Par Momar Khoulé Ba

Ndiassane, le 8 nov  (APS) – Le marché international de Ndiassane, encore appelé “Marché malien », continue, comme à l’accoutumée, à fonctionner,  plus d’un mois après le Gamou annuel qu’abrite cette cité religieuse, à la seule différence que cette année, les commerçants ne se frottent pas encore les mains.

Sur le traditionnel lieu d’échanges communément appelé “Marché malien“, et qui reçoit des vendeurs venant de plusieurs pays de la sous-région, à l’occasion du Gamou, les clients se font désirer. Cette année, les transactions ne sont pas encore ce qu’elles étaient lors de la dernière édition, où les commerçants avaient fait de bonnes affaires.

Pour réduire le manque à gagner, des commerçants maliens, ivoiriens, burkinabè, vont tenter leur chance dans les marchés hebdomadaires des localités environnantes de Touba Toul ou Ngaye.

Après les difficultés liées au long voyage et aux dédouanements, Lamine Keita, venu de la Guinée Conakry, se console aujourd’hui d’accueillir une clientèle diversifiée dans son commerce de bijoux.

Cet habitué de Ndiassane tient les lieux, en attendant le retour de son père, parti régler quelques urgences. Sa place ne désemplit pas. “J’ai choisi de venir régulièrement à Ndiassane. Aujourd’hui, je ne suis plus un étranger au Sénégal, j’ai une maison ici“, dit Keïta qui se félicite de ce  que la quiétude des commerçants est assurée par les forces de l’ordre.

Trouvé sur place, Serigne Sidy Mactar Kounta ne tarit pas d’éloges à l’endroit de la famille Keïta. “Son père et lui sont d’une correction à nulle autre pareille. Ils sont tellement bien éduqués“, témoigne l’homme,  venu acheter des bijoux en compagnie de son épouse.  Lamine Keïta peut s’estimer heureux d’être l’un des rares tenanciers d’échoppe à jouir d’une bonne fréquentation de la clientèle.

A côté du coin de joaillerie guinéenne, Aly Doumbia, un Malien qui connaît Ndiassane comme son Bamako natal,  loue les bonnes conditions de travail qui caractérisent le marché international de Ndiassane, où il propose divers articles bien de chez lui, comme de l’encens, du piment et du beurre de karité.  Pour lui, le marché international de Ndiassane est l’Afrique de l’Ouest en miniature.

“Tous les soirs,  des Ivoiriens, des Guinéens, des Gambiens,  des Mauritaniens, des Sénégalais, des Burkinabè devisent tranquillement jusqu’au petit matin, dans une fraternité qui n’a d’égale que la solidarité agissante qui règne entre toutes ces communautés »,  se réjouit Doumbia, qui ne manque pas de déplorer le fait que les bénéfices ne sont pas tout à fait au rendez-vous cette année.

“Vous m’avez trouvé ici seul. Beaucoup sont partis tenter leurs chances à Touba Toul ou Ngaye.  Certains vont même jusqu’aux marchés hebdomadaires du département de Kébémer“, relève-t-il.

Aissat Kara, une Mauritanienne qui vend une gamme de tissus, n’a pas raté le rendez-vous annuel de Ndiassane depuis plus  de dix ans. Cette année, elle était venue avec son fils Mohamed, rentré en Mauritanie, après l’ouverture des classes.

Si elle se sent en totale sécurité et salue la joie de vivre des Sénégalais qui lui tiennent souvent compagnie bien après leurs  achats, le seul hic reste la lenteur du rythme d’écoulement de ses articles.

“L’an dernier à pareille époque, j’avais déjà vendu toutes mes marchandises, mais cette année, ce n’est pas tout à fait le cas. Vous voyez, mes marchandises sont encore là ! », se désole-t-elle.

La torpeur n’épargne personne, y compris les vendeurs de petit déjeuner. “Juste avant le Gamou et les premières semaines qui ont suivi , j’ai fait de bonnes affaires. Mais aujourd’hui, c’est la dèche totale », confie Amadou Diallo, ce résident de la Médina, un quartier dakarois venu proposer des petits déjeuners aux fidèles de Ndiassane.

Obligé parfois de bazarder sa nourriture pour avoir de quoi préparer le petit déjeuner du lendemain, Amadou évite ainsi de se tourner les pouces comme beaucoup de ses collègues, en attendant le retour hypothétique d’un afflux de clients.

MKB/ADI/ASG

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