Un film retrace le parcours “exceptionnel et singulier” de la sociologue Fatou Sow
Un film retrace le parcours “exceptionnel et singulier” de la sociologue Fatou Sow

SENEGAL-CINEMA-GENRE

Dakar, 16 mai (APS) –   Le documentaire de la réalisatrice sénégalaise Mbisin Diagne intitulé “Fatou Sow : devenir féministe en Afrique” lève le voile sur le parcours “exceptionnel et singulier” d’une pionnière du féminisme au Sénégal et en Afrique.

Le film consacré à cette sociologue et chercheure sénégalaise a été projeté jeudi au musée des civilisations noires dans le cadre du symposium “La démocratie au féminin” qui se veut de rendre de rendre hommage à cette universitaire du 15 au 17 mai

“J’ai voulu parler du parcours de ma mère qui est exceptionnel même s’il n’est pas à son terme, un parcours qui n’est pas seulement individuel, mais collectif et montrer en filigrane l’histoire du féminisme au Sénégal”, a expliqué la cinéaste.

D’une durée de 80 minutes, ce film revisite l’engagement du professeur Sow aujourd’hui âgée de 84 ans, en jetant la lumière sur les différentes étapes de sa vie, mais surtout sur les combats qu’elle a menés pour les femmes, pour une pensée libre et une Afrique forte.

A travers différents témoignages formulés par son neveu, le philosophe Souleymane Bachir Diagne, les historiens Penda Mbow et Mamadou Diouf, sans compter les sœurs du professeur Fatou Sow et celles qu’elle a inspirées, le film plonge le spectateur dans la lutte des femmes témoins d’une histoire politique souvent négligée.

“Ce que j’ai essayé de faire au cours de ma carrière académique et de ma vie de militante, c’est de faire en sorte que les sciences sociales en générale et en Afrique tiennent compte de la position des femmes, de leur place, de leur rôle”, a dit la sociologue.

Elle a voulu que ces questions soient reconnues et que les femmes soient impliquées, pas comme appendices d’une société ou confinées dans leur rôle domestique, mais qu’elles soient prises en compte comme étant la moitié ou peut-être un peu plus de la moitié de l’humanité.

De l’avis de cette universitaire présentée comme une pionnière de l’enseignement et de la recherche sur le genre au Sénégal, les femmes contribuent aussi bien dans les tâches domestiques que dans celles relevant de leur carrière professionnelle de médecin, d’ingénieur ou de politique.

“Il est important de reconnaître que la domination masculine explique de très nombreuses situations d’oppression actuelle des femmes”, lance-t-elle.

De par son œuvre et son travail, celle qui est décrite comme une personne humble et effacée en dépit de son parcours élogieux, “impacté de façon extraordinaire” l’évolution des idées et des sociétés africaines en général, de la société sénégalaise en particulier.

“Cette intellectuelle reconnue internationalement incarne la voix de la réflexion sur la place des femmes dans le monde moderne et en particulier en Afrique”, a martelé le philosophe Souleymane Bachir Diagne. 

“Ce que peut signifier un engagement féministe sur notre continent, un engagement à la fois académique, universitaire de la chercheuse qu’elle est, et également un engagement politique, parce que c’est le genre d’intervention académique, sociologique, philosophique qui a aussi des incidences politiques réelles”, a-t-il ajouté. 

Native de Dakar où elle a toujours vécu, Fatou Sow est originaire de Saint-Louis, région du nord du Sénégal d’où sont venus ses parents, une famille d’intellectuels ayant fréquenté très tôt l’école.

Son père a été le premier directeur des impôts du Sénégal postindépendance.

La sociologue qui a perdu sa jumelle à l’âge de six mois et sa mère une dizaine d’années après sa naissance a été parmi les premières femmes à fréquenter l’université de Dakar.

A la retraite depuis une quinzaine d’années après une carrière de plus de trente ans à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN-CAD), entre autres institutions savantes, elle s’évertue aujourd’hui à partager ses expériences avec des générations, les siennes, celles plus jeunes de chercheurs, d’étudiants, avec des acteurs de la société civile également.

Le film parle aussi du couple formé par Fatou Sow et l’éminent linguiste et historien sénégalais Pathé Diagne (1934-2023), “deux intellectuels qui se nourrissaient mutuellement”, témoigne Souleymane Bachir Diagne admiratif de “ce couple d’intellectuels idéal”.

Pour la réalisatrice Mbisin Diagne, fille du couple, ce documentaire vient combler un vide, le peu de film fait sur les féministes africaines.

“Il y a très peu de films faits sur les féministes africaines, contrairement à celles occidentales”, a-t-il souligné, en évoquant l’importance de la “quête à l’infini d’une égalité parfaite” et d’une justice sociale ”pour toutes et tous”, quels que soient le sexe et la race.

“Il est important, après soixante ans de vie académique, d’activités et de militantisme féminin, de partager tout cela avec le reste du monde, surtout dans le contexte actuel qui devient de plus en plus difficile pour les femmes”, a conclu la réalisatrice sénégalaise.

FKS/ADL/HB/BK

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