Abris provisoires, la ”plaie” du secteur éducatif
Abris provisoires, la ”plaie” du secteur éducatif

SENEGAL-EDUCATION

Dakar, 1 avr. (APS) – La question des abris provisoires est devenue au fil des ans la grande plaie de l’école sénégalaise, un gros point noir résultant de la difficulté de calibrer les moyens de plus en plus limités par rapport à des besoins toujours plus grands. Un programme mis en place par le Sénégal tente de remédier à ce problème, dans la mesure du possible.

Selon le dernier recensement du Programme de remplacement d’abris provisoires et d’ouvrages annexes (PRORAP) de décembre 2024, au total 7 122 abris provisoires sont encore recensés sur l’ensemble du territoire national.

Faisant office de salles de classe, ils doivent être résorbés d’ici 2029, a réaffirmé le Premier ministre Ousmane Sonko, lors de sa déclaration de politique générale le 27 décembre 2024.

Dans un entretien avec l’APS, le directeur des constructions scolaires du ministère de l’Education nationale précise qu’à ce jour 2 662 abris provises ont été d’ores et déjà résorbés. Mais le programme en question ne remplace pas que des abris provisoires, précise Pape Abdou Dia.

”Le projet ne remplace pas que des abris provisoires, les blocs d’hygiène ou les blocs administratifs peuvent aussi être remplacés. Dans certaines écoles, ce sont les murs de clôture”, renseigne-t-il.

Le programme est subdivisé en quatre volets. Il doit aussi prendre en charge 4 032 blocs administratifs (BA), 2 498 blocs d’hygiène (BH) et 241 500 mètres linéaires de mur de clôture (MC).

Le quatrième volet concerne 1 462 salles de classe, 1 093 blocs administratifs, 554 blocs d’hygiène et 54 000 mètres linéaires de mur de clôture.

”Ce  quatrième volet n’a à ce jour pas reçu de financement, et n’a donc pas encore démarré” signale le directeur des constructions scolaires.

”En dépit de l’importance quantitative des abris provisoires et de leur éparpillement à travers le territoire, il est permis d’espérer voir le Sénégal en finir un jour avec les abris provisoires si certains préalables sont satisfaits”, croit savoir Pape Abdou Dia.

Dans cette perspective, il dit miser sur les retombées du partenariat avec le ministère des Forces armées, à l’image des Lycées nation-armée pour la qualité et l’équité (Lynaque).

Des programmes de réhabilitation des lycées annoncés

Concernant la mise à niveau des infrastructures scolaires, Pape Abdou Dia signale que sa direction est en train de finaliser le plan d’action de méthodologie et la stratégie pour le Programme d’urgence de mise à niveau des infrastructures scolaires et l’amélioration de l’environnement d’apprentissage.

Des efforts significatifs ont été faits avec l’exécution de la première phase de réhabilitation des anciens lycées (Galandou Diouf, Blaise Diagne, De Lafosse etc.). Le Directeur des constructions scolaires a annoncé qu’une deuxième phase, portant sur la réhabilitation des anciens lycées, va se poursuivre au cours des cinq prochaines années.

S’agissant des collèges et lycées de proximité, partie intégrante du Programme décennal de l’éducation et de la Formation (PDEF) lancé en 2000, M. Dia rappelle que ce volet compte plusieurs leviers, dont les infrastructures et les équipements.

Dans ce cadre, la Direction des constructions et équipements scolaires (DCES) était chargée de dérouler à l’échelle du territoire national, de vastes programmes de constructions de salles de classe pour l’élémentaire, de collèges d’enseignement général dénommés collèges de proximité et de lycées départementaux ou communaux d’enseignement général.

L’objectif recherché était de rapprocher les structures d’enseignement- apprentissage des élèves, dans un souci de démocratisation et d’équité, base de la ”politique d’accès pour tous, à des écoles et établissements scolaires de qualité, équipés et fonctionnels”.

Pape Abdou Dia assure que cette option sera poursuivie et renforcée dans le cadre de la mise en œuvre des programmes et projets qui ont succédé au PDEF, dont le Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet), référentiel de la politique éducative de l’État du Sénégal.

Les obstacles à la résorption des abris provisoires

Il est revenu sur les nombreux problèmes rencontrés par la DCES, évoquant la difficulté d’obtenir les titres de créances et de certification et causant un ralentissement du rythme des travaux, voire à terme un abandon des chantiers.

Il y a aussi les coupes budgétaires sur les investissements exécutés par l’État (33,23 % en 2023, 23,70 % en 2024), lesquelles réduisent naturellement le volume des investissements à réaliser.

S’y ajoute la longueur des procédures (4 à 5 mois) dans la passation des marchés, qui font que certains chantiers sont réalisés à cheval sur 2 ou 3 années budgétaires.

Il signale qu’en dépit du maillage de l’ensemble des régions et départements en ressources humaines de qualité à travers les coordonnateurs techniques régionaux (CTR) et départementaux (CTD), ”le suivi-supervision régulier des chantiers n’est pas assuré ”.

Cela s’explique, selon lui, par l’insuffisance des moyens logistiques, voire leur absence totale dans la plupart de nos académies, telles que Fatick, Kédougou, Kolda, Louga, Matam, Saint-Louis, Tambacounda, Ziguinchor.

”L’insuffisance des crédits pour la prise en charge des missions de supervision et de suivi impacte également la régularité des visites de chantiers avec comme conséquence une récurrence des malfaçons dans l’exécution des travaux”, a également déploré le directeur des constructions scolaires.

MF/BK/ABB/ADL

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