Dakar, 27 nov (APS) – Le cinéaste sénégalais Sembène Ousmane (1923-2007), dans sa démarche consistant à ‘’parler à (son) peuple’’, a réalisé – avec Thierno Faty Sow – ‘’Camp de Thiaroye’’ (Filmi Domireew/SNPC/SATPEC/ENAPROC, 2 heures 37mn), pour inscrire dans la mémoire collective le massacre, le 1er décembre 1944, par l‘Armée française de soldats africains appelés ‘’tirailleurs sénégalais’’Dans le cadre de la cérémonie de commémoration du 80e anniversaire du massacre de tirailleurs sénégalais à Thiaroye, le film sera diffusé sur la RTS et projeté au Complexe Ousmane Sembène. »Camp de Thiaroye’’ est à ce jour le film le plus célèbre consacré au massacre de Thiaroye. Réalisé en 1988, il est primé la même année à Venise (prix spécial du jury à la Mostra), censuré pendant près de dix ans en France. Il a été à nouveau projeté en 2024 au Festival de Cannes, dans une version restaurée. Ce film qui contribue à remettre dans la mémoire et l’historiographie ce douloureux événement, évoque le retour de tirailleurs sénégalais, anciens combattants de l’armée française et prisonniers en Europe durant la seconde Guerre mondiale, démobilisés puis rassemblés au camp de Thiaroye, à une quizaine de kilomètres de Dakar.Là, ils apprennent que le montant de leurs indemnités et pécule, constitués d’arriérés de solde et de primes de démobilisation, sera divisé en deux. Le général en fonction prétend changer les francs métropolitains en francs CFA à la moitié de leur valeur. Les tirailleurs, qui ne l’entendent de cette oreille, le font savoir. En représailles, le camp est attaqué à l’artillerie le 1er décembre 1944 à l’aube. Des dizaines d’entre eux sont tués.L’histoire racontée par Sembène et Thierno Faty Sow est organisée autour de la figure du sergent-chef Diatta (Ibrahima Sané), cultivé, parlant wolof, diola, français et anglais, amateur de littérature et de musique classique, marié à une Européenne. Il s’oppose au capitaine Labrousse, officier d’active des troupes coloniales, et est soutenu par le capitaine Raymond, qui rentre en France avec de nouveaux engagés à la fin du film.La distribution des rôles est restée fidèle à la configuration de ce qu’on a appelés ‘’tirailleurs sénégalais’’ qui, en réalité, venaient du Congo, du Gabon, de la Cote d’Ivoire, du Niger, du Burkina Faso, du Benin, du Mali, de la Guinée et du Sénégal. Pour Sembène, ‘’ces hommes ont été (…) les premiers levains du mouvement de la lutte pour l’indépendance’’. ‘’(…) On les a tués en décembre1944, en plein règne du général de Gaulle. Et pour nous donc, que ce soit de Gaulle, Mitterrand, ou Pétain, c’est la même chose’’, avait-il dit après une projection de son film dans une université du Massachusetts (Etats-Unis), ajoutant : ‘’cette dualité qui a existé entre les soldats noirs et les officiers blancs découle du système colonial qui a duré à peu près cent ans.ADC/OID/ABB
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