Dakar, 24 jan (APS) – Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Abdourahmane Diouf, a invité le législateur à se conformer à la demande sociale en donnant au français et à toutes autres langues nationales la même signification à l’Assemblée nationale.

‘’C’est la société qui est en avance. Ce que le législateur, l’Etat, doit faire, c’est de se conformer à cette forte demande sociale et changer la législation pour que le français, le wolof et les autres langues nationales aient la même signification à l’Assemblée nationale’’, a-t-il dit.

Le ministre participait, jeudi, aux rencontres littéraires en wolof ‘’Péncum maam Yunus Jen, li xalimay wax’’ (l’arbre à palabre Mame Younouss Dieng – Ce que les livres disent), organisée à la Place du souvenir africain par l’association ‘’Fonk sunuy làmmin’’.

Le roman ‘’Nitu Démb’’ de Cheikh Adramé Diakhaté, son ancien professeur de français au lycée Abdoulaye Sadji de Rufisque, a été présenté à cette occasion.

M. Diouf a pris l’exemple de son passage en commission des lois à l’Assemblée nationale pour défendre le budget 2024-2025 de son département où, dit-il, il était obligé de parler en wolof vu la circonstance.

‘’Ce n’était pas prévu par les textes, mais la demande sociale était telle, y compris dans le milieu parlementaire, que j’étais obligé de parler en wolof.  D’ailleurs, c’est l’une des réformes que nous avons introduites.  Maintenant, il y a une interprétation automatique”, indique le ministre, faisant référence au système d’interprétation simultanée numérique introduite à l’Assemblée nationale du Sénégal depuis le 10 décembre 2014. 

Il estime qu’il faut aujourd’hui que les politiques soient au même niveau que la société.

Abdourahmane Diouf a fait savoir que c’est la deuxième façon de créer du droit quand la société elle-même l’impulse, et après, le législateur s’y adapte.

La première façon, a-t-il rappelé, c’est lorsqu’on crée une règle de droit et on demande aux gens, à la société, de s’y adapter.

‘’Pour la plupart du temps, dans notre pays, c’est ce qu’on a fait, parce qu’on a été colonisé, on a hérité nos droits. (…) Nous avons importé une République et nous nous conformons à ces prescriptions qui viennent d’autres Républiques’’, a-t-il expliqué.

Pour lui, ‘’c’est cela qui montre que les Sénégalais ont déjà du mal à se discipliner, parce qu’on a édicté des règles de droit qui ne sortent pas des tréfonds de notre société et nous sommes obligés de nous y adapter’’.

Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation estime que l’important, ce n’est pas la langue qui est le véhicule, ‘’encore que c’est une langue étrangère’’. Mais, ‘’c’est la compréhension du message. Et le message est particulièrement compris’’, a-t-il insisté.

‘’Le Sénégal est l’un des rares pays africains qui a une vraie opinion publique, qui impacte parce que tout le monde parle wolof. Tout le monde comprend wolof. On n’a pas besoin de faire de grandes études pour comprendre maintenant la Constitution, le droit pénal, le débat budgétaire à l’Assemblée nationale. Puisque tout le monde comprend, tout le monde s’exprime et on a une opinion publique qui fait que nous sommes la démocratie que nous sommes’’, a-t-il fait remarquer.

Abdourahmane Diouf qui a rendu hommage à tous les enseignants, notamment, son professeur de français  Cheikh Adramé Diakhaté, a promis de recevoir les partisans de la mise en place d’une Académie des langues nationales.

‘’J’ai accepté de les recevoir. On va faire une évaluation. Et sur la base de cette évaluation, nous discuterons avec eux et nous prendrons les réformes nécessaires’’, a avancé le ministre.

Il a promis aussi de recevoir l’association ‘’Fonk sunuy làmmin’’ qui a été à l’origine de cette rencontre.

‘’Nous allons essayer de voir comment faire en sorte que nos langues nationales vraiment prennent encore une autre envergure dans la République sénégalaise’’, a-t-il dit.

Au Sénégal, l’introduction des langues nationales dans l’enseignement préscolaire et primaire est devenue effective dans 13 académies depuis l’année scolaire 2024-2025.

FKS/ASB/OID

Dans la même rubrique
Charger plus dans Culture

Voir aussi...

SENEGAL-CINEMA-AGRICULTURE / Tournée nationale pour le cinquantenaire du film « Kaddu Beykat » de Safi Faye, à partir de mercredi

Dakar, 24 janv (APS) – Le Festival  »Cinefemfest Gëstu Nataal i Jigeen’’ organise, d…