Dakar, 2 fév (APS) – La requalification des faits et l’état des lieux des chiffres du massacre de Thiaroye 44 étaient, samedi, au menu d’un panel organisé dans le cadre du programme de commémorations du 80e anniversaire du massacre de Tirailleurs sénégalais. ‘’Thiaroye 44: requalification des faits, états des chiffres et importance’’ était le thème de ce panel animé par Pr Mor Ndao, président de la commission sénégalaise d’histoire militaire, Pr Mamadou Ndao, Coordonnateur général de l’Histoire générale du Sénégal, Pr Mohamed Mbodj, du Manhattanville College (USA), entre autres. Pour le le président de la commission sénégalaise d’histoire militaire, professeur Mor Ndao, la requalification des évènements de Thiaroye 44 en massacre avait des implications juridiques et pénales. »(…) lorsque je me suis documenté et je me suis rendu compte que la question de la requalification des faits de Thiaroye 44 a des implications juridiques et pénales’’, a-t-il déclaré. Le Sénégal a commémoré, le 1er décembre 2024, le 80ᵉ anniversaire du massacre des tirailleurs, perpétré le 1ᵉʳ décembre 1944 au camp militaire de Thiaroye, en banlieue dakaroise par l’Armée coloniale française. Le 1er décembre 1944, des soldats d’Afrique subsaharienne appelés Tirailleurs sénégalais ont été tués à l’arme automatique dans le camp de Thiaroye, à une quinzaine de kilomètres de Dakar, par l’armée coloniale pour avoir réclamé le paiement de leurs arrières de solde et diverses primes et indemnités. Le bilan de 35 morts donné par les autorités françaises, estimé à dix fois plus par des historiens, est l’une des grandes pommes de discorde entre Paris et les Etats dont étaient originaires les 1 600 soldats démobilisés après avoir participé à la libération de la France lors de la seconde Guerre mondiale. L’évènement a finalement été reconnu comme un « massacre » par le président français, Emmanuel Macron, rompant ainsi avec une version officielle qui parlait de « mutinerie ». Dans sa communication, le Pr Ndao a rappelé qu’une requalification renvoie à l’acte de qualifier à nouveau des faits. A l’en croire, pour requalifier, il y a non seulement lieu de déconstruire et de reconstruire, mais aussi, de revenir sur les événements ayant déjà été qualifiés et jugés. Cette démarche permet, selon lui, d’apporter ‘’quelque chose de neuf, pour remettre en question ce qui a été mis sur la table’’. ‘’Ordonner, restituer, décrire, compter, dénombrer, situer les événements dans le temps, établir une chronologie, tout cela constitue une étape importante. Mais le rendre intelligible est une mission assignée à l’historien’’, a t-il expliqué. Dans la requalification des faits, il a proposé de mettre également l’accent sur l’escale, du navire transportant les Tirailleurs, à Casablanca (Maroc), la présence des américains à Dakar (1942), entre autres aspects. Il faut aussi, selon lui, interroger les chiffres, qui estime t-il, »ont été réajustés en fonction du contexte’’. ‘’La France réajuste les chiffres en fonction d’une pression exercée par une opinion publique interne et internationale. (…) ‘’, ajoute-t-il. Dans un entretien avec l’APS, en prélude des commémorations du 80e anniversaire, l’historien Mor Ndao préconisait déjà »d’aller au-delà des archives françaises » dans la recherche de la vérité sur le massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye le 1er décembre 1944, estimant qu’il faut penser aux archives américaines et anglaises. »Avec les archives françaises, on ne peut qu’avoir que la version de la France. Mais recouper avec les autres serait intéressant aussi’’, avait-t-il dit dans un entretien avec l’APS. »Les Américains étaient à Dakar et bien informés (…) Les Anglais étaient à Dakar aussi. Les Anglais ont toute la photographie aérienne de Dakar durant quatre ans, maison par maison. Ce sont des archives aussi importantes », avait fait savoir le professeur Ndao Encore aujourd’hui, il y a divergence sur le nombre de morts dans ce massacre. Si deux rapports officiels français différents parlent respectivement de 35 et 70 morts, certains historiens considèrent que le bilan pourrait atteindre plusieurs centaines d’hommes tombés sous les balles de leurs camarades soldats. AMN/OID/SKS
SENEGAL-ENVIRONNEMENT-COMMEMORATION-REPORTAGE / Bamboung, une idée des trésors du delta du Saloum – Par Mohamed Tidiane Ndiaye (APS)
SENEGAL-MAURITANIE-ECONOMIE / Pont de Rosso: un renfort en matériel annoncé pour le respect des délais de livraison