué la contribution significative de la culture dans le Produit intérieur brut de son pays.

L’art et le tourisme sont des secteurs portés par le patrimoine créatif ghanéen qui s’est développé grâce à des fonds mis en place dans l’industrie créative, notamment le cinéma, pour encourager la dynamique, a-t-elle expliqué.

Il subsiste toutefois des “défis”, a-t-elle reconnu, en soulignant la nécessité de renforcer l’image de la culture auprès des jeunes et de les attirer dans ces espaces de créations.

La ministre Abla Dzifa Gomashie, artiste et philosophe de formation évoluant depuis 43 ans dans le secteur de la culture, dit avoir à cœur le rapatriement des biens culturels africains “volés” par l’Occident.

Elle a appelé les Etats de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDAO) à lutter ensemble pour le retour des “biens pillés”. “Il est grand temps que ces œuvres nous reviennent”, a-t-elle insisté.

Son homologue gambien Abdoulie Jobe a aussi souligné l’importance de la culture, un secteur qu’il considère comme “un facteur important pour la paix”.

“Aujourd’hui, les industries culturelles et créatives sont importantes et doivent être soutenues. Il faut une politique claire sans équivoque pour accompagner les acteurs”, a-t-il plaidé, évoquant le rôle de la culture dans la transformation des communautés.

Il a cité, à cet effet, différents projets mis en place en Gambie, de concert avec et en partage avec d’autres pays de l’espace communautaire comme le Sénégal, notamment le projet Afrique-UE pour le renforcement des capacités des jeunes et des femmes dans la culture.

Abdoulie Jobe a appelé à son tour les Etats africains à travailler sur les industries culturelles et créatives qui recèlent selon lui “le plus grand potentiel”.

La représentante du Libéria a magnifié le rôle très important joué par la culture dans la résolution de la guerre civile qui a duré 14 ans dans son pays.

“La culture est une force d’unification des peuples et de cohésion sociale. Nous croyions que nous étions des Américains. Aujourd’hui, il s’agit d’apprécier ce que nous sommes et prendre conscience de nos valeurs africaines pour mettre en valeur nos cultures”, a-t-elle dit.

FKS/AB/SBS/BK