SENEGAL-USA-SOCIETE
Ziguinchor, 5 fév (APS) – Quelque 300 familles de déplacés risquent de se retrouver sans abris avec la décision du président américain Donald Trump de suspendre les programmes de son Agence de coopération et d’aide au développement (USAID), a indiqué, mercredi, le maire de Boutoupa-Camaracounda, Ousmane Sandeng.
“La suspension des programmes d’accompagnement de l’USAID n’arrangent pas les populations déplacées de retour en Casamance. Il y a, par exemple, le programme +Shelter for life+, qui déroulait un projet d’accompagnement de 300 familles. Elles sont aujourd’hui menacées d’être des sans abris. Ce sont des familles vulnérables qui sont rentrées dans leur terroir cette année”, a-t-il dit.
Le maire de Boutoupa-Camaracounda s’exprimait en marge d’un comité régional de pilotage du plan spécial 2024- 2025 pour le retour des déplacés en Casamance.
“Ces 300 familles comptaient beaucoup sur ce programme des Etats-Unis, pour espérer avoir des abris. Elles ne verront sans doute pas leurs habitations couvertes. Pire, elles risquent de s’effondrer”, a-t-il alerté.
Cette rencontre a été présidée par le gouverneur de Ziguinchor, Mor Talla Tine, en présence des élus territoriaux, des chefs de service, des chefs de villages, des acteurs de développement et des autorités administratives.
“C’est bientôt l’hivernage. Nous invitons le comité régional à prendre en compte la nouvelle donne, afin d’intégrer ces 300 familles dans le processus de retour”, a plaidé Ousmane Sandeng.
Le maire a rappelé que ces familles sont identifiées dans les communes de Boutoupa-Camaracounda, Niaguis, Nyassia, Oulampane, Kataba (Ziguinchor) et à Djibanar (Sédhiou).
“Avec cet arrêt brutal et sans solution, les populations seront découragées de retourner chez eux. Il faut dès maintenant envisager des alternatives si jamais, les Etats-Unis ne renouvellent pas le programme +Shelter for life+, lancé en octobre 2024”, a insisté M. Sandeng, saluant la mise en œuvre du Plan “Diomaye pour la Casamance”.
Du nom du chef de l’Etat, ce programme, doté d’un budget de 53,6 milliards de francs CFA, vise à répondre aux besoins des populations déjà de retour et de celles en attente de rapatriement.
“Il faut davantage accompagner ces 300 familles pour pouvoir davantage faciliter leur processus de retour”, a lancé le maire.
Sa collègue de Nyassia, Justine Manga a, quant à elle, plaidé pour le déminage de certaines zones de sa localité pour permettre aux populations déplacées de rejoindre leur fiefs.
“Le processus de déminage est lent. Nous subissons la pression des populations, qui ont décidé de repartir dans leur zone. Nous demandons que le déminage soit accéléré en multipliant les acteurs sur le terrain”, a-t-elle déclaré.
La Casamance, séparée du nord du Sénégal par la Gambie, est le théâtre d’un des plus vieux conflits d’Afrique, depuis que des indépendantistes ont pris le maquis après la répression d’une marche en décembre 1982.
Après avoir fait des milliers de victimes et ravagé l’économie de cette région, ce conflit a continuellement baissé en intensité.
Il y a deux ans environ, l’armée nationale avait mené des opérations d’envergure pour neutraliser les bases rebelles qui tentent encore de résister, renforçant ainsi l’accalmie notée dans cette partie sud du pays et favorisant le retour des personnes déplacées dans leurs villages d’origine.
En mai 2024, au moins 250 combattants du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) ont déposé leurs armes, lors d’une cérémonie organisée à Mongone, une localité du département de Bignona, qui abritait par le passé, une importante base du mouvement irrédentiste.
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