Dakar, 22 jan (APS) – A 38 ans, Khady Kassé a fait son entrée dans le monde restreint des designers scénographes sénégalais avec à la clé un travail salué lors de la dernière Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, tenue du 7 novembre au 7 décembre 2024. La jeune femme a signé la scénographie des trois pavillons nationaux logés au Musée des civilisations noires. Le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye, y avait d’ailleurs effectué une visite à l’ouverture de cet évènement majeur de l’art africain. Le pavillon du Sénégal, réalisé dans un élan de »patriotisme » et ceux des deux pays invités d’honneur, les Etats-Unis et le Cap Vert, portent sa signature, tout comme une partie de la scénographie de l’exposition officielle ou IN à l’ancien palais de justice du cap Manuel de Dakar. Mme Kassé a aussi assuré la scénographie de certaines expositions Off. Parmi celles-ci, celle organisée par la Communauté africaine des cultures, section Sénégal, en hommage à l’artiste visuel Madeleine Devès Senghor, à la galerie des ateliers du Sahel, à Ouest Foire. Lorsqu’elle revient sur l’une d’elles, l’artiste est envahie par l’émotion. Les larmes aux yeux, elle décrit le cheminement opéré pour le pavillon Sénégal. Selon elle, la façon de disposer les œuvres permet d’inciter le public à aller voir la suite dans d’autres espaces. D’où, selon elle, l’engouement constaté lors de ce Dak’art 2024. »(…) pour le pavillon Sénégal, c’était vraiment spécial pour moi en tant que Sénégalaise. Je suis un peu émue lorsque j’en parle. Le pavillon Sénégal, c’est nous en fait », dit-elle, les larmes aux yeux. La scénographe souligne qu’elle devait faire quelque chose de différent pour permettre aux visiteurs d’apprécier les œuvres des artistes sénégalais. A l’en croire, il s’agissait de démontrer que le Sénégal était mis en avant. »En plus, il y avait quatre femmes (…). Lorsque j’ai vu la salle et qu’on a commencé à m’envoyer les œuvres, automatiquement, je savais où placer Manel [l’artiste sénégalais Manel Ndoye avait remporté le prix de la mairie de Dakar lors du Dak’art 2024]. C’était la première œuvre pour laquelle j’ai trouvé de l’espace, sans avoir vu la tapisserie », explique-t-elle. Elle précise que la disposition des œuvres est faite de façon à permettre aux yeux de ne pas s’en détacher. » (…) automatiquement, tu voudras tourner et regarder chaque œuvre. Les couleurs de chaque œuvre, vous voyez, vont vraiment bien avec la couleur verte de la scénographie », explique-t-elle. »Mon premier travail au Sénégal en tant que scénographe, c’était durant la 14e édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, avec le marché international de l’art de Dakar, où l’on avait reçu 22 artistes venus du monde entier, notamment des Etats-Unis, de la Jamaïque, du Nigéria, etc. », se souvient-elle. Cette première expérience lui a valu d’être sélectionnée à cette dernière rencontre de l’art africain à Dakar. La scénographie, une histoire de calcul Revenant sur la scénographie, Khady Kassé rappelle que ce métier existe depuis les années 1500. Elle explique que sa démarche consiste d’abord à voir les œuvres et à dialoguer avec les artistes ensuite. »La plupart du temps, je commence à circuler sur l’espace. Je pense, j’ai mon cahier et je commence à faire des sketches », indique-t-elle. Elle souligne que la deuxième option dans cette démarche, est de commencer à faire un plan 2D, pour mieux avoir des idées. »(…) et je commence à faire le 3D aussi. Lorsque j’ai les œuvres en digital, je peux commencer à faire la scénographie de plan 2D déjà, positionner, implanter, etc. », précise-t-elle. D’après l’artiste, c’est un processus de longue haleine, pouvant prendre plusieurs heures, de l’élaboration du plan à la scénographie proprement dite. »Je fais la mathématique de toute la salle. Pour avoir le point exact de celle-ci. La scénographie n’est pas un petit projet, il nous arrive de passer des journées de travail sans dormir », fait-elle valoir. Dans le cadre de la biennale par exemple, elle soutient avoir passé des journées avec son équipe entre son bureau et les différents sites où, ils finissent à 3 voire 5 heures du matin et reprendre le même rythme à 7 heures. »L’artiste et le scénographe doivent vraiment dialoguer pour avoir les mêmes pensées. Il faut le convaincre que vous êtes bons et que son œuvre va sortir. Il arrive dès fois, que l’artiste n’accepte pas ta scénographie, vous devez retravailler, il ne faut pas le forcer. Mais, il nous arrive parfois de dire non et de l’expliquer que trop de changement, n’est pas bon pour son exposition », explique-t-elle. Khady Kassé ajoute que la scénographie est un travail qui ne se fait pas seulement dans le bureau, il nécessite également une descente sur le terrain, des réflexions et des calculs »extraordinaires », entre autres. Voler de ses propres ailes pour se faire une place Née d’un père artiste, Khady Kassé refuse toute forme de favoritisme et veut se battre toute seule pour se faire un nom dans le milieu de la scénographie sénégalaise. Elle a voulu voler de ses propres ailes, pour se faire une place car, elle fait partie de celles qui allient »l’ambition et le travail », pour arriver à ses fins. Scientifique dans une famille composée de littéraires, elle a commencé dès le bas âge, à côtoyer le milieu artistique dans lequel elle a grandi. Grâce à son sens de l’observation, Khady Kassé a aussitôt choisi de faire la formation d’architecture pour apporter une touche particulière dans ce domaine. A l’âge de 11 ans, celle qui s’est exercée depuis le toit familial à la scénographie, a voulu se lancer d’abord dans l’architecture pour créer la différence entre ses ouvrages et celles des autres. » (…) j’ai demandé à mon père, ce que je pouvais faire pour gagner rapidement de l’argent quand je serai grande, il m’avait dit que je devais faire la médecine, mais, à la seule condition de réussir en maths et en physique. Je lui ai répondu, alors je ferai la médecine », se rappelle-t-elle. Au fil des ans, cette option pour la médecine s’envole parce que la jeune femme déteste voir le sang couler. »J’ai opté alors pour la médecine esthétique », lance-t-elle avec un large sourire. Ce qui l’a dissuadée, c’est une vidéo d’une opération chirurgicale où, elle avait été dégoûtée par le sang. Khady Kassé opte alors pour l’architecture lorsqu’une fois en voiture sur le chemin de l’école, elle constate que tous les bâtiments dépassés étaient identiques, avec le même design. »C’est ce jour-là que j’ai décidé de devenir architecte », dit-elle. AMN/FKS/MK//SBS/ASG/OID
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