SENEGAL-AFRIQUE-CULTURE-DEBAT
Dakar, 30 avr (APS) – Les chorégraphes et danseuses Germaine Acogny et Gacirah Diagne ont exprimé, mercredi, leur désaccord de toute idée de codification des danses traditionnelles africaines invitant les intéressés à plutôt s’immerger dans les danses patrimoniales.
”(…) je n’ai pas codifié les danses traditionnelles, j’avais une technique, je m’en suis fermée. Je n’ai pas codifié. Et je pense que quand les gens vont en Inde, ils vont s’immerger dans les danses indiennes. L’Espagne ne demande pas aux Indiens de codifier, mais quand il s’agit d’Afrique, c’est toujours la même question. On devient esclave des autres. Mais non, moi j’ai toujours refusé, il y a de la résistance’’, a martelé la danseuse et chorégraphe Germaine Acogny.
Elle s’exprimait lors d’ une table ronde sur le thème ‘’De la danse traditionnelle à la danse contemporaine’’ organisée par le théâtre national Daniel Sorano dans le cadre de la célébration de son soixantième anniversaire.
Pour la fondatrice de l’Ecole des sables de Toubab Dialaw, il s’agit surtout de ”garder nos danses patrimoniales et de demander à ceux qui veulent apprendre de le faire”.
”Si les gens veulent apprendre, ils apprennent. Il y a même des Européens qui sont de grands danseurs de +sabar+. Je connais des Chinois et des Japonaises qui dansent le +sabar+, d’une façon vraiment incroyable ! Donc, je ne vois pas pourquoi, on va codifier, on garde ce qu’on est et les gens viennent apprendre chez nous, comme nous, on apprend nos danses’’, a insisté la lauréate 2023 du Grand prix de l’Académie des Beaux-arts section chorégraphie.
Elle signale même que sans la codification, les danses traditionnelles africaines sont enseignées dans le monde entier.
”Pour comprendre une culture, il faudrait à un moment s’y mettre et que ce soit une façon de s’immerger dans cette culture’’, a pour sa part dit Gacirah Diagne qui a une démarche culturelle face au débat sur la codification des danses africaines.
Il s’agit, indique-t-elle, d’inviter les autres à s’adapter aux formats des danses traditionnelles africaines plutôt qu’aux Africains de s’accommoder aux formats d’ailleurs.
”La codification de nos danses traditionnelles existe déjà”, selon le danseur et chorégraphe Jean Tamba qui estime que contrairement aux autres, les danses africaines suivent un rythme déjà codifié.
Le professeur Amadou Ly, membre du comité scientifique, a soulevé la question de la codification des danses patrimoniales, soulignant que ”pour les rendre accessibles au reste du monde, il faut simplifier les choses et transmettre les messages de ces danses”.
”Essayons de codifier, rendons nos danses accessibles au reste du monde”, a-t-il dit.
Si la question de la codification divise, celle liée à l’introduction de la danse à l’école a été unanime chez les différents panélistes.
Le député Alioune Sène, président de la commission arts et culture à l’Assemblée nationale, a invité à remettre au goût du jour la danse traditionnelle qui perd ”son lustre d’antan”.

FKS/OID/AB