Abou Thiam, du daara aux planches
Abou Thiam, du daara aux planches

SENEGAL-THEATRE-PROFIL

Matam, 27 mars (APS) – La voix d’Abou Thiam est devenue familière des auditeurs de la radio Matam Fm pour ses émissions  religieuses, mais surtout pour les sketchs qu’il joue avec deux autres comédiens dans ”Gallé Abou Thiam (la maison de Abou Thiam), un programme dont les origines remontent aux années de gloire de la troupe Bara Yéggo de Radio Saint-Louis avec Serigne Fall, Marie Madeleine Diallo et Daouda Guissé, qui ont poussé le natif de Diama Alwaly à faire du théâtre, après l’école coranique et le commerce.

Il y a à peine plus d’une heure qu’Abou Thiam, animateur à la station radio Matam Fm a terminé son émission, un sketch de cinq minutes très écouté dans la région de Matam intitulé ”Gallé Abou Thiam”.

Ce jour là, le comédien natif de Diama Alwaly, dans le département de Podor, a évoqué avec ses deux compères le vol de deux poulets au marché central de Matam. Le voleur a finalement été arrêté chez lui, après avoir dit à ses deux épouses qu’il les a achetés.

Comme tous les jours, à la sortie du studio, en cette période du mois de ramadan, Abou Thiam s’assoit sur la moquette pour se reposer jusqu’à une heure tardive de la journée pour ensuite rejoindre sa famille au quartier Halwaar, dans la commune de Matam.

Comédien très connu dans la région, Abou Thiam n’était pas à l’origine destiné à faire ce métier. ”Dans les années 1990, j’ai quitté mon village natal pour aller poursuivre mes études coraniques à Saint-Louis, au daara de feu Thierno Ndiaye Douké, au quartier Diamaguène. A côté de mes cours, je faisais aussi du commerce de tissus”, se rappelle l’animateur d’émissions religieuses à la RTS Matam.

Vêtu d’un boubou traditionnel blanc, les yeux masqués par des lunettes de soleil, le comédien qui profite de la fraîcheur des lieux en cette période de forte chaleur raconte ses débuts dans le théâtre. Il soutient qu’il est entré dans ce milieu grâce à sa proximité avec Vieux Doro Ndiaye, un agent de Radio Saint-Louis.

Selon lui, le sketch qu’il anime est la copie parfaite de celle que faisait le défunt comédien Serigne Fall du groupe Bara Yégo de Saint-Louis. Au début, en 1997, se souvient Thiam, Marie Madeleine Diallo lui avait  demandé de faire en langue pulaar ce que faisait le défunt comédien en wolof, mais il refusait à chaque fois que la comédienne lui proposait ce programme.

“Après plusieurs refus, j’ai décidé, avec deux autres femmes comédiennes, Athia Sarr et Toulaye Sy, de répéter les mêmes paroles de Serigne Fall en pulaar sur insistance de Marie Madeleine Diallo. C’est ainsi qu’est née ma relation avec le théâtre”, souligne-t-il.

Plus de 300 enregistrements en attente d’être produits 

Après ses débuts, grâce à Marie Madeleine Diallo et Serigne Fall, il poursuit son apprentissage avec Daouda Guissé jusqu’à ce que les deux quittent Saint-Louis pour rejoindre Matam à l’ouverture de la radio RTS Matam, en 2006.

C’est à Matam qu’il a crée le sketch dénommé ”Gallé Abou Thiam”, une petite pièce qui dure cinq minutes diffusée tous les jours sur la radio Matam Fm, un prolongement de ce qu’il faisait à Saint-Louis sous les ordres de Marie Madeleine. Il explique que ce sketch ne parle que des questions liées à la famille, notamment la dépense quotidienne, les problèmes de couple, l’ambiance dans la maison.

Avec Faty Barry et Amel Baïla, Abou Thiam enregistre chaque dimanche quatre sketchs qui sont diffusés à la radio du lundi au jeudi. A côté de ce programme, une pièce de théâtre de trente minutes jouée par son groupe est diffusée chaque lundi sur la même station.

Depuis son arrivée à Matam, il y a presque 20 ans, le comédien allie son travail d’animateur à la radio et celui d’acteur dans des films et sketch tournés à Matam. Il cite, entre autres, films Diamfa théhilagal (trahison d’ami) ou encore un autre qui traite de l’espoir, sans compter de petites pièces et des tournées effectuées dans la région et même en Mauritanie.

Pour le comédien, l’émission ”Gallé Abdou Thiam” est très suivie dans la région de Matam et même au-delà, dans des villages proches du fleuve Sénégal, en Mauritanie, se félicitant des réactions positives que suscitent les sketchs et des fortes audiences qu’ils apportent.

Comédien depuis presque trente ans, Abou Thiam évoque aujourd’hui les difficultés auxquelles sont confrontées les acteurs de ce milieu, citant par exemple les faibles cachets proposés, ainsi que le refus de certains initiateurs de spectacles de leur faire des contrats. “Il nous faut aussi des séances de formation pour qu’on soit plus performants et qu’on ait plus de connaissances dans ce métier”, plaide-t-il.

Malgré ce manque de formation, l’initiateur de ”Gallé Abou Thiam” souligne que beaucoup de ses auditeurs et collègues pensent qu’il a reçu des formations en théâtre.

Chez lui, à Halwaar, Abou Thiam dit garder dans des cassettes plus de 300 pièces enregistrées et qui n’attendent qu’à être produites et mises sur le marché. “Nous voulons montrer au public ce travail que nous avons réalisé, mais cela demande des moyens que nous n’avons pas encore”, regrette l’ancien commerçant.

AT/ADC

Stay Updated!

Subscribe to get the latest blog posts, news, and updates delivered straight to your inbox.

By pressing the Sign up button, you confirm that you have read and are agreeing to our Privacy Policy and Terms of Use