SENEGAL-RELIGION-COMMEMORATION
Ziguinchor, 18 avr (APS) – Les fidèles chrétiens de la paroisse universitaire saint Thomas d’Aquin de Kenia et d’autres paroisses de Ziguinchor (sud) ont effectué, vendredi, le Chemin de croix, une procession symbolisant dans la tradition chrétienne la marche de Jésus vers le Golgotha, le lieu de sa crucifixion, a constaté l’APS.
Du camp des Sapeurs-pompiers, en passant par l’école Jacques Niouky et l’hôpital psychiatrique de Kenia, à la chapelle de la paroisse universitaire Saint Thomas d’Aquin, une foule de fidèles a commémoré la Passion du Christ, c’est-à-dire les quatorze stations, représentant autant de moments particuliers qui ont jalonné le chemin menant au Calvaire, la colline où le ‘’fils de l’homme’’ a été crucifié.
Dans cette démarche de foi, abbé Fulbert Diabang, vicaire de cette paroisse universitaire, qui a présidé le chemin de croix, est revenu sur l’origine et le sens de cette célébration particulière du Vendredi saint, qui marche les douze dernières heures de Jésus.
”Le Chemin de croix retrace les derniers moments forts de la vie de Jésus, qui commence par son arrestation, son procès, la sentence jusqu’à la mort. Nous essayons de vivre et d’immortaliser ces moments en faisant comme si nous vivons en direct ce qu’il a vécu dans ses derniers moments de vie’’, a dit le religieux.
Cette marche symbolique constitue, selon lui, une occasion de penser à nos frères et sœurs malades et de prier pour eux et pour la paix.
Cette ‘’vivacité de la foi’’, est également une manière d’appeler les fidèles chrétiens à avoir l’habitude de toujours assister aux événements de l’église car, ils raffermissent leurs relations avec le Seigneur.
”Les chrétiens suivent le Seigneur en croix depuis sa condamnation jusqu’à la crucifixion, dans l’espérance bien heureuse d’une résurrection joyeuse, qui éclaire le monde’’, soutient abbé Fulbert Diabang.
Arrivée au terminus du chemin de croix, à l’église universitaire saint Thomas d’Aquin de Kenia, les fidèles ont procédé à la vénération de la croix. C’est à la suite de cet acte de foi, que le prélat a tenu à rappeler l’autre sens du Vendredi saint, qui est ‘’le deuil que porte l’église en ce jour’’. Puis, les fidèles se sont retirés en silence, pour ‘’marquer la mort du Christ en croix’’.
Le Vendredi saint marque également l’avant-dernier jour du carême, qui correspond au troisième jour du triduum pascal, c’est-à-dire, qui est la période allant du Jeudi saint à la veille du dimanche de Pâques, dit Samedi saint.
Vendredi saint rime aussi avec ‘’ngalakh’’
Le Vendredi saint n’est pas seulement un jour de tristesse et de recueillement chez les chrétiens du Sénégal. Il correspond également au jour du traditionnel ‘’ngalakh’’, ce succulent dessert typique du Sénégal à base de couscous de mil, de pulpe de baobab (bouye) et de pâte d’arachide, préparé en ce jour.
Symbole de partage et de convivialité, la préparation et le partage de cette nourriture est devenue une tradition au Sénégal, aussi bien chez les chrétiens, le Vendredi saint ou le jour suivant, et lors de la l’Eid el-Fitr ou korité chez les musulmans.
A Ziguinchor, région du sud du Sénégal où vit une forte communauté chrétienne, les familles préparent des quantités importantes de ngalakh pour elles-mêmes et pour les voisins musulmans.
Pour Paulette Sylva, le ngalakh est devenu un symbole clé de la coexistence islamo-chrétienne au Sénégal et à Ziguinchor en particulier.
”Le partage du +ngalakh+ remonte à nos ancêtres. C’est une excellente chose. Ça tisse davantage les liens entre chrétiens et musulmans. Nous allons continuer à perpétuer cette bonne pratique pour mieux renforcer nos liens. C’est quelque chose de bien pour notre pays. Chrétiens et musulmans forment une et même famille au Sénégal”, dit cette dame d’un âge avancé.
Le même sentiment de partage et de perpétuation d’une tradition est partagé par Marie Sophie Diatta. ‘’Ce partage du +ngalakh+ remonte à très longtemps, dans la joie et la fraternité islamo-chrétienne’’, indique-t-elle, précisant dans un sourire qu’une fête de Pâques sans ngalakh n’en est pas véritablement une.
”Qu’il pleuve ou neige, il faut perpétuer cette tradition. Chrétiens et musulmans sont des parents rien ne peut les diviser. Lors de la Tabaski [Eid el-Kebir] et la korité, les musulmans partagent avec nous chrétiens leurs repas de fête. Nous faisons la même chose lors de fêtes chrétiennes. Ce qui raffermit davantage nos liens fraternels’’, précise-t-elle.
Tout en formulant des prières pour plus d’ancrage de la paix au Sénégal, Marie Sophie Diatta estime que c’est cette coexistence inter-religieuse, que ”rien ne saurait gâcher”, qui fait le charme du Sénégal.
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