Sédhiou, 20 fév (APS) – A l’instar de plusieurs localités du Sénégal, les éleveurs de Sédhiou sont aussi confrontés à la problématique croissante du vol de bétail. Dans cette région méridionale du pays, frontalière avec la Guinée-Bissau et la Gambie, la position géographique est citée comme un facteur aggravant de cette activité criminelle.

Des zones telles que Goudomp, Sansamba, Kabada et l’axe du Pakao, sont particulièrement exposées à ce fléau, posant d’énormes défis aux éleveurs locaux, selon des acteurs locaux interrogés par l’APS sur place.

El Hadji Sidy Faty, chef de village de Diafar Santo dans la commune de Bémet Bidjini et président des chefs de villages de Sédhiou, ainsi que d’autres acteurs locaux, ont exprimé leurs inquiétudes face à ce fléau.

Ils ont notamment évoqué la position géographique de leur région, frontalière avec la Guinée-Bissau et la Gambie, qui facilite le développement de cette activité criminelle prenant de plus en plus d’ampleur.

‘’Chaque année, des centaines d’animaux sont volés, impactant négativement l’économie locale et plongeant les éleveurs dans une situation désespérée », a déclaré El Hadji Sidy Faty.

Ce dernier, également président des chefs de villages de la région de Sédhiou, n’a pas manqué de souligner l’importance du renforcement de la sécurité le long de la bande frontalière entre le Sénégal, la Guinée-Bissau et la Gambie pour permettre aux éleveurs de vivre sans crainte pour leur bétail.

« Malgré les ateliers de sensibilisation organisés périodiquement, le phénomène persiste, les malfaiteurs collaborant souvent avec des personnes de mauvaise foi dans les villages », a déploré le notable.

Il indique que l’intervention des comités de veille est limitée par le manque de moyens logistiques pour leurs déplacements.

El Hadji Sidy Faty estime qu’il est crucial de doter ces comités de téléphones portables pour alerter en cas de vol.

Une perte annuelle entre 10 et 20 millions de FCFA dans la région

Moussa Mballo, résidant de Niagha, souligne que le vol de bétail récurrent reste le principal problème des éleveurs.

‘’Le vol de bétail est récurrent, et quand nous arrêtons un voleur, il est souvent libéré après quelques mois, ce qui est déplorable’’, dénonce le président du comité de lutte contre le vol de bétail du département de Goudomp.

Il affirme que la proximité de Niagha avec la Guinée-Bissau, à moins d’un kilomètre, exacerbe le problème, notant que les malfaiteurs opèrent de part et d’autre de la frontière.

Chaque année, les pertes liées au vol de bétail peuvent être estimées entre dix et vingt millions de francs CFA., dit-il

Outre les pertes de bétail, fait-il remarquer, des personnes sont également tuées lors de ces vols, sans suite favorable pour les malfaiteurs.

En période de saison sèche, les éleveurs disent avoir des besoins cruciaux en périmètres clôturés et en approvisionnement en eau pour leur bétail.

‘’Il faut également accompagner les éleveurs en installant des enclos et créant des points d’approvisionnement en eau dans chaque collectivité locale’’, insiste le président des chefs de villages de la région de Sédhiou.

Il plaide pour que le comité de veille soit reconnu par l’État, notamment en termes d’équipements, d’encadrement et de formation sur des techniques de surveillance.

‘’Les membres de ce comité ne disposent que de bâtons comme outils de défense, une situation qui nécessite une révision’’, préconise le président du comité de lutte contre le vol de bétail du département de Goudomp.

Appel à une synergie d’actions

Ansoumana Sané, secrétaire général de la maison des éleveurs du département de Bounkiling a plaidé pour la dotation en équipements des acteurs locaux qui s’activent dans la lutte contre le vol de bétail.

Il a également rappelé que ce problème persiste existe depuis  longtemps. Il fait remonter ses origines à 1976, lorsque le comité de lutte contre le vol de bétail a été mis en place dans l’est de la région de Sédhiou, fait-il savoir.

‘’Aujourd’hui, les voleurs ont changé de stratégies, en transportant les animaux volés en Gambie ou à l’intérieur du pays, souvent avec des véhicules frigorifiques ou des tricycles, et armés de fusils de chasse’’, note le président départemental de l’association des chefs de villages.

Ansoumana Sané affirme que cinq à dix animaux disparaissent chaque mois, impactant la vie quotidienne des éleveurs.

Il estime qu’il est impératif de créer des enclos pour les animaux, de procéder à des marques d’identification et d’équiper les comités de veille et les chefs de villages en logistique.

Selon M. Sané, ces mesures permettraient d’organiser des forums de sensibilisation et des concertations avec la population pour réduire ce fléau.

Abordant la question du vol de bétail, Alkaly Cissé, président des chefs de villages du département de Goudomp, a exprimé son inquiétude face à ce fléau qui sévit dans la région.

‘’Chaque semaine, des cas de vol de bétail sont signalés, causant d’énormes difficultés aux éleveurs locaux’’, déplore M. Cissé.

Il a rappelé que plus de trois éleveurs ont déjà perdu la vie en poursuivant les voleurs vers la frontière avec la Guinée-Bissau.

Alkaly Cissé préconise l’organisation de séances de sensibilisation entre les deux pays, appelant à une synergie d’actions entre les chefs de villages, les éleveurs et les acteurs concernés pour lutter efficacement contre ce phénomène.

Les acteurs locaux engagés dans la lutte contre le vol de bétail ont notamment appelé à une collaboration renforcée entre les forces de défense et de sécurité, les comités de veille et les acteurs locaux pour lutter efficacement contre ce fléau et permettre aux éleveurs de Sédhiou de vivre de cette activité et ainsi travailler en toute sécurité.

OB/ASB/SMD/OID

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