Matam, 20 fév (APS) – Le développement de l’abattage clandestin dans la région de Matam (nord) encourage le vol de bétail, a déploré le président de la Fédération régionale des éleveurs, Abou Rabi Bâ.

Il y a quelques jours, lors des concertations citoyennes sur le secteur agrosylvopastoral, des éleveurs avaient justement soulevé ce phénomène intimement lié au vol de bétail.

Pour beaucoup, l’abattage clandestin constitue un aspect qui encourage les voleurs de bétail, qui ne cessent de s’adonner à cette activité criminelle.

‘’L’abattage clandestin constitue un très grand problème pour nous éleveurs. Ceux qui abattent de manière clandestine du bétail sont en collaboration avec des conducteurs de moto, des chauffeurs, des charretiers et même des bouchers qui achètent de la viande issue de l’abattage clandestin’’, a notamment dit Abou Rabi Bâ dans un entretien avec l’APS.

Le président de la Fédération régionale des éleveurs de Matam croit savoir que tout ce monde participe aux vols commis la nuit, en pleine brousse, avant que les bêtes ne soient tuées et acheminées dans les marchés tôt le matin.

Pourtant, il existe une réglementation qui oblige à procéder à un contrôle de toute viande mise en vente.

Pour Abou Rabi Bâ, les responsables des foirails doivent faire en sorte que tout bétail qui arrive dans les marchés soit en règle et que les bêtes abattues sur place soient certifiées par un agent vétérinaire.

‘’Les régimes précédents ont beaucoup fait contre le vol de bétail mais jusqu’à présent, le phénomène n’est pas éradiqué. Tant que ce fléau perdure, les éleveurs vont continuer à souffrir’’, regrette-t-il.

Les éleveurs s’organisent, en attendant des solutions durables

Selon lui, le vol de bétail participe à l’appauvrissement des éleveurs, qui ‘’deviennent pauvres du jour au lendemain ».

En plus, les voleurs de bétail, dit-il, sont armés. Ce qui n’encourage pas, selon lui, les éleveurs à suivre leurs pas, précisant qu’il est ‘’très risqué de se mettre à leur trousse’’.

‘’Dans la région, tous les trois départements sont touchés par ce fléau. Personne ne peut nier l’existence de ce phénomène car, chaque jour, des éleveurs se mettent à chercher leur bétail volé’’, explique cet éleveur originaire d’un village du département de Kanel.

Malgré les difficultés, les éleveurs de la région de Matam ne manquent pas de stratégies pour lutter contre ce fléau.

Le président de la Fédération régionale des éleveurs de Matam signale que des méthodes ont été mises en place pour décourager les auteurs de vols de bétail.

Il fait savoir que les populations sont sensibilisées sur le phénomène, de sorte qu’elles informent les responsables des associations d’éleveurs à la vue de toute personne suspecte en possession de bétail.

‘’A chaque fois qu’on voit des personnes suspectes et inconnues du village, on les interroge sur l’origine du bétail aux fins de voir si elles ont un laissez-passer. On vérifie également les marques sur les animaux, car ici, tous les éleveurs reconnaissent les marques sur le bétail de son collègue’’, confie Bâ.

Les réseaux sociaux sont aussi utilisés pour amplifier la lutte, en dénonçant toute personne suspecte à travers des groupes WhatsApp ouverts.

Dans la région de Matam, notamment dans le département de Ranérou, le phénomène du vol de bétail s’amplifie de jour en jour, au point qu’il constitue une grande partie des affaires qui atterrissent au tribunal de Matam.

Malgré des condamnations prononcées, et la criminalisation de cette infraction, en 2017, le vol de bétail demeure un problème pour lequel les éleveurs de la région attendent des solutions durables.

AT/ABB/SBS/SKS/OID/ASB

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