SENEGAL-AGRICULTURE


Deux Sénégalais obtiennent un agrément pour la distribution d’un fertilisant naturel

SENEGAL-AGRICULTURE

Dakar, 6 mars (APS) – Deux citoyens sénégalais, dont un ingénieur agronome, viennent d’obtenir l’agrément de l’État pour la ‘’distribution-vente’’ au Sénégal d’un fertilisant naturel permettant aux agriculteurs de se passer des pesticides, de limiter l’irrigation et de régénérer les terres usées par l’agriculture intensive.

Ce fertilisant naturel appelé Quaterna Terra est un amendement organique permettant d’améliorer les propriétés physiques, chimiques ou biologiques des sols en développant très rapidement l’humus, quel que soit le type de sol, même sableux, affirment ses promoteurs.

Le Quaterna Terra favorise la formation d’un complexe argilo-humidique, qui permet de réduire les pertes gazeuses, de carbone et d’azote notamment, tout en mettant à la disposition des plantes plus d’éléments du sol, de l’air et des matières organiques qui s’y trouvent, écrivent-ils.

De cette manière, ajoutent ses promoteurs, ce fertilisant naturel permet de réduire l’utilisation d’engrais, les carences et le stress des plantes. Il favorise aussi la récupération des sols abandonnés à cause de leur salinité, en réduisant de 40 % leur teneur en sel, ‘’dès la première année d’utilisation’’.

Les essais entamés en 2019 sur le territoire sénégalais portaient sur 20 hectares, ce qui correspond à une centaine de parcelles de tous types (sols salés ou acides, incultes, cultivables, etc.), qui ont servi de champs d’expérimentation.

— Des ‘’certificats de satisfaction’’ décernés par des producteurs —

Les résultats de ces tests ont conduit des producteurs, associations et fédérations de producteurs à décerner aux promoteurs du Quaterna Terra des ‘’certificats de satisfaction’’. Cela a incité l’État à leur accorder un agrément par l’entremise de la direction de la protection des végétaux (DPV), en décembre dernier.

‘’Un agrément de deux ans pour la distribution/vente de produits fertilisants et autres produits destinés à l’amélioration de la teneur en éléments nutritifs, la préservation de la microflore du sol, de la biodiversité, de la santé des cultures et de l’agrosystème, composés de substances organiques et inorganiques, est accordé à l’entreprise Codifa SA, à la suite des analyses de risques phytosanitaires et des résultats des tests de conformité’’, indique une attestation de la DPV remise aux promoteurs du Quaterna Terra.

La direction de la protection des végétaux, placée sous la tutelle du ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, ajoute dans ce document qu’elle va faire ‘’le suivi de l’utilisation du produit sur le terrain, pour une meilleure évaluation de la santé des végétaux et de l’écosystème’’.

Les promoteurs du produit, sur la base du retour qu’ils reçoivent des producteurs et en raison des avantages de ce fertilisant pour les cultures, le sol et l’environnement (la dépollution et l’impact du produit sur les sols salés et acides), tablent sur une subvention du Quaterna Terra à hauteur de cent pour cent.

L’ingénieur agronome Magatte Ngom, directeur général de Codifa SA et l’un des deux cogérants de la future unité de production du produit au Sénégal, fait observer que le Quaterna Terra est un amendement organique comportant deux autres sous-produits (additifs de compostage et additifs pour la biomécanisation).

Il précise que les tests et essais de démonstration ayant valu à ce produit les certificats de satisfaction ont été effectués dans plusieurs zones agricoles du Sénégal, dont le bassin de l’Anambé, dans la région de Kolda (sud), où l’utilisation du Quaterna Terra s’est traduite par une augmentation de 76 % des rendements de riz, selon l’ingénieur agronome.

— Un fertilisant élaboré par un ‘’paysan-chercheur’’ français —

Des démonstrations effectuées dans des champs du fleuve Sénégal ont permis de faire des récoltes dans des zones où il n’était plus possible de le faire en raison de la salinité des sols, jusqu’à 19 tonnes à l’hectare, selon M. Mbengue.

Magatte Ngom estime, sur la base des résultats des essais et des expérimentations, que certains producteurs, notamment dans la zone du lac de Guiers (nord), souhaitent non seulement que l’État puisse subventionner le Quaterna Terra, mais qu’il le mette gratuitement à la disposition des producteurs.

Selon lui, dans ces zones d’intensification agricole, l’utilisation du Quaterna Terra peut contribuer à contrecarrer l’émergence de certaines maladies – maladies respiratoires ou de la peau –, en lien avec les pratiques agricoles basées sur la forte utilisation des engrais chimiques.

Magatte Ngom a évoqué un autre avantage du Quaterna Terra, sur la base de ses ‘’résultats agronomiques’’, en signalant que son utilisation entraîne un surplus de production qui, une fois valorisé, peut permettre d’acheter ‘’trois, quatre à cinq fois le produit’’.

Le Quaterna Terra, appelé Bactériosol en France, a été élaboré par un agriculteur français de l’Aveyron du nom de Marcel Mézy, à l’aide de produits naturels et renouvelables.

À la base, M. Mézy produisait ce mélange seul, chez lui, à partir d’une vingtaine de plantes et d’essences d’arbres, en recourant à sa connaissance presque intime du fonctionnement des écosystèmes et de la complémentarité des espèces.

Dans les années 1960, cet agriculteur aveyronnais, qui se définit comme ‘’paysan-chercheur’’, expérimentait sa propre mixture comme une alternative aux pesticides et aux engrais.

Au lieu de rendre publique sa recette, il ouvre en 2015 un laboratoire de recherche et crée une société dédiée, avec l’ambition d’aider les paysans à vivre de leur travail en augmentant leur marge nette.

BK/ESF

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