Amina Ndiaye Leclerc présente “Valdiodio”, comme une thérapie filmique sur son père
Amina Ndiaye Leclerc présente “Valdiodio”, comme une thérapie filmique sur son père

SENEGAL-CINEMA-MEMOIRE

Dakar, 25 juil (APS) – La réalisatrice sénégalaise Amina Ndiaye Leclerc qualifie de “thérapie” le long-métrage “Valdiodio”, qu’elle consacre à son père, Valdiodio Ndiaye (1923-1984), avocat et ancien ministre sénégalais sous le règne du président poète Léopold Sédar Senghor (1906-2001).

L’œuvre cinématographique a été projetée à la 78e édition du Festival international du film de Cannes (13-24 mai 2025).

”Je n’ai jamais pleuré devant un film. Mais là, j’ai pleuré. C’était une thérapie aussi de mettre en image tout ça’’, a-t-elle notamment confié dans un entretien paru dans le magazine ”Vitrine” de l’Agence de presse sénégalaise (APS) publié ce jeudi, en parlant de son long-métrage, cette œuvre qui se veut “intime” et “exécutoire”.

La réalisatrice a dit choisir le registre de la fiction pour retracer un pan méconnu de l’histoire politique et institutionnelle du Sénégal dont son père est cité comme un acteur majeur, à côté du président du Conseil du Gouvernement d’alors, Mamadou Dia.

”La fiction, ça vous ouvre toutes les portes. Je voulais m’adresser aux jeunes, pour qu’ils connaissent leur histoire et puissent aller de l’avant’’, a-t-elle expliqué, insistant sur ‘’la force visuelle du cinéma pour raconter et faire voir’’.

Le film revient notamment sur les douze années d’incarcération de Valdiodio Ndiaye à Kédougou (sud-est), dans des conditions qualifiées d’ ‘’ abominables’’ par la réalisatrice.

”Quand on vous raconte, ça n’a pas la même force que quand vous voyez. Dans un film, on raconte et on voit’’, a-t-elle martelé.

L’œuvre, au-delà de sa portée historique et cinématographique, s’emploie à s’inscrire dans une “trajectoire intime marquée par la déchirure familiale”, selon la fille de l’ancien ministre de l’Intérieur dans le premier gouvernement du Sénégal indépendant.

”Mon père était ministre. Nous vivions au Sénégal, nous étions Sénégalais dans notre tête. Et du jour au lendemain, on arrête votre père, on vous renvoie en France, dans un pays que vous ne connaissez pas’’, a déploré Amina Ndiaye Leclerc.

”Pendant douze ans, on a attendu notre père. Cette attente, ça crée une obsession’’, selon la réalisatrice.

”J’avais une boule dans la gorge. J’ai suivi une thérapie avec un psy [psychologue], puis j’ai commencé à faire des documentaires, à en parler. Aujourd’hui, ce film m’a guérie’’, a-t-elle poursuivi.

Le film s’attache également à explorer les racines intellectuelles et spirituelles de Valdiodio Ndiaye, notamment une prédiction reçue durant son enfance.

”Il disait toujours : Il faut garder l’espoir, parce que je n’ai pas compris mon destin”, rapporte sa fille, admirative de la dignité avec laquelle son père a affronté sa destinée.

”Il a payé cher son engagement, mais il a accepté son destin, sans haine. C’est cette humanité que j’ai voulu montrer’’, a fait valoir Amina Ndiaye Leclerc, au sujet de celui qui fut arrêté en 1963 dans le cadre du procès dit du complot contre la sûreté de l’État.

La réalisatrice a déjà réalisé deux documentaires sur le sujet avant de faire cette biopic. Il s’agit des films ”Valdiodio et l’indépendance du Sénégal” (2000) et ”Valdiodio, un procès pour l’histoire” (2021).

AN/SMD/FKS/OID

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