SENEGAL-ECONOMIE
Dakar, 23 mai (APS) – Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a annoncé, vendredi à Dakar, 17 mesures prises sur la base des contributions des ministères sectoriels, des partenaires, ainsi que des autres parties prenantes, en vue d’une meilleure appropriation de l’économie sociale et solidaire (ESS).
S’exprimant au terme d’un conseil interministériel, au nom du Premier ministre, Ousmane Sonko, le ministre, Secrétaire général du Gouvernement, Boubacar Camara, a engagé son gouvernement à ‘’accélérer la mise en place rapide du dispositif de gouvernance intégrant la mise en place d’un Conseil national de l’ESS, organe d’orientation, de réflexion stratégique, de concertation et de dialogue des acteurs, placé sous la supervision du président de la République’’.
Il a donné des instructions pour la mise en place d’‘’un Comité interministériel de pilotage, de coordination et de suivi des politiques publiques du secteur et d’un Observatoire national de l’ESS, en appui à l’identification des acteurs, à la production statistique et à l’évaluation des impacts’’.
La désignation d’un point focal ESS dans chaque département ministériel, en vue de faciliter la coordination intersectorielle et l’accompagnement de la mise en place de Coopératives productives solidaires (CPS) dans chaque secteur ministériel, y compris des structures mutualisées de consommation (centrales d’achat), ont été retenus par le chef du gouvernement.
Le ministre de la Microfinance, de l’Economie sociale et solidaire, Alioune Dione, a été chargé de mettre en œuvre un programme de formation des points focaux ESS dans les ministères sectoriels.
Le ministre des Finances et du Budget, en collaboration avec le ministre de la Microfinance et de l’ESS, ainsi que le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération vont ‘’procéder à la mutualisation des mécanismes d’appui à l’ESS, […], œuvrer à la mise en place effective d’un régime fiscal et douanier incitatif spécifique à l’ESS […]”.
Le Premier ministre a également décidé de l’accompagnement de la promotion des produits des acteurs de l’ESS à travers l’application stricte, voire le relèvement du quota d’au moins 5 % des marchés publics en faveur des organisations de l’ESS (OESS), la valorisation des initiatives communautaires par le biais de dispositifs adaptés d’encadrement et de promotion.
Ousmane Sonko a appelé à un soutien à la mobilisation de financements innovants en faveur de l’ESS, notamment les social bonds, les diaspora Bonds, les fonds verts et bleus, ainsi que les instruments issus de la finance islamique (waqf, zakat, sukuk) et les plateformes de financement participatif (crowdfunding).
Les ministres des Forces armées, de l’Intérieur,et de la Justice, ainsi que l’ensemble des ministres sectoriels concernés devront ‘’appliquer le quota dédié aux Organisations de l’Économie sociale et solidaire dans les marchés de fournitures, de travaux et de services, en vue de renforcer leur inclusion dans les dispositifs d’achat public et de stimuler la demande nationale en faveur des produits et services issus de l’ESS’’.
Ousmane Sonko a engagé le ministre en charge du Pétrole, en relation avec le ministre de la Microfinance et de l’ESS, à assurer l’assistance technique nécessaire aux OESS, afin de faciliter leur accès aux marchés des compagnies extractives ainsi que leur insertion dans les chaînes de valeur du secteur extractif dans le cadre du développement du contenu local.
Le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération a été engagé à accompagner le ministre de la Microfinance et de l’ESS chargé de ‘’mettre en place en 2026 lecompte satellite de l’ESS, afin de renforcer la visibilité statistique du secteur et d’en mesurer plus efficacement les impacts économiques et sociaux’’.
Ousmane Sonko engage aussi le ministre de la Famille et des Solidarités, en collaboration avec celui de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire à partager la cartographie des dispositifs d’appui à l’entrepreneuriat féminin et solidaire et à mutualiser les interventions ministérielles en faveur de l’entrepreneuriat relevant de l’économie sociale et solidaire.
Il a aussi demandé le développement des mutuelles de santé et des initiatives solidaires d’accès aux soins, en lien avec les dispositifs de protection sociale et de santé communautaire.
Le Premier ministre a demandé également au ministre en charge des Collectivités territoriales, en coordination avec le ministre de l’Intérieur et le ministre de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire, “d’accélérer la signature de conventions de partenariat ESS avec les collectivités territoriales, en vue d’une meilleure appropriation territoriale des politiques ESS’’.
M. Sonko a invité Alioune Dione à concevoir et à déployer une stratégie nationale d’économie circulaire, adossée aux principes de durabilité.
Il a demandé au ministre en charge du Travail, en relation avec son homologue de la Microfinance et de l’ESS, de prendre les dispositions “nécessaires” en vue d’intégrer les organisations de l’économie sociale et solidaire au sein du régime simplifié du petit contribuable (RSPC), afin de renforcer leur protection sociale et l’accès aux dispositifs d’appui institutionnel.
Il a également instruit les ministres en charge de l’Agriculture, de la Pêche, de l’Artisanat, du Tourisme et de la Formation professionnelle à appuyer la formalisation juridique des coopératives de production solidaire (CPS), en vue de l’obtention du statut de société coopérative de droit OHADA.
Ils doivent également ‘’déployer des dispositifs multisectoriels d’accompagnement technique afin de renforcer les capacités productives des acteurs de l’ESS à travers des formations, conseils et appuis spécifiques’’.
Ces ministres sont appelés à ‘’élaborer des stratégies ESS par filière afin de renforcer l’impact social et environnemental des organisations de l’ESS’’.
Pour lui, ces ministres doivent ‘’définir une stratégie de promotion de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE)’’ auprès des grandes entreprises du secteur agricole et ‘’organiser une synergie avec les Fondations, en tant qu’organisations de l’ESS, afin de renforcer leur rôle dans le développement local et solidaire’’.
Il engage les ministres en charge de l’Éducation, de la Formation professionnelle et de l’Enseignement supérieur à ‘’intégrer l’Économie sociale et solidaire dans les curricula scolaires, techniques et universitaires, afin de sensibiliser et former les jeunes générations aux enjeux de l’ESS’’.
Ces ministres doivent ‘’créer des coopératives estudiantines solidaires et des incubateurs ESS étudiants, en vue de favoriser l’entrepreneuriat social dans le milieu académique, et lancer un dispositif de soutien à la recherche et à l’innovation sociale, en accompagnant les initiatives de recherche appliquée et les projets innovants à impact social’’.
Ils sont appelés aussi à ‘’créer une chaire universitaire en Économie sociale et solidaire, afin de promouvoir la recherche, l’enseignement et les pratiques innovantes dans le domaine de l’ESS au sein du milieu académique’’.
Ousmane Sonko ajoute qu’ils doivent ‘’contribuer à la vulgarisation de la LOESS, en promouvant sa compréhension dans les langues nationales pour son adoption à tous les niveaux de la société’’.
Il a engagé le ministre en charge du numérique, en collaboration avec le ministre de la Microfinance et de l’Économie sociale, le ministre en charge de l’Intérieur et le ministre en charge du Commerce à ‘’ développer une plateforme de dématérialisation des procédures d’agrément ESS, incluant la gestion du fichier national des OESS et l’actualisation des registres régionaux, pour améliorer la gouvernance, la transparence et la coordination sectorielle’’.
Ces ministres sont aussi chargés de ‘’promouvoir la digitalisation des chaînes de valeur de l’ESS ainsi que le développement de l’e-commerce ESS, en vue de faciliter l’accès aux marchés, d’accroître la visibilité des produits et services du secteur, et de stimuler les échanges économiques solidaires […]’’.
Le ministre de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire est engagé ‘’à mettre en place un plan de communication adossé à la Stratégie nationale de l’ESS, afin de développer le secteur, renforcer sa visibilité et mobiliser les parties prenantes à tous les niveaux’’.
Les ministres en charge des Sénégalais de l’extérieur, des Transports, de l’Environnement, de l’Industrie et du Commerce, du Tourisme et de l’Artisanat, des Pêches, de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur, de l’Urbanisme, de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, et de la Justice sont chargés de ‘’promouvoir des produits ESS dans le réseau diplomatique (ambassades, foires, expositions).
Ils vont également ‘’soutenir les organisations de l’ESS qui offrent des services de transport adaptés aux territoires enclavés, en appui à l’amélioration de la mobilité rurale et de l’accès aux services de base’’.
De même le Premier ministre les a-t-il instruits d’‘’allouer des ressources matérielles et logistiques aux initiatives locales de développement durable menées par des organisations de l’ESS, en soutien à la transition écologique […]’’.
Le ministre, secrétaire général du Gouvernement, en étroite coordination avec les ministres concernés, est chargé d’assurer le “suivi rigoureux” de la mise en œuvre de l’ensemble des décisions issues du présent Conseil interministériel, et de faire ”un compte rendu régulier de l’état d’avancement”, au Premier ministre.
Reposant sur des principes de solidarité, de coopération, de démocratie et de primauté de l’humain sur le profit, l’économie sociale et solidaire est un mode d’entreprenariat qui cherche à concilier activité économique et utilité sociale.
CS/HK/ASG