SENEGAL-ENVIRONNEMENT-JOURNEE
Du correspondant de l’APS: Modou Sène
Diourbel, 2 aout (APS)-À hauteur du rond-point de Domb, dans le village éponyme situé dans la commune de Ngohé (département de Diourbel), plusieurs femmes se sont installées le long de la route nationale n°3, espérant attirer l’attention des automobilistes de passage pour vendre de la pulpe de baobab, communément appelée “bouye” en wolof ou pain de singe.
À l’ombre de bâches décolorées par le soleil qui darde ses rayons, des bassines remplies de poudre blanche — cette pulpe extraite du fruit du baobab — sont soigneusement disposées.
C’est là, non loin de l’usine SONACOS, que Sallé Fall et d’autres commerçantes attendent patiemment que des véhicules ralentissent pour proposer ce produit local très prisé dans la préparation de jus et de nombreuses recettes traditionnelles.
Le visage illuminé par un sourire commercial bien rôdé, Sallé ajuste son foulard et se lève prestement. “Vous voulez combien ? Sinon je peux vous vendre la moitié de la bassine”, lance-t-elle d’un ton chaleureux et communicatif.
Mais en cette saison d’hivernage, le fruit se fait rare et les acheteurs hésitent devant les prix.
”Maintenant, la moitié de la bassine coûte 10.000 francs”, justifie-t-elle, tout en soulevant une cuillère en plastique pour montrer la poudre claire, soigneusement tamisée.
“Le baobab ne donne presque plus de fruits à cette période. On est obligées de les acheter à Diourbel, où les commerçants les ramènent depuis Tambacounda ou même du Mali”, confie-t-elle.
La vente de la pulpe de baobab, un filet de survie
Sous une chaleur moite et persistante, Fatou Dieng, une vendeuse quinquagénaire à la voix posée, emballe un sachet pour une cliente pressée. Pour elle, ce commerce modeste est bien plus qu’un gagne-pain, c’est un filet de survie.
”C’est notre principale source de revenu. Avec ça, on paie les dépenses de la maison, les fournitures des enfants, et parfois même les soins de santé”, dit-elle. “Pendant la saison sèche, on en vend beaucoup. Là, c’est difficile, mais on tient bon.”
Les femmes de Domb ne vendent pas qu’un fruit. Elles perpétuent une tradition et valorisent un arbre majestueux et nourricier : le baobab.
Arbre emblématique du Sénégal, il est réputé pour ses multiples vertus. Sa pulpe, riche en vitamines C, en calcium et en antioxydants, entre dans la composition d’une boisson locale prisée, rafraîchissante et médicinale.
”Certains l’utilisent comme boisson, d’autres, notamment les chrétiens, s’en servent pendant Pâques”, pour préparer le ”ngalakh”, ce dessert typique du Sénégal à base de couscous de mil et de pâte d’arachide.
Les journées s’étirent lentement à Domb, rythmées par le passage des voitures et le ballet des clientes fidèles. Mais au fil des années, les femmes constatent une baisse des rendements. Les baobabs, de plus en plus sollicités, deviennent vulnérables.
”Nous demandons aux autorités de faire quelque chose pour préserver cet arbre. Il est précieux pour nous, pour notre économie, mais aussi pour la santé”, plaide Sallé Fall, les yeux rivés sur l’horizon poussiéreux d’où surgiront, peut-être, les prochains clients.
C’est sans doute pour ces raisons que les autorités l’ont choisi, avec la mangue, comme arbres parrains de la 42e édition de la Journée nationale de l’arbre prévu dimanche.
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