Congo : une lettre ouverte de plus 400 personnalités pour demander un cessez-le-feu

AFRIQUE-CRISE-POSITION

Dakar, 18 mars (APS) – Plus de 400 personnalités africaines et d’autres continent, dont l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop, ont adressé une lettre ouverte au secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, en lui demandant de conclure “un cessez-le-feu immédiat” entre les parties en conflit dans l’est du Congo et de “privilégier la recherche d’une solution durable prenant en compte les causes profondes” de cette guerre.

Les signataires de cette correspondance sont des écrivains, artistes, journalistes, avocats, religieux, membres de la société civile, chercheurs et professeurs des universités d’Afrique, d’Amérique du Nord, d’Amérique latine, des Caraïbes, d’Europe, du Moyen Orient et d’Asie.

Ils disent unir leurs voix “pour exhorter respectueusement l’Organisation des Nations unies à ne pas répéter les mêmes tragiques erreurs d’appréciation que lors du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994”.

“Des graves événements de l’est du Congo plongeant leurs racines dans l’histoire, n’émerge qu’un récit unique : le risque de balkanisation du Congo et l’exploitation de ses richesses. On passe ainsi sous silence l’exclusion des Tutsi congolais dont l’extermination est de plus en plus ouvertement évoquée par certains acteurs politiques”, écrivent-ils.

“Cette guerre, aussi abominable soit-elle, ne saurait être réduite à une seule de ses causes. Elle résulte plutôt d’un mélange explosif de tensions sociales et économiques qui se sont progressivement cristallisées en une crise identitaire et en conflit armé”, soutiennent les signataires, dont l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop, auteur d’un livre sur le génocide rwandais, intitulé : “Murambi, le livre des ossements”.

Il faut “privilégier la recherche d’une solution durable”

Il y a aussi, parmi les signataires, le chanteur et auteur franco-rwandais Gaël Faye, Mouhamadou Lamine Sagna, directeur de l’Africana Studies à Worcester Polytechnic Institute (WPI), dans le Massachussetts au Etats-Unis, l’historien spécialiste des conflits, Abdarahmane Ngaïdé.

“Il est impératif de conclure un cessez-le-feu immédiat afin de préserver des vies humaines et d’ouvrir la voie à une solution négociée”, préconisent-ils, ajoutant que le meilleur moyen d’y parvenir n’est “pas de répéter l’accusation particulièrement simpliste selon laquelle le Rwanda soutiendrait le Mouvement du 23 mars (M23) dans le seul but d’exploiter les ressources naturelles du Kivu”. 

“Nous vous invitons par la présente à privilégier la recherche d’une solution durable prenant en compte les causes profondes de ce conflit. Telle est à nos yeux la démarche adéquate pour assurer, à travers la stabilité de la région des Grands Lacs, la sécurité et le bien-être de millions d’hommes et de femmes ne demandant qu’à vivre dans la tranquillité”, peut-on lire dans cette lettre ouverte.

Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) affrontent une multitude de groupes armés locaux, principalement dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, depuis 2003.

A partir de 2021, la province du Nord-Kivu, à l’est de la RDC, connaît un regain de violences entre les forces gouvernementales et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), groupe qui progresse, depuis fin 2024, vers le sud et s’empare des territoires, avec le soutien du Rwanda.

L’ONU invitée à prendre ses responsabilités

Le conflit à l’est du Congo “résulte en grande partie du défaut d’intégration de populations regroupées malgré elles au sein de nouvelles configurations frontalières établies par les autorités coloniales”, analysent les personnalités signataires.

“Il est également motivé par le refus de prendre en compte des mouvements migratoires dans la période ayant précédé et suivi les indépendances africaines”, ajoutent-ils, citant aussi “la restriction de la citoyenneté à des critères ethniques et physiologiques” comme une des causes de cette guerre.

“Nous attendons de vous que vous preniez, à l’inverse de celui qui occupait vos fonctions en 1994, la mesure des périls qui menacent des populations civiles sans défense et dont le seul tort est d’être ce qu’elles sont : des Tutsi”, insistent-ils en s’adressant au secrétaire général de l’ONU.

Ils jugent “urgent de procéder à une analyse moins tendancieuse et étriquée de la situation du Kivu, préalable nécessaire à toute solution durable”.

“Nous ne saurions trop insister sur le fait que la focalisation exclusive sur le M23 et le Rwanda est suspecte et encourage les discours venimeux chez les extrémistes de plus en plus hardis qui trouvent dans les médias sociaux un moyen efficace de populariser leur idéologie de haine”, soulignent-ils.

En conséquence, ils invitent le chef de l’ONU à prendre ses responsabilités “face aux menaces” liées à cette guerre, avant de conclure : “Il n’en va pas seulement du destin des populations des Grands Lacs et de leur besoin de sécurité. Il en va aussi de la crédibilité des Nations unies et de l’honneur de l’humanité”.

BK/HB/AKS

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