“Oncle Same”, un slameur qui se veut chantre des identités au Fouta
“Oncle Same”, un slameur qui se veut chantre des identités au Fouta

SENEGAL-CULTURE-PROFIL

Matam, 13 août, (APS) – À Matam, la locution “Oncle Same” renvoie à un magicien du verbe aux pieds ancrés dans la terre du Fouta. Même s’il ne nie pas un clin d’œil poétique fait à l’Amérique qu’il rêve de visiter d’ailleurs, Amadou Sam – de son vrai nom – rend hommage à son oncle, dont il porte le prénom.

Amadou Sam s’est engagé depuis 2020 à faire vibrer les scènes du Fouta avec un verbe à la fois tranchant et nourri de traditions orales, en plus d’être habité d’un regard lucide porté sur la marche de sa société.

“Je parle beaucoup d’introspection, de dépression, de la critique sociale, des sujets ayant trait à la philosophie et à la métaphysique”, explique-t-il.

Le jeune homme, sacré pour la deuxième fois consécutive champion régional de slam à Matam, est devenu dans le nord du pays une figure incontournable de cette discipline qui a de plus en plus le vent en poupe.

Son foulard bien noué au cou et chapeau vissé sur la tête, il arpente les coulisses du centre culturel régional pour s’assurer que tout se passe bien à l’occasion de la finale du “Slam school tour régional”.

Lors de cette compétition culturelle, c’est un duo du lycée de Thilogne dont il assurait l’encadrement qui a remporté le trophée.

À la pause, c’est lui que le public réclame. Sur scène, sa voix grave et posée fend le silence, ses mots captent l’auditoire.

La salle composée en majorité d’élèves et d’enseignants est conquise, la preuve par les applaudissements nourris.

Une semaine plus tard, à Thilogne encore, c’est devant un club de littérature du lycée qu’il slame. Il observe d’un regard fier les élèves, surtout les filles, à qui il a transmis sa passion des mots ciselés.

Etudiant en master 2 en Lettres modernes à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Amadou Sam se réclame “porte-voix de la région de Matam et gardien d’une identité plurielle, tout en alliant modernité poétique et traditions enracinées”.

"Oncle Same", un slameur qui se veut chantre des identités au Fouta

Des ateliers d’écriture pour transmettre la flamme

Il explique avoir choisi le slam “comme arme douce pour écrire (sa) destinée, éveiller les consciences et donner une voix à l’invisible”, soulignant avoir puisé son inspiration de ses racines et de ses idoles. C’est presque avec déférence qu’il parle de Baaba Maal, dont la musique a bercé son adolescence.

Ce genre musical qu’il assimile à de la poésie libre, Amadou Sam l’a découvert pendant ses années de collège, grâce notamment à son ancien professeur d’anglais.

C’est plus tard qu’il va rejoindre Tim Timol Slam (arc-en-ciel en pulaar), un collectif regroupant de jeunes amoureux du slam venant de Thilogne, Matam, Kanel, Sinthiou Bamambé, Woudourou, a-t-il fait savoir.

Avec Tim Timol Slam, Oncle Same porte le slam régional au niveau national, à travers des ateliers d’écriture, des spectacles, des initiatives qui, dit-il, participent au rayonnement de cet art nécessitant une grande maitrise de la langue.

"Oncle Same", un slameur qui se veut chantre des identités au Fouta

“Je me suis toujours inspiré de l’allégorie de la caverne de Platon, car convaincu que la lumière ne vaut rien sans l’ombre qui l’a précédée. Mon premier texte, Ying Yang, en duo avec un ami rappeur, marque mes débuts en studio. Par la suite, vient Amour immortel, un texte touchant sorti à l’occasion de la Saint-Valentin, qui me révèle au grand public et lance ma notoriété”, a relevé Oncle Same.

La publication de ses premiers textes est suivie de prestations au plan local, dans son Thilogne natal, à Matam. Il participe ensuite à des concerts, à la nuit du Slam à Guédiawaye, dans la banlieue dakaroise, par exemple, et à la finale du Grand slam national de poésie.

Présenté comme le précurseur du slam dans la région de Matam, Amadou Sam s’est lancé dans l’encadrement des élèves qui se cherchent une voie dans ce genre musical.

AT/SMD/HK/HB/ADC/BK/ABB