Des étudiants prêts à ”faire des sacrifices’’ pour un retour à la normale du calendrier universitaire 
Des étudiants prêts à ”faire des sacrifices’’ pour un retour à la normale du calendrier universitaire 

SENEGAL-UNIVERSITES

Dakar, 27 mars (APS) – Des étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) considèrent que le chevauchement des années académiques est devenu un véritable problème, tout en se disant prêts à consentir des sacrifices pour une stabilisation du calendrier universitaire.

Entre la mise à disposition tardive des notes, la tenue des examens de rattrapage qui coïncident avec le démarrage de l’année académique, l’obtention de la licence au bout de quatre ou cinq ans, ces étudiants ne savent plus où donner de la tête et souhaitent un retour à un calendrier universitaire ‘’normal’’.

Du haut de son 1m 80, le visage maussade et stressé, Moustapha, patiente en compagnie d’autres étudiants devant une salle pour la vérification de ses notes.

‘’Je suis là pour la vérification de mes notes. J’ai six cases vides sur mon bulletin et je n’ai droit qu’à trois vérifications de copies. L’année académique démarre dans un mois, alors que je ne sais même pas si je passerai en classe supérieure’’, explique-t-il.

L’étudiant en licence 2 de philosophie affirme que ‘’la stabilisation de l’année académique est impérative et nécessite des sacrifices de la part des étudiants’’.

‘’L’année dernière, j’ai suivi le rythme en commençant à suivre les cours de l’année suivante, parce que je n’avais pas toutes mes notes pour savoir si j’avais validé ou pas. Et par la suite, j’ai appris que je n’avais pas validé, une situation que j’ai très mal vécue, et ils sont nombreux les étudiants (qui sont) dans cette situation’’, ajoute Moustapha.

Il estime qu’il faut, dans l’intérêt de tous, parvenir à une stabilisation de l’année académique, quitte à éliminer un semestre et à organiser une session unique pour que les choses reviennent à la normale.

Son camarade de classe, Abou Ndiaye, abonde dans le même sens. ‘’Imaginez un peu, le démarrage des cours pour l’année académique 2024-2025 est fixé au 24 avril, alors que les rattrapages pour l’année académique 2023-2024 vont au-delà de cette date’’, s’étonne-t-il.

‘’J’ai six cases vides, donc des notes dont je n’ai pas connaissance. Dans ces conditions, comment entamer une nouvelle année, alors que je ne sais pas ce qu’il en est de l’année académique en cours ? Il y a un véritable chevauchement entre les années’’, déplore-t-il.

Plus étrange encore, Abou déclare qu’en plus des six cases vides, il n’a la ‘’possibilité de vérifier que trois notes’’.

Il s’offusque du fait que ‘’l’étudiant n’a pas la possibilité de vérifier s’il a la moyenne ou pas’’. ‘’Et ils veulent déjà l’embarquer dans une autre année académique. Tout est chamboulé ici’’, observe-t-il.

Khadija Gaye, étudiante en licence 3 de philosophie, n’échappe pas non plus au casse-tête de la vérification des notes.

Blottie dans un voile blanc qui lui couvre la moitié du visage, elle trouve ‘’qu’en soi, c’est une bonne chose de stabiliser l’année académique’’.

Répercussions négatives

‘’Le fait d’obtenir sa licence au bout de quatre ans, voire cinq ans d’études, a des répercussions négatives sur toute notre carrière et nos ambitions futures. Par exemple, j’ai passé ici quatre ramadans et je suis toujours en licence 3, alors que je n’ai repris aucune classe. Cette situation n’arrange personne’’, se désole l’étudiante.

‘’Les années de plus passées à l’université plombent nos chances de participer et de réussir aux différents concours, car l’âge est souvent limité. Cela va forcément impacter négativement sur notre carrière professionnelle’’, regrette-t-elle.

Assis sur un banc public, les yeux rivés sur un livre qu’il tient entre ses mains, Souleymane Konté, étudiant en master au département d’anglais, juge que ‘’la disponibilité des notes pose un véritable problème à l’université’’. Selon lui, ‘’entre l’examen et la disponibilité des notes, il se passe au moins un mois’’.

‘’Cela est dû certainement au déficit d’enseignants, car un professeur a plus de 1000 copies à corriger. Vu l’effectif de la faculté, ce problème de disponibilité de bulletins de notes impacte négativement nos demandes d’inscription dans des universités étrangères pour la suite de nos études’’, déplore l’étudiant.

L’expérience personnelle de Souleymane Konté illustre parfaitement les difficultés que pose cette situation pour les étudiants souhaitant poursuivre leurs études à l’étranger.

‘’Dans mon dossier que j’ai déposé pour la poursuite de mes études à l’étranger, il y avait les trois bulletins de mes trois années de licence. Mais, on m’a réclamé un quatrième bulletin parce qu’en réalité, j’ai passé plus de quatre ans à l’université au lieu des trois ans réglementaires pour une licence’’, explique-t-il.

‘’Pour toutes ces raisons-là, dit-il, il est vraiment crucial de stabiliser l’année académique. Même s’il y aura forcément une génération d’étudiants qui sera sacrifiée, c’est un mal nécessaire pour accéder à la normalisation du calendrier universitaire.’’

La stabilisation de l’année académique est l’une des premières priorités du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Abdourahmane Diouf, depuis sa nomination.

A plusieurs reprises, il a insisté sur la forte volonté des nouvelles autorités d’œuvrer en faveur d’une année académique normale commençant en octobre et se terminant en juillet, comme ailleurs dans le monde.

Mais, près d’un an après son arrivée à la tête de ce ministère, cet objectif ne semble pas sur le point d’être atteint, selon plusieurs acteurs du monde universitaire.

Depuis près d’une décennie, à cause de mouvements de grève récurrents d’étudiants et de professeurs et des tensions politiques, les années académiques se chevauchent et donnent le tournis à l’Etat, à l’administration universitaire, aux apprenants et aux professeurs.

AFD/ADL/HK/HB/ASG

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