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Dakar, 14 mars (APS) – Les pays sous-développés doivent saisir les opportunités d’emplois et de sauvegarde de l’environnement qu’offre le recyclage des déchets, préconise Cheikh Mohamed Fadel Fall, directeur développement industriel et économie circulaire de la Société nationale de gestion intégrée des déchets (SONAGED).
‘’Les déchets sont une opportunité pour nos villes, nos pays en voie de développement. Les pays développés le savent et ils sont en train, encore une fois, de nous devancer sur ça et on ne doit pas l’accepter’’, a dit M. Fall.
Il s’entretenait avec l’Agence de presse sénégalaise (APS) en prélude de la journée mondiale du recyclage, prévue le 18 mars.
‘’Si tu vas à la décharge de Mbeubeuss, il y a des Chinois et des Indiens qui se sont installés pour récupérer les déchets plastiques et d’autres équipements pour les envoyer vers leur pays’’, a-t-il dénoncé. ‘’Ces pays ont compris les opportunités qu’offrent le recyclage des déchets plastiques, électriques et électroniques, alors pourquoi pas nous ?”, se demande-t-il.
Il a indiqué que les déchets représentent une opportunité d’emplois et de sauvegarde de l’environnement.
Cheikh Mohamed Fadel Fall prédit que l’épuisement progressif des énergies fossiles et minières dans le monde va laisser la place à de ‘’nouvelles mines urbaines’’. ‘’Ces nouvelles mines urbaines, ce sont les décharges d’ordures où le fer et ses dérivés (zinc, étain, chrome, nickel, etc.), des métaux précieux (or, argent, platine, palladium) et des métaux rares (europium, yttrium, terbium, tungstène, tantale, etc.) sont incorporés dans les circuits de certains déchets d’équipements électroniques et électriques (DEEE)’’, a-t-il expliqué.
‘’Ces métaux rares sont récupérés et revendus aux unités industrielles’’, a-t-il ajouté. Il précise toutefois que le démantèlement de ces équipements dits e-déchets nécessite une formation.
Le spécialiste a indiqué que la Société nationale de gestion intégrée des déchets (SONAGED) a formé, à Tivaouane, une vingtaine de personnes au démantèlement des déchets électriques et électroniques.
Le kilogramme varie entre 1500 et 3500 francs
Ces personnes savent désormais faire le triage des matériaux extraits, comme le métal, le cuivre et les éléments ferreux, qui sont revendus entre 1500 et 3500 francs le kilogramme.
Du côté des pays européens, déclare-t-il, des industries dotées d’une haute technologie s’occupent de l’extraction des métaux précieux des circuits électroniques des déchets électroniques.
‘’Dans nos pays, si on arrive à démanteler proprement les circuits et à remettre les matières précieuses dans le marché, c’est déjà une victoire, car ces déchets sont dangereux pour l’environnement’’, affirme-t-il.
Outre les équipements électroniques, il a signalé que des bus électriques commencent à arriver au Sénégal. C’est dire, selon lui, que dans quatre ans, nos pays seront inondés de déchets de grosses batteries. ‘’Et on ne peut pas les recycler au Sénégal. Donc, il faut des usines pour traiter ces batteries. Et c’est maintenant qu’il faut y penser’’, a-t-il prévenu.
‘’Les nouvelles mines urbaines’’
Il a invité les autorités étatiques à former les jeunes recycleurs aux techniques de démantèlement des équipements électriques et électroniques. Selon lui, rien qu’à la décharge de Mbeubeuss, il y a 2800 recycleurs. ‘’Donc, si on prend en compte le nombre de recycleurs au Sénégal, l’Etat peut former des milliers de jeunes et lutter ainsi contre l’émigration irrégulière et le chômage’’, suggère-t-il.
M. Fall assimile les ordures à de l’or dur, ce qui suppose de s’organiser avec des moyens et de mettre en place un cadre juridique et une bonne organisation pour en tirer profit. ‘’Il ne faut pas qu’on soit à la traine dans +les nouvelles mines urbaines+ par rapport au pays développés’’, insiste-t-il.
AB/SBS/ASB/OID/MT