SENEGAL-CULTURE-INFRASCTRUCTURES
Dakar, 15 oct (APS) – Le type de bibliothèque nationale pour lequel le Sénégal a opté consiste en un modèle intégrant les Archives nationales sur un même site, a appris l’APS du directeur du livre et de la lecture, Ibrahima Lô.
Le Sénégal a opté pour ‘’un modèle intégré’’, qui associant la Bibliothèque nationale et les Archives nationales sur un même site, à l’image de ce qu’il y a au Canada, au Québec plus précisément, a-t-il expliqué.
‘’Ce que je peux dire à la date d’aujourd’hui, c’est que tout comme la loi sur le livre, nous avons passé plusieurs sessions à réfléchir à une préfiguration de la Bibliothèque nationale […] Il existe de la littérature […], qui demain, peut être versée dans le dossier global pour aller vers la Bibliothèque nationale’’, a dit Ibrahima Lô dans un entretien avec l’APS.
‘’Au fond, il nous manque une seule chose, c’est les quatre murs et le toit’’, a signalé M. Lô, ancien directeur de l’École des bibliothécaires, archivistes et documentalistes (EBAD) de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar.
Il se dit ‘’un peu gêné’’ par le fait que le pays du poète-président Léopold Sédar Senghor, du savant Cheikh Anta Diop et d’autorités religieuses telles que Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadji Malick Sy et Thierno Amadou Dème ne dispose pas d’une bibliothèque nationale, alors que toutes ces figures historiques possèdent ‘’un fonds documentaire important’’.
‘’On peut avoir du mal à admettre que ce pays ne soit pas doté d’une bibliothèque nationale’’, déplore, à ce sujet, le directeur du livre et de la lecture.
Il ajoute que le Sénégal peut toutefois se rassurer d’avoir tout ce qui fait une bibliothèque nationale, ‘’à commencer par les ressources humaines de qualité en nombre suffisant et le patrimoine, avec le fonds de la colonisation, celui de l’Afrique-Occidentale française (AOF), celui du dépôt légal institué par la loi 76-30 du 9 avril 1976 au Sénégal, qui fait que toute production nationale est normalement déposée et sécurisée aux Archives nationales du Sénégal’’.
‘’Nous ne pouvons pas dire que nous avons un endroit qui s’appelle bibliothèque nationale du Sénégal, comme il en existe dans les pays limitrophes. On n’en a pas. Mais tout ce qui fait une bibliothèque nationale, nous l’avons’’, insiste Ibrahima Lô.
Il pense qu’il est donc important pour le Sénégal de disposer d’une bibliothèque nationale. ‘’Ce n’est pas possible qu’on n’en a pas. Tous les pays qui nous entourent en disposent’’, lance M. Lô, précisant être dans l’attente de la désignation d’un site destiné à la future infrastructure.
‘’Le plus urgent pour nous, en tout cas, c’est qu’on puisse désigner un site sur lequel on va implanter cette bibliothèque nationale […] Ce n’est pas quelque chose de très compliqué à faire’’, a-t-il argué, ajoutant : ‘’Nos amis de la Chine nous ont livré le Grand Théâtre national et le Musée des civilisations noires dans des délais très courts.’’

Selon le directeur du livre et de la lecture, Léopold Sédar Senghor, le premier président du Sénégal (1960-1980), avait prévu de doter le pays d’une bibliothèque nationale.
Le même chef d’État a signé le décret numéro 76-493 du 5 mai 1976 portant création et organisation d’une bibliothèque nationale.
Pour Senghor, ‘’il fallait une bibliothèque nationale et une maison des Archives nationales sur un site unique, puisque les deux composantes, forcément, se complètent’’, explique Ibrahima Lô, archiviste de formation.
Il dit déplorer, comme beaucoup de Sénégalais, la situation de la direction des archives du Sénégal, qui est logée au Central Park (l’ancien centre commercial 4 C), à Dakar.
‘’C’est une situation que tout le monde déplore, qui fait très mal. Mais enfin, on est dans un ensemble d’ajustements et de réajustements’’, justifie le directeur de l’EBAD entre 2006 et 2012.
Il fait observer que les fonds d’archives conservés à Dakar sont pour la plupart ceux de l’AOF et appartiennent donc à tous les pays ouest-africains administrés par la France.
‘’Cela veut dire qu’il y a un trésor qu’il faut préserver et valoriser. Aujourd’hui, cette direction des archives ne dispose pas de tous les moyens et de tous les atouts pour faire [ce qui est attendu d’elle]’’, signale Ibrahima Lô.
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