SENEGAL-ENVIRONNEMENT-COLLECTIVITES
Dakar, 28 mai (APS) – La directrice exécutive du Centre de recherche et d’action sur les droits économiques, sociaux et culturels (CRADESC), Fatima Diallo, a exhorté, mercredi, les autorités sénégalaises à intégrer pleinement les collectivités territoriales dans les politiques d’élaboration et de mise en œuvre de la transition énergétique, estimant que cette mutation ne saurait réussir sans ’’justice territoriale et inclusion démocratique”.
”Si le monde entier parle de transition énergétique, nous devons nécessairement parler de justice énergétique, de justice territoriale et de justice sociale. Que vaut la transition sans équité territoriale ? Que vaut un projet énergétique, même sophistiqué, si les territoires ne sont pas pleinement impliqués, ni nécessaires ? Peut-on envisager un développement réellement durable, si les premiers concernés, les élus locaux et leurs terroirs, ne sont pas au courant des décisions stratégiques”, s’est interrogée Mme Diallo.
Elle intervenait à l’ouverture de l’atelier national de renforcement des capacités des élus locaux sur les enjeux territoriaux du Partenariat pour une Transition Énergétique Juste (JETP), organisé par le CRADESC en partenariat avec l’African Climate Foundation (ACF).
”Ce que nous engageons aujourd’hui, a-t-elle souligné, devrait constituer un tournant pour nos terroirs, nos communautés et les générations futures”.
Face à une assemblée composée de représentants de plusieurs ministères, de parlementaires, de directeurs d’agences régionales de développement et d’élus locaux, elle a appelé à une transition énergétique ”ni verticale, ni centralisée”, mais ”démocratique et inclusive”, donnant aux territoires les moyens de comprendre, planifier et agir en matière d’énergie, d’environnement et de développement local.
Elle a rappelé que les collectivités territoriales sont ”les premières témoins des vulnérabilités sociales, climatiques et économiques” et sont aussi ”dépositaires d’initiatives locales riches, innovantes et essentielles”.
Fatima Diallo a identifié quatre défis majeurs pour le succès du JETP au Sénégal, citant la gouvernance, les compétences, le financement et la vision.
Elle a notamment déploré le fait que certains projets financés dans le cadre de la justice climatique ne soient pas répercutés à l’échelle locale, indexant l’initiative du forum communautaire sur la transition énergétique à Saint-Louis, un programme porté par le CRADESC et qui vise à tisser des liens entre acteurs locaux et à valoriser les savoirs et expertises des terroirs.
La directrice exécutive du CRADESC a appelé à une ‘’ingénierie territoriale renforcée” et à une ”solidarité climatique active” pour faire du Sénégal un modèle de transition énergétique juste.
‘’Vos voix, vos choix, vos territoires comptent”, a-t-elle lancé à l’endroit des acteurs territoriaux, avant de remercier l’Association des maires du Sénégal et le Réseau des élus locaux pour le changement climatique, ainsi que l’ACF pour son soutien technique et financier.
Le maire Ousmane Badji, représentant du président de l’Association des maires du Sénégal (AMS), a salué l’initiative.
Il a plaidé pour une meilleure structuration du financement climatique, afin de rendre les communes plus aptes à répondre aux défis de la transition.
Lamine Cissé, représentant de l’African Climate Foundation (ACF) au Sénégal, a réaffirmé l’engagement de sa structure à soutenir la territorialisation du JETP.
Il a insisté sur l’importance de ”renforcer les capacités des élus et des collectivités territoriales pour qu’ils puissent comprendre, piloter et surveiller les projets de transition énergétique dans leurs localités”.
AN/AB/OID