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Dakar, 31 juil (APS) – Les artistes sénégalaises Anta Germaine Gaye et Fatou Kandé Senghor ont profité de la conférence publique sur le thème ”Arts visuels au Sénégal : de grands défis pour les femmes”, pour partager leurs parcours et encourager la jeune génération féminine à s’affirmer dans le secteur.
S’exprimant lors de cette conférence publique organisée, mardi, dans le cadre du 12e Salon national des arts visuels (17 juillet-17 août), la plasticienne Anta Germaine Gaye est revenue sur les fondements de sa carrière. Elle a évoqué à ce propos les obstacles rencontrés, notamment familiaux, au moment de son orientation vers des études artistiques.
”J’ai voulu donner une idée du substrat qui m’a permis de réaliser ce que j’ai accompli jusqu’à présent”, a-t-elle expliqué, faisant allusion au film projeté en ouverture de cette rencontre et qui retrace son univers créatif et personnel.
Elle a insisté sur la nécessité pour les jeunes femmes artistes de s’investir pleinement dans leur vocation. ”On ne se déclare pas artiste comme on ouvre une boutique. Il faut avoir quelque chose à transmettre, à partager”, a-t-elle rappelé, insistant sur l’importance de la rigueur et de la persévérance.
Evoquant sa formation, elle a relevé ”l’influence déterminante” d’un de ses enseignants, Daniel Corbis, qui encourageait ses élèves à choisir des sujets artistiques ancrés dans leur vécu quotidien.
Pour la professeure d’art plastique à la retraite, le thème de la parure, inspiré par sa mère et ses aînées saint-louisiennes et goréennes, est devenu le point de départ de son expression artistique.
Anta Germaine Gaye a également lancé un appel pour la conservation du patrimoine artistique national.
”Je suis prête à léguer mes archives, mes œuvres et ma bibliothèque, mais il faudrait un lieu approprié pour les accueillir”, a-t-elle déclaré, évoquant l’idée d’une maison restaurée ou d’un espace au sein d’une institution existante.
L’artiste multidisciplinaire Fatou Kandé Senghor a plaidé pour sa part pour une refondation de l’enseignement artistique au Sénégal. Elle a souhaité que l’Ecole nationale des arts et des métiers de la culture soit dotée de ressources humaines qualifiées, capables de répondre aux enjeux actuels. ”Mettons-y des avant-gardistes au diapason des réalités artistiques”, a-t-elle préconisé.
Elle a par ailleurs invité les jeunes artistes à s’ouvrir à l’Afrique, à apprendre l’anglais et à renforcer leur connaissance du continent. ”On ne peut faire une proposition globale sans connaissance du local”, a-t-elle affirmé.
Mme Senghor, par ailleurs cinéaste, photographe et écrivaine, a également insisté sur la nécessité de multiplier les cadres de dialogue intergénérationnel. ”Ces espaces de discussion sont rares. Il faut créer des plateformes d’échanges pour éviter les malentendus et renforcer la transmission”, a-t-elle recommandé.
Intervenant à la fin de la rencontre, l’administratrice de la Galerie nationale d’art, Anne-Marie Faye, a salué la richesse des échanges. ”Ecouter des artistes de référence comme Anta Germaine Gaye et Fatou Kandé Senghor est bénéfique pour la carrière des jeunes”, a-t-elle estimé.
Elle a souligné que les femmes artistes n’étaient pas nécessairement discriminées, mais qu’elles faisaient face à des contraintes spécifiques, qu’il convient de surmonter.
Cette rencontre tenue au Centre culturel Blaise Senghor, s’inscrit dans le cadre du programme d’activités du 12e Salon national des arts visuels, organisé par la Galerie nationale d’art. Elle vise à mettre en lumière les enjeux contemporains liés à la pratique artistique au Sénégal.
MK/AB/ASG