Anna Ndour : d’enseignante à conductrice de BRT

SENEGAL-GENRE-PROFIL

Par Cheikh Moussa Sarr

Dakar, 7 mars (APS) – Quitter les salles de classe pour devenir conductrice de Bus Rapid Transit (BRT) est le choix fait par Anna Ndour, qui a intégré ainsi le cercle des nombreuses femmes exerçant de plus en plus des métiers traditionnellement ou culturellement dévolus aux hommes. 

A l’occasion de la célébration de la Journée internationale des droits des femmes, l’APS a rencontré cette enseignante de 42 ans, mariée et mère de trois enfants. Elle s’est reconvertie en conductrice, un rêve qu’elle a toujours caressé, motivée en cela par un papa conducteur de gros porteur à la SOCOCIM, l’une des cimenteries du Sénégal.

‘’J’étais enseignante, mais je rêvais de devenir un jour conductrice de véhicules lourds. Ce qui m’a le plus motivée dans ce choix de vie et de carrière, c’est que d’abord mon père travaillait à la SOCOCIM en tant que conducteur. Ensuite, comme c’était mon rêve, j’ai tout de suite sauté sur l’opportunité lorsqu’elle s’est présentée avec le projet du BRT. Quand j’ai entendu qu’il cherchait des conductrices, je me suis présentée pour saisir ma chance’’, dit Anna d’une voix qui laisse transparaître sa passion.

A la question de savoir pourquoi elle a quitté l’enseignement pour devenir conductrice, elle répond : ‘’Vous savez, moi, je suis une femme qui aime les nouveaux défis, les challenges. C’est pourquoi, quand on m’a appelée pour être conductrice, j’ai quitté sans hésiter l’enseignement pour découvrir autre chose.’’

Prendre une autre trajectoire a été une très grande surprise pour sa famille, parce que ses parents l’interrogeaient sans cesse sur la dure formation qu’elle devait suivre pour pouvoir conduire un bus tel que le BRT. Sans doute pensaient-ils qu’elle n’irait pas jusqu’au bout. Mais, c’était compter sans la ferme détermination de cette femme de défis.

‘’J’ai dit à mes parents que c’est un challenge. J’ai alors redoublé d’efforts, pour y arriver. Aujourd’hui, la famille est tellement heureuse de me voir conduire ce grand bus d’un genre nouveau’’, confie Anna, le visage s’illuminant de fierté.

Le travail de chauffeur de bus de transport urbain n’est pas de tout repos, mais Anna s’est préparée à relever ce défi et celui de ses responsabilités familiales. 

‘’Je travaille 8 heures par jour. J’ai également deux jours de repos dans la semaine. Ce qui me permet de participer à l’éducation de mes enfants et de m’occuper de ma maison’’, confie-t-elle.

Vingt-six femmes conductrices de BRT

Revenant sur ses débuts, elle avoue que ce n’était pas facile. ‘’Vous savez, une fois que la femme maîtrise ce qu’elle fait, alors là rien ne l’empêche d’aller jusqu’au bout’’, s’empresse-t-elle d’ajouter.

‘’Heureusement, mon adaptation a été facilité par le bon encadrement et la très bonne formation que j’ai reçus. Ce qui nous a permis, aujourd’hui, à moi et à toutes les conductrices de BRT, de pouvoir travailler avec tout le plaisir et tout le charme qu’il faut’’.

Actuellement, on compte 26 femmes conductrices de BRT et 20 autres sont en fin de formation en attente d’être enrôlées.

Racontant son premier voyage avec les clients, Anna Ndour se souvient qu’il s’est très bien passé. ‘’Ça s’est très bien passé, parce que déjà, on nous a appris les bonnes manières. Arrivée à destination, beaucoup de femmes sont venues vers moi pour me féliciter. Certaines m’ont prise dans leurs bras, des hommes m’ont félicitée et j’étais toute heureuse. Ça a été un très grand plaisir’’, sourit-elle encore, en racontant son inoubliable baptême du feu.

Toutefois, des difficultés, la conductrice de BRT ne manque pas d’en rencontrer sur la route. Rien d’extraordinaire, par ailleurs, juste ce à quoi les conducteurs de ce type de bus font face en général sur leur tracé.

‘’Jusqu’à présent, les difficultés que nous rencontrons sont les traversées anarchiques. C’est un peu cela qui est, je peux dire, le plus grand problème quad on est conducteur de BRT. A part cela, vraiment, je me sens à l’aise dans ce métier’’, reconnaît-elle.

En cette veille du 8 mars, marquant la célébration de la Journée internationale des droits des femmes, Anna Ndour a tenu à délivrer un message à ses congénères, ‘’ces braves lionnes’’.

‘’Je dis à ces braves femmes, qu’il faut y aller, ne pas se donner de limite dans la vie. Je leur demande de continuer à se battre, d’avoir confiance en elles. Aux femmes qui désirent faire une réorientation de carrière, je leur demande de foncer sans hésiter’’, lance-t-elle avec la conviction des personnes capables de soulever des montagnes pour atteindre leur but.

CMS/ABB/OID/ASG

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