Par Cheikh Gawane Diop
Saint-Louis, 9 mars (APS) – Bintou Doumbia, commissaire de police en charge de l’arrondissement de l’ile de Saint-Louis (nord), assume depuis bien des années, avec ”engagement”, et surtout ”intégrité”, sa mission au sein de la police nationale.
De cette manière, elle a réussi à s’imposer dans un milieu un peu trop ”exigeant” au service de la population.
Native de Thiès et ayant grandi à Tambacounda, la commissaire Doumbia se souvient, comme si c’était hier, de son entrée à l’École nationale de la police (ENP) par voie de concours.
“Je suis entrée dans la police en 2014, et à l’issue de ma formation, j’ai eu à faire certaines directions de la police jusqu’à arriver à Saint-Louis”, a-t-elle lancé, dans un entretien téléphonique avec l’APS, cette diplômée de l’université Gaston Berger de Saint-Louis, la deuxième université publique du Sénégal.
Elle y a obtenu diplôme d’études approfondies (DEA) en droit public et s’était même inscrite en deuxième année de thèse, devant doctorante en droit.
Bintou Doumbia, dont le choix a été influencée par sa mère et ses camarades de promo à l’université, se disant plus que jamais conforté dans l’option qu’elle avait prise d’embrassé le métier de policier.
“Ma maman était la première à me motiver”, dit-il en se souvenant que cette dernière, devant ses hésitations et sa peur de la tenue, n’a pas arrêté de l’encourager à emprunter cette voie.
“Disons que, tout au début, j’avais très peur de la tenue, et c’est un domaine également que je ne maîtrisais pas. Mais j’ai eu des promotionnaires de l’université qui ont fait le concours et qui m’ont vraiment motivée à le faire. Et aujourd’hui je ne le regrette pas du tout”, assure-t-elle.
Très à l’aise dans sa manière de communiquer, commissaire Doumbia, la première femme et la seule à avoir été jusque-là promue commandant de compagnie, peut être fière de son parcours.
“Formatrice” à l’École nationale de police
“Dès l’instant que vous réussissez le concours et que vous intégrez l’école, on vous considère comme commissaire de police. Donc, à la sortie, j’ai été affectée au Groupement mobile d’intervention (GMI) où j’ai été commandant de compagnie. Il faut préciser que c’est un poste qui n’a jamais été occupé par une femme. Et jusqu’à présent, depuis que je ne le suis plus, il n’y a pas une autre femme qui a eu à occuper un tel poste au niveau national”, s’enthousiasme-t-elle.
“On était au nombre de 10 et j’étais la seule femme, mais j’ai dû m’imposer. J’avais remarqué que les missions étaient confiées aux hommes mais je me suis imposée. J’ai demandé à ce qu’on me confie des missions au même titre que les hommes”, confie-t-elle.
”Au niveau des Groupements, précise-t-elle, il y a ce qu’on appelle des compagnies, et moi j’ai eu à diriger la 3e compagnie qui se trouve à Thiès dont j’étais le commandant. C’était en 2016”.
La commissaire Doumbia, au regard de ce parcours, a été affectée à l’Ecole nationale de police après son passage au sein du GMI. Il a participé à la formation de plusieurs promotions et occupé des “postes stratégiques” au sein de cette structure de formation de la police.
Elle y dispensait des cours de droits de l’homme, d’éthique et de déontologie, et a même été nommée adjointe au chef de la Division formation de l’École nationale de police, avant d’être affectée au commissariat central de Guédiawaye, dans la grande banlieue dakaroise, en qualité de chef de la Sûreté urbaine et adjointe au commissaire central.
Au commissariat des HLM, à Dakar, elle dit avoir passé “pratiquement plus de 3 ans comme chef de service”. Depuis un an et demi, Bintou Doumbia sert au commissariat de l’arrondissement de l’Île de Saint-Louis.
Femme ou un homme, “le travail reste le même”
Avec le temps, la commissaire Bintou Doumbia ne tient plus vraiment compte des différences liées au sexe dans l’exercice de son métier.
“Les Forces de défense et de sécurité, ce sont des corps qui ont beaucoup d’exigences, beaucoup de contraintes et beaucoup de défis à relever. Et en tant que femme, nous avons quelque part des spécificités qui font que parfois, pour les prendre en compte et relever les contraintes ou les exigences qui sont au niveau de ce corps, ce n’est pas facile”, admet-t-elle.
“Mais, dès l’instant qu’on s’est engagée et qu’on occupe un poste de responsabilité, on est obligée de faire son devoir, de faire son travail, tout en prenant en compte notre statut de femme”, précise-t-elle.
Déjà qu’à l’école il n’y pas de distinction. De même, une fois que l’on réussit le concours de commissaire de police, les promotions comptent des hommes et des femmes. “Et nous sommes formées au même titre que les hommes. Nous tous, nous subissons les mêmes épreuves. Et à la sortie également, nous sommes affectés dans différents postes. Que le commissariat soit occupé par une femme ou un homme, le travail reste le même”, relève-t-elle.
Elle rappelle que les forces de défense et de sécurité, de par la nature de leur métier, doivent se mettre constamment au service des populations, d’où la noblesse de cette profession axée sur la protection des personnes et des biens.
Sous ce rapport, les femmes ayant intégré les rangs des Forces de défense et de sécurité doivent croire en elles-mêmes, assumer et respecter leur engagement “dans la dignité et dans l’intégrité”.
Dans une logique de développer davantage ses compétences, la commissaire Doumbia sa suivi les cours du Centre d’études diplomatiques et stratégiques (CEDS) de Dakar où elle a obtenu un master II.
Les zones de compétence du commissariat d’arrondissement de l’Île de Saint-Louis, qu’elle dirige, comprend les quartiers nord et sud, le point de Khor et la Langue de Barbarie (Guet Ndar, Santhiaba, Goxu Mbaac et Hydrobase).
Avec près d’une douzaine d’années de service, la commissaire Bintou Doumbia, mariée et mère de 2 enfants, a jusque-là gravi de nombreux échelons au sein de la police nationale et visiblement pas s’arrêter en si bon chemin.
CGD/AMD/SBS/BK