SENEGAL-CULTURE-RELIGION
Dakar, 26 mars (APS) – A Dakar, le mois de Ramadan impose un nouveau rythme à la vie quotidienne, y compris dans les espaces culturels. Entre ajustements des horaires, choix de thématiques et nouvelles façons d’accueillir le public, l’Institut français de Dakar et le Centre culturel Blaise Senghor ont su concilier engagement artistique et respect des pratiques religieuses.
Un Institut français sous un ”même ciel”
A l’Institut français de Dakar, l’année a pris une tournure particulière. ”Cette année, nous avons voulu inscrire notre programmation dans l’esprit du ramadan”, explique Valérie Lebros, sa directrice. L’événement majeur, Entre Cosmos et Spiritualité, a marqué les esprits, attirant un public varié et une large couverture médiatique.
”C’était un pari audacieux”, reconnaît-elle. ”On ne savait pas comment le public allait réagir à une programmation axée sur la place de l’homme dans l’univers, en pleine période de jeûne. Mais le succès a dépassé nos attentes”, se réjouit-t-elle.
L’événement a réuni des figures de l’astronomie comme Maram Kaïré et des passionnés de l’Association sénégalaise de promotion de l’astronomie, qui ont animé des séances d’observation du ciel dans les jardins de l’Institut. ”Petits et grands se sont émerveillés devant les étoiles, dans un moment suspendu entre science et spiritualité”, selon la directrice de l’Institut français.
”L’Institut a également modifié son approche logistique. Nous avons adapté nos horaires : les projections de films, par exemple, ont été avancées à 17h30, suivies d’un ndogu pour permettre au public de rompre le jeûne”, précise Valérie Lebros.
La programmation, dit-elle a mis en avant des figures féminines avec un cycle de films consacrés à des femmes inspirantes, comme Germaine Acogny ou Papicha qui aborde la mode et la résistance culturelle en Afrique du Nord. ”Ce que nous voulions, c’était proposer une programmation qui respecte l’esprit du Ramadan tout en restant fidèle à notre mission : ouvrir des espaces de réflexion, de partage et de dialogue”, conclut la directrice.
Un Centre Blaise Senghor en mode ralenti, mais toujours actif
De son côté, le Centre culturel Blaise-Senghor a choisi un ralentissement volontaire. ”D’habitude, nous avons des répétitions du lundi au jeudi, mais cette année, elles ont été suspendues pendant le ramadan”, explique la directrice Fatou Sène Dogue. ”Nous avons aussi réduit les événements festifs et le folklore, pour privilégier des moments plus posés”, ajoute-t-elle.
Si le rythme s’est assoupli, l’activité n’a pas cessé pour autant. Le centre a accueilli des ateliers dédiés aux comédiens et aux régisseurs, et a délocalisé ses festivités pour la Journée mondiale du théâtre à Yeumbeul.
”Depuis mercredi dernier, nous avons organisé des formations pour les techniciens de scène et les comédiens. Et le 28, nous aurons une restitution d’un atelier qui mêle danse et théâtre”, précise-t-elle.
Le Centre Blaise-Senghor s’est également transformé en espace de convivialité. ”Tous les soirs, nous organisons des Ndogu au restaurant du centre. Artistes, danseurs, comédiens, techniciens et moi-même, partageons ce moment de rupture du jeûne ensemble. C’est un vrai temps d’échange et de fraternité”, raconte Fatou Sène Dogue.
Un Ramadan culturellement enrichissant
Si le ramadan a imposé des ajustements, il a aussi permis d’explorer de nouvelles formes de programmation et de renforcer les liens au sein de la communauté artistique. Entre spiritualité, réflexion et adaptation, ces espaces culturels ont prouvé qu’il était possible de concilier foi et création artistique.
”Finalement, ce qui ressort, c’est cette capacité à faire évoluer nos pratiques sans perdre notre essence”, conclut Valérie Lebros. ”L’important, selon elle, c’est d’être à l’écoute du public et de s’inscrire dans son rythme, tout en continuant à proposer du sens et du beau.”
MK/ADC