Thiès, 23 nov (APS) – La prise en charge de l’impact émotionnel de la pandémie de Covid-19 sur les enfants est une question de santé publique et de sécurité publique, a indiqué le docteur en psychologie à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Ibrahima Giroux.

Selon l’universitaire, “ce sont les enfants qui ont payé le prix le plus élevé à la Covid-19, même si ce sont les personnes âgées qui sont mortes“ pour la plupart de cette maladie, qui s’était répandue à travers le monde à partir de la Chine depuis fin 2019.

Le docteur Giroux, le consultant d’un atelier de validation d’un guide de la santé mentale à l’école organisé mercredi à Thiès, a relevé que  “la Covid-19 a créé des dégâts extraordinaires sur la psychologie des familles, des parents et des enfants“.

“Rien ne se perd, tout se transfère“, a-t-il poursuivi, pour dire que l’impact de cette crise sanitaire sur la psychologie des enfants ne passera pas par pertes et profits, mais va plutôt “continuer“ à se faire ressentir “dans le temps“.

« Si nous ne prenons pas en charge le bien-être de ces enfants, les conséquences de la Covid-19, nous les paierons cash dans cinq à dix ans, (et au) maximum douze ans » à venir, a avisé l’expert.

A l’en croire, les conséquences de la Covid-19 ont affecté “les bébés à partir de 2020“,  sans que les gens ne s’en aperçoivent. « A partir de 2020, a-t-il insisté, tous les enfants qui avaient moins de huit ans ont été touchés de plein fouet par les crises d’anxiété, d’angoisse de leurs parents ».

Etant donné qu’ « ils ne pouvaient pas parler pour se faire entendre, parce que tout le monde était anxieux, c’est resté dans leur corps », a-t-il poursuivi, estimant que ce phénomène est « aujourd’hui, une véritable question de santé publique ». Ce qui lui a fait dire qu’ « il va falloir investir sur la santé mentale de nos populations, de nos enfants » en particulier.

« Si on ne fait rien, dans dix ans – quinze ans, ce sera une question de sécurité publique, parce qu’ (avec) un million d’adolescents qui sont instables sur le plan émotionnel, cela devient un enjeu de sécurité », a-t-il encore averti.

Pour le docteur en psychologie, le travail d’élaboration d’un guide de la santé mentale à l’école s’inscrit dans le type d’actions à mener au profit des enfants pour juguler le danger. « Nous sommes en train de faire ce que nous pouvons pour doter notre pays de ces outils et aller à la formation », a-t-il rassuré.

Rappelant que le capital humain est l’axe deux du Plan Sénégal émergent (PSE), référentiel des politiques publiques dans le pays, il a ajouté qu’il est « en réalité le cœur de ce plan, parce que l’humain est au cœur du développement, et il n’y a pas de capital humain qui tient la route, sans la santé mentale ».

Initié par l’ONG Enda jeunesse action, le guide de la santé mentale à l’école a été validé à l’issue d’un atelier regroupant plusieurs directions du ministère de l’Education nationale, en attendant son introduction dans le système éducatif.

ADI/AKS/ASB

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