SENEGAL-HORTICULTURE-COMMERCIALISATION
+++Par Momar Khoulé Ba+++
Notto Gouye Diama (Tivaouane), 26 mars (APS)- Situé en pleine zone des Niayes, le marché international de légumes de Notto Gouye Diama, véritable vitrine de l’horticulture sénégalaise, où viennent s’approvisionner d’autres régions du Sénégal et des pays de la sous-région, est en quête de modernisation, pour mieux tirer de l’avant toute la filière maraîchère.
Les autorités administratives tout comme les producteurs eux-mêmes ont, tous, à cœur de booster le développement de l’horticulture par la modernisation et sa professionnalisation.
Si le directeur de l’Agence de régulation des marchés (ARM) envisage la réalisation d’un marché d’intérêt national à Notto, certains paysans nourrissent l’idée d’une bourse des valeurs horticole, pour mieux professionnaliser la filière.
Les autorités locales et administratives de la commune de Notto ont affiché, fin février dernier, lors du lancement de la campagne de commercialisation de la carotte, leur volonté d’opérer une rupture totale avec la pratique en vigueur jusque-là dans le sous-secteur horticole.
Le lancement de la commercialisation de la carotte, en rapport avec les producteurs, était ponctué d’une journée de réflexion et de sensibilisation pour améliorer les conditions de commercialisation, à travers le conditionnement des produits dans des sacs de 25 kg.
Le directeur général de l’ARM, Babacar Sembène, avait qualifié d’historique cette journée qui ouvrait l’ère d’un nouveau format de conditionnement des légumes qui étaient d’habitude emballés dans des sacs de 80 kilos.
Les producteurs, ‘’assez sensibilisés aux réalités du marché’’, veulent ainsi ‘’prendre en compte les exigences des consommateurs, en termes de prix et de qualité’’, selon le directeur de l’ARM, soulignant la place de Notto dans la zone des Niayes, et la position qu’elle occupe dans l’horticulture sénégalaise.
M. Sembène a annoncé que l’ARM, en partenariat avec la coopération japonaise, projette d’installer un marché international dans la zone de Notto.
Ce projet vise à améliorer les conditions de commercialisation, à aménager les espaces de commerce et à favoriser la transformation de l’ensemble des productions horticoles dans la zones des Niayes, a-t-il précisé.
Le projet, évalué à 4 milliards de FCFA, sera érigé sur un site de 4ha, a-t-il dit.
‘’Nous sommes dans les discussions avec le Japon. Toutes les négociations ont été faites et il ne reste que la signature du protocole entre les gouvernements du Sénégal et du Japon. Ce projet est une demande de toute la population de la zone des Niayes’’, a ajouté Babacar Sembène.
Le rôle vital du marché de Notto
Il salue les mesures de gel des importations de pomme de terre depuis le 10 janvier et d’oignon le 25 janvier, en prévision de l’arrivée sur le marché de la production locale.
Mame Samba Fall, conseiller municipal à la mairie de Notto, a indiqué que les producteurs adhèrent totalement aux principales aspirations de la direction générale de l’ARM.
Il se dit très honoré de voir toutes les 14 régions du Sénégal et quelques pays limitrophes, comme la Gambie, la Guinée et le Mali, venir s’approvisionner en légumes à Notto.
‘’Si le marché de Notto s’arrête pour deux jours, cette pause est ressentie à travers le pays et dans certains pays voisins’’, note-t-il, pour illustrer la ‘’place vitale’’ de ce marché.
Dans tous les pays développés, les plus nantis sont des agriculteurs, affirme-t-il, estimant qu’un tel schéma est ‘’bien à la portée’’ des pays en développement, même si cela doit passer par ‘’une cohésion et une grande solidarité entre producteurs’’.
Pour Ibra Ba, membre de l’interprofession carotte, la trouvaille des sacs de 25 kg pour le conditionnement des produits comme la carotte et les choux, est une ‘’excellente nouvelle’’ et une mesure dont doivent s’approprier tous les maraîchers.
Ousmane Ba, membre d’une organisation de producteurs active dans la commune de Notto, souhaite de son côté que les autorités accompagnent les acteurs de l’horticulture. Il espère voir une personne comme Babacar Sembène, connu dans le milieu, impulser un ‘’changement radical et plus professionnel’’ dans la pratique de l’horticulture.
Ass Malick Sow, président de la Coopérative pour la promotion des produits agricoles du Sénégal (Cooppasen), estime que l’usage des sacs de 25 kg, 10 kg et 5 kg, fait partie des facteurs de compétitivité, en se conformant à certaines règles.
M. Sow milite également pour l’implantation d’unités de transformation et de chambres froides pour transformer les récoltes et stocker les produits. Il ajoute que la voie la plus rapide pour atteindre ces objectifs est l’unité des horticulteurs.
Un producteur membre de la coopérative de Ngoméne, interrogé par l’APS, est persuadé ‘’seule l’agriculture peut assurer le plein emploi au Sénégal’’. ‘’Nous, seuls, pouvons assurer le plein emploi’’, soutient-il, se désolant du fait que les producteurs ne soient pas rémunérés à juste titre. Il déplore, par exemple, le fait qu’un produit acheté à 225 FCFA le kilo à Notto, soit revendu à 600 FCFA le kilo à Kaolack.
Médoune Guèye, secrétaire général de l’interprofession oignons, trouve que la ‘’solution définitive’’ au manque de gain et de profit des paysans viendrait de la mise sur pied d’une bourse des valeurs horticoles.
Dans un contexte où certains maraîchers de la commune de Notto réfléchissent à la modernisation et à la professionnalisation du sous-secteur, d’autres sont habités par l’inquiétude, face la progression de l’exploitation des Industries chimiques du Sénégal (ICS), cette entreprise produisant de l’acide phosphorique et de l’engrais, dont le rouleau compresseur pourrait, du jour au lendemain, se refermer sur leurs champs.
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