A Daharatou, une contrée de Kidira, le tricycle fait office d’ambulance
A Daharatou, une contrée de Kidira, le tricycle fait office d’ambulance

SENEGAL-SANTE-REPORTAGE

Daharatou (Tambacounda), 4 août (APS) – Le poste de santé de Daharatou, localité située à 25 kilomètres de Kidira dans la région de Tambacounda (est), utilise un tricycle pour le transport sanitaire, faute d’ambulance. Une situation qui rend compte, à suffisance, des problèmes logistiques auxquels font face certaines structures sanitaires de l’intérieur du pays.

Cette ambulance de fortune assure le transport des malades vers les structures sanitaires de référence, y compris des femmes enceintes présentant des complications et devant être référées vers d’autres structures de santé.

Le tricycle en question est un don du Fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef).

Les femmes enceintes doivent ainsi affronter la douleur, les rigueurs de la route et l’inconfort de ce moyen de transport particulier, sur une distance de 25 kilomètres entre Daharatou et Kidira, avec tous les risques encourus pour elles et les nouveau-nés.

Ce véhicule, instable sur les pistes sinueuses et difficiles d’accès, tombe souvent en panne en cours de route. Il est pourtant utilisé pour transporter des cas urgents : éclampsie, hypertension artérielle (HTA) et hémorragies.

”Certaines femmes accouchent en route, et des cas d’avortement sont également fréquents”, a déploré la sage-femme du poste de santé de Daharatou, Dieynaba Sow, en plaidant pour l’acquisition d’une échographie pour une prise en charge ”adéquate et rapide” des cas d’avortement.

Dans ces zones, le taux d’avortement a doublé, passant de 2% en 2024 à 4% au cours du premier semestre de 2025.

En plus de l’absence d’ambulance, les grossesses rapprochées constituent un autre fléau à Daharatou, village également connu sous le nom de Wouro Thierno, où la planification familiale se heurte à des réticences.

“Le taux de planification familiale aussi y est en baisse, du fait de leurs coutumes et croyances qui considèrent que cette pratique rime avec limitation de naissance”, indique la sage-femme.

Elle assure que les acteurs ont beau faire des plaidoyers, des causeries avec les “Badjenu Gox” (marraines de quartier), la question de la planification n’est pas toujours entrée dans les mœurs, dans une contrée où les hommes s’absentent souvent, séparées de leurs épouses pendant la période de la transhumance qui peut durer plusieurs mois.

D’après Dieynaba Sow, la planification familiale demeure un tabou à Daharatou, au point que les femmes sont obligées de se cacher pour faire des causeries.

“Elles ont peur d’être répudiées parce qu’on leur a dit que c’est interdit par l’Islam”, a expliqué la sage-femme.

Certaines femmes, faute de moyens, ne font pas leurs consultations prénatales.

”Une situation qui entraine aussi la malnutrition. Leurs maris sont des nomades. Ils ne reviennent que pendant la saison des pluies. A cette période, il y a de l’eau, de la viande et du lait. Le reste de l’année, ils voyagent laissant derrière eux leurs femmes et les enfants”, renseigne la sage-femme.

NSS/ADL/BK/MTN