À la Médina, dans les recoins du fief de Pathé Ciss, El Hadji Malick Diouf et Chérif Ndiaye
À la Médina, dans les recoins du fief de Pathé Ciss, El Hadji Malick Diouf et Chérif Ndiaye

SENEGAL-FOOT-CAN-REPORTAGE

Dakar, 30 déc (APS) –La Médina, quartier populaire de Dakar et fief de plusieurs pensionnaires de la Tanière, s’est réveillée dans une douce frénésie mardi matin, drapée des couleurs nationales, dans l’attente du match que les Lions doivent livrer dans la soirée contre les Guépards du Bénin, pour le compte du dernier match de poule du Sénégal en Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025.

Une atmosphère de fête s’est emparée des rues et ruelles de la Médina dès les premières heures du jour, plongeant dans un enthousiasme des grands jours ce quartier populaire limitrophe de Dakar-Plateau, le centre-ville de la capitale sénégalaise.

Sous un soleil doux, la Médina, pleine d’espoir, vibre pour ses champions, à la mesure de la fierté qu’elle éprouve pour ses représentants parmi les plus emblématiques, dont les plus jeunes : Chérif Ndiaye, El Hadj Malick Diouf ou Pathé Ciss.

Les murs, aux couleurs nationales, rendent compte de l’engouement des résidents, avec des enfants parcourant les coins et recoins du quartier, arborant des maillots floqués aux noms de ses champions.

“Nous sommes très enthousiastes lorsque l’équipe nationale joue, chaque match est une célébration pour nous, non seulement parce que nous sommes Sénégalais, mais aussi grâce à ces trois joueurs qui partagent notre voisinage, en particulier Pathé Ciss, El Hadji Malick Diouf et Chérif Ndiaye”, confie Issa Sarr, un jeune homme résidant à la rue 41 de la Médina, considéré comme l’un des plus proches amis d’El Hadji Malick Diouf.

Sur les traces de “Mawdo”

Pour Sarr, les matchs de l’équipe nationale sont l’occasion de voir son ami d’enfance briller avec l’équipe nationale.

“C’est une immense fierté et une joie incommensurable de le voir évoluer sur le terrain. Il a toujours cru en lui, même quand nous étions enfants. Le football est sa passion depuis tout jeune”, confie-t-il, déplorant le temps de jeu réduit du latéral sénégalais.

“L’entraîneur ne devrait pas le maintenir sur le banc, il doit lui offrir des minutes sur le terrain, ne serait-ce qu’en seconde période, car c’est un joueur de valeur qui a le talent nécessaire pour aider l’équipe nationale”, dit-il, entre camarades autour d’un thé partagé.  

El Hadji Malick Diouf, communément appelé Mawdo (le vieux) dans son fief, porte ici les espoirs d’une bonne campagne des Lions à l’occasion de cette Coupe d’Afrique des nations.

“Nous plaçons en lui nos espoirs et sommes convaincus de sa capacité à réaliser de futurs exploits. Il nous incite à suivre ses traces. Chaque fois qu’il revient, il nous apporte des équipements, des maillots et des ballons, cela nous motive énormément, et nous ne pouvons qu’être ravis de son succès”, souligne Mor Ndour, assis aux côtés de son ami Issa Sarr.  

Né en 2004, El Hadji Malick Diouf a honoré sa première sélection avec l’équipe nationale en septembre 2024. Il s’impose progressivement comme un recours d’avenir sur le flanc gauche des Lions.

En pleine ascension, le latéral gauche sénégalais, actuellement sociétaire de West Ham en Premier League anglaise, a été formé à l’Académie Mawade Wade à Dakar. Il s’est révélé avec Tromsø en Norvège avant de rejoindre le Slavia Prague.

Pathé Ciss le grand-frère

El Hadj Malick Diouf a signé en faveur de West Ham le 15 juillet dernier, en provenance du Slavia Prague.

Comme El Hadj Malick Diouf, La Médina a également vu naitre Pathé Ciss, dont le nom résonne dans chaque recoin de son quartier où tout a commencé. Il est perçu comme le grand frère des jeunes du quartier.

“C’est notre grand frère ici, tout le monde le désigne ainsi, personnellement, il est l’ami intime de mon grand frère, ils ont joué ensemble depuis leur enfance. C’est une personne d’une grande générosité. Chaque fois qu’il rentre, il nous donne de l’argent et nous convie souvent à visionner les matchs chez lui”, atteste Fallou Mbaye, vêtu du maillot national.

Le jeune homme, plein d’enthousiasme, ne tarit pas d’éloges pour son aîné, reconnu pour ses actions de bienfaisance.

“Vous pouvez parcourir le quartier et interroger les parents d’élèves pour savoir s’ils ont reçu des fournitures scolaires destinées à leurs enfants de sa part, ils vous répondront par oui”, dit-il.

Pathé Ciss, un milieu central réputé pour son volume de jeu et sa rigueur tactique, a rejoint la sélection nationale en septembre 2022. Il a participé, à ce titre, à la Coupe du monde 2022 et à la CAN 2023.

Chérif Ndiaye présent ”chaque fois qu’il en a la possibilité”

Il vient d’une famille de footballeurs avec un père entraîneur – Ibrahima Ciss – et un frère anciennement pensionnaire de l’équipe nationale, en la personne de Saliou Ciss.

Il a été formé au Diambars FC avant de rejoindre l’Espagne et le Rayo Vallecano où il évolue depuis 2021 et dont il est devenu une pierre angulaire de l’entrejeu.  

Si le nom de Chérif Ndiaye semble moins présent dans le fief qu’il partage avec El Hadj Malick Diouf et Pathé Ciss, c’est en raison de sa trajectoire professionnelle.

“Il est moins connu dans le quartier, car depuis son départ pour l’Europe, ses retours au Sénégal se font rares, en grande partie en raison du fait qu’il peine à trouver la stabilité en club”, relève Issa Sarr, avant de revenir sur le parcours du natif de La Médina.

“Il a été formé aux HLM Grand Yoff FC, a joué en Belgique, en Croatie, en Turquie et même en Chine. Il s’est particulièrement illustré à l’Étoile Rouge de Belgrade en Serbie, où il a décroché le titre de meilleur buteur du championnat en 2025, avant de faire son retour en Turquie avec Samsunspor en septembre 2025”.

Le parcours de l’attaquant sénégalais fait qu’il n’a pas beaucoup de moments à partager avec les résidents de son quartier, même s’il lui arrive de marquer sa présence, selon Issa Sarr.

Malgré tout, “chaque fois qu’il en a la possibilité”, Chérif Ndiaye “rend visite à ses amis et engage des initiatives bénéfiques pour les jeunes du quartier”, témoigne-t-il.

Trois joueurs, trois destins, un quartier incarnant l’ADN du football sénégalais : un mélange de formation à la sauce locale et de réussite dans les championnats européens.

El hadj Malik Diouf, Pathé Ciss et Chérif Ndiaye représentent aussi des symboles d’espoir et de réussite pour des milliers de jeunes qui aspirent faire le même trajet.

Ils font vibrer leur quartier à chacun des matchs de l’équipe nationale.

“Avant les matchs, nous nous rassemblons ici chaque matin pour festoyer toute la journée avant de nous diriger vers le stade lorsque l’équipe reçoit, mais actuellement, avec la CAN, nous nous rendons à la place de la nation”, dit Issa Sarr, un jeune dont l’influence sur la vie de son quartier transparait très vite aux yeux du visiteur.

LMD/BK/MTN