SENEGAL-CULTURE
Dakar, 24 mai (APS) – Le professeur Moussa Sagna, enseignant-chercheur en littérature comparée à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), a plaidé en faveur d’une politique d’alphabétisation inclusive et bien pensée, estimant que le choix d’une langue nationale comme langue officielle au Sénégal est une question prématurée.
”Il y a des préalables à respecter avant de proposer une langue nationale comme langue officielle. Le premier, c’est l’apprentissage. On n’a pas assez évalué les politiques d’alphabétisation pour prétendre à ce changement”, a déclaré le chercheur lors du panel organisé au Grand Théâtre national, sur le thème : ”L’État et ses langues nationales”.
Pour M. Sagna, le français s’est déjà imposé dans le quotidien des Sénégalais, mais cela ne justifie pas l’imposition du wolof ou d’une autre langue nationale comme alternative.
”Les populations ne vont pas accepter qu’on leur impose le wolof, tout comme, elles ont pu contester l’imposition du français”, a-t-il dit, suggérant de ”construire une politique linguistique qui permette à chacun de lire, écrire et s’exprimer dans sa langue”.
Il a mis en garde contre toute initiative qui risquerait de ”briser l’harmonie sociale en marginalisant” certains groupes linguistiques. Selon lui, ”la diversité linguistique du Sénégal reflète sa richesse culturelle”.
”Chaque langue porte un imaginaire culturel qu’il faut préserver. La promotion équilibrée des groupes linguistiques est essentielle pour maintenir la paix et la cohésion nationale”, a-t-il souligné.
Le panel, organisé en partenariat avec l’écrivain-chercheur Ousmane Lo, a réuni plusieurs universitaires et spécialistes autour des enjeux liés à l’usage et au statut des langues nationales au Sénégal.
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