Ziguinchor, 12 juin (APS) – La filière madd de Casamance espère augmenter sa capacité de production et de transformation, grâce au certificat d’enregistrement en indication géographique (IG) qui lui a été décerné le mois dernier par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI).

Ses acteurs (cueilleurs et transformateurs) espèrent pouvoir passer d’un taux de transformation de 2 % à 30 % de la production, dans les cinq prochaines années, en tirant profit de la certification.

L’OAPI a remis au gouvernement sénégalais un certificat d’enregistrement en indication géographique du madd de Casamance, a appris l’APS du ministère de l’Industrie et du Commerce, à la fin de juin dernier.

L’IG sert à identifier un produit comme étant originaire d’un lieu, d’une région, ou d’un pays, selon le doctorant Bergony Nantsop Ngoupa.

Elle est décernée à un produit lorsque sa qualité, sa réputation ou une autre caractéristique peuvent « être attribuées essentiellement à son origine géographique », a-t-il écrit dans un article publié en mars 2023 par un site spécialisé.

Le madd de Casamance est le « fruit sauvage » de la saba senegalensis, le nom scientifique de ladite plante, « qui pousse dans les forêts de Casamance », dans le sud du Sénégal, explique le ministère.

« Nous espérons que cette filière va mieux se positionner, grâce au certificat d’enregistrement en indication géographique qui lui a été décerné, et bénéficier du soutien de l’État comme les autres. Nous devons passer d’un taux de transformation de 2 % à 30 % au moins dans les cinq prochaines années », a réagi la présidente de l’Association pour la protection et la promotion de l’indication géographique madd de Casamance (APPIGMAC), Maïmouna Sambou.

Mme Sambou prenait part à une cérémonie officielle de remise du certificat d’enregistrement en indication géographique du madd de Casamance, à Ziguinchor (sud), en présence de Talla Samb, un représentant du ministère de l’Industrie et du Commerce, d’autorités administratives, de cueilleurs et de transformateurs dudit fruit.

Pour développer la transformation du madd, « il faut d’abord relever les défis de la préservation de la ressource et de son écosystème, de la cueillette et de la mise en place de centres d’agréage des produits frais », a-t-elle souligné.

L’accès aux financements, la commercialisation et la gestion de la filière sont également des « défis » à relever par les cueilleurs et les transformateurs de mads, selon Maïmouna Sambou.

« C’est une journée historique pour le Sénégal et la filière madd de Casamance. Nous rendons grâce à Dieu et félicitons l’ensemble des acteurs qui se sont mobilisés pendant sept ans pour atteindre cet objectif, avec le soutien de l’État, des directions et services techniques concernés, de l’ONG ETDS et des partenaires », s’est-elle réjouie lors de la cérémonie de remise du certificat d’enregistrement en IG.

Mme Sambou a tenu à préciser que la certification obtenue « n’est pas une fin en soi ». Autrement dit, des efforts restent à faire en vue de l’atteinte d’autres objectifs de développement de la filière.

« Nous devons, chers membres de l’APPIGMAC, décupler nos efforts et nos énergies pour préserver cette qualité qui nous a valu l’obtention de ce label tant recherché », a ajouté Mme Sambou.

Selon elle, la labellisation de ce fruit doit inciter à une augmentation de la production en vue de la satisfaction de la demande, laquelle ne cesse de grimper depuis le lancement du processus ayant abouti à la certification du madd local.

Le certificat obtenu est un motif d’encouragement et de bonne organisation de la filière, selon le président de l’Association des cueilleurs de madd de Ziguinchor, Moustapha Diassy.

Le certificat d’enregistrement en indication géographique confère de la « notoriété » et une bonne réputation à un produit, selon Talla Samb.

« Le madd de Casamance est très prisé. Il va falloir que les acteurs s’organisent pour protéger le label IG madd de Casamance », a-t-il dit aux cueilleurs et transformateurs de ce fruit, les membres de l’APPIGMAC notamment.

Il ne s’agit pas seulement de tirer des gains de la certification du madd, selon M. Samb.

Les acteurs de la filière doivent aussi « conserver la biodiversité » locale, qui produit ce fruit, leur a-t-il dit en leur recommandant de « s’approprier le logo » généré par la labellisation du madd, afin que « les usurpateurs n’en fassent pas usage ».

L’État cherche à faire certifier d’autres produits sénégalais, dont les chaussures de Ngaye Meckhé et le « yéet » de Joal-Fadiouth (ouest), selon le représentant du ministère de l’Industrie et du Commerce.

MNF/ESF/BK

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