+++Par Momar Khoulé Ba+++Diacksao, 27 sept (APS) – Situé à une vingtaine de kilomètres de la capitale de la Tidianiya, Diacksao est un lieu très prisé pour la méditation. Il est devenu à la fois un endroit dédié à la spiritualité, à l’adoration d’Allah et à la formation, qui a vu passer beaucoup de “Moukhadams“ (émissaires) du guide religieux de Tivaouane. El Hadji Malick y cultivait aussi la terre, en compagnie de ses disciples, pour vivre à la sueur de son front.Lors de son pèlerinage à La Mecque en 1889, le guide religieux de Tivaouane avait imploré Allah de lui donner un lieu où il pourrait s’adonner aux travaux champêtres et vivre dignement à la sueur de son front. C’est dans ce contexte qu’est né Diacksao, comme un vœu exaucé de Seydi Hadji Malick Sy.C’est en 1957, sous le khalifat de Serigne Abdou Aziz Sy “Dabakh“, que Diacksao a connu son rayonnement. Selon Abdou Aziz Diop, petit-fils de Maodo, tous les “Moukhadams“ de son grand -père sont passés à Diacksao. Aujourd’hui encore, leurs descendants viennent pour y apprendre le Coran et la Charia. “Le culte du travail aussi, c’est Diacksao“, dit-il.Pendant les 93 ans qu’il a vécus, dont 40 ans de khalifat, Dabakh a marqué son époque pour un effort perpétuel pour se conformer au Coran et à la Sunnah, dans ses actes et propos. Une posture qui a beaucoup facilité son rôle de régulateur social. La bonne parole qu’il prêchait a éteint beaucoup de foyers de tension dans le pays.À Diacksao, il a désamorcé la fameuse grève du Syndicat unique des travailleurs de l’électricité (Sutelec), en y recevant son secrétaire général d’antan, Mademba Sock.Une autre crise qui avait causé beaucoup de nuits blanches à Mame Dabakh, était la grève des élèves et étudiants de 1994. Un dossier dont se souvient encore Papa Youssoupha Diop, neveu de Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh. Parmi les grévistes, il y avait un petit-fils de Serigne Ameth Sy, frère aîné de Serigne Babacar Sy. “Après plusieurs va-et-vient, le problème était résolu, sous la supervision de Serigne Abdou Aziz Dabakh“, se rappelle Papa Youssoupha Diop.Il raconte encore avoir été un témoin oculaire des lettres rédigées en arabe par Serigne Papa Mactar Kébé sous la dictée de Serigne Abdou Aziz Sy “Dabakh“ et traduites en français par Iba Der Thiam, avant d’être acheminées aux presidents sénégalais et mauritanien, pour apaiser la tension qui couvait entre les deux pays en 1989.Dabakh, le régulateur socialGuide lucide et impartial, Dabakh dont l’argumentaire reposait sur le Coran et la Sunnah, s’intéressait à tout ce qui pouvait constituer une préoccupation pour ses compatriotes et même au-delà du Sénégal.“Mame Abdou“, comme on l’appelait affectueusement, savait rassembler les Sénégalais autour de la bonne conduite à tenir. Ses déclarations disaient l’essentiel, sa voix rassurait les Sénégalais. La force des mots qu’ils utilisait, ramenait les uns et les autres à la raison, redonnait de l’espoir et de l’énergie à tous les Sénégalais, relève Youssoupha Diop.En fréquentant Diacksao, Dabakh s’inscrivait ainsi dans le sillage de Seydi Hadji Malick Sy, qui avait structuré sa vie autour du triptyque “diang, diouli, bay“ (apprendre, prier cultiver), en abréviation (dia-diou-ba). Il considérait que l’homme doit rechercher le savoir par l’apprentissage (diang), pour savoir comment adorer son Seigneur (diouli) et travailler (bay).“On ne peut pas adorer Allah correctement si on n’est pas libre“, disait-il, et cette liberté passe par l’autonomisation, c’est-à-dire avoir les moyens de subvenir à ses besoins sans courber l’échine. Laquelle autonomie s’obtient grâce au travail.Mame Abdoul Aziz Sy, en tant que khalife des Tidianes a toujours invité le disciple tidiane à cultiver l’amour. Selon le 3-ème khalife de Maodo Malick Sy, il n’ y a pas d’amour dans un cœur malade de passions, de jalousie, d’envie, de présomption et de vanité.“Nettoie le cœur des souillures des péchés“, dit-il dans un de ses poèmes. Dans un autre, il fait cette invocation : “Purifie-nous le cœur“. Cette insistance sur la purification du cœur ne se résumait pas à la préparation à une méditation purement spirituelle. C’était aussi une préparation au don, au partage des espérances et des craintes, à la relation avec son prochain dans la sphère sociale, explique Youssoupha Diop. “L’état de la personne est aussi l’état de la société, poursuit-il, précisant que si l’état de la société est d’une certaine façon tributaire de l’état de la personne, il y a deux catégories qui ont une prépondérance dans l’état social : ce sont, comme nous renseigne le prophète, les oulémas et les gouvernants“.D’où la nécessité, selon lui, d’opérer un “croisement entre le cœur de l’individu et le cœur de la société“, représenté par les leaders religieux et politiques. L’état de ces deux composantes reste alors déterminant dans la sérénité, l’équilibre et la paix de la société.C’est cette vive conscience qui animait El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabakh et qui le consumait à chaque fois que ces deux éléments constituant le cœur social, souffraient d’une quelconque affection. Aussi, se présentait-il comme l’aiguille de la balance entre les plateaux, pour veiller au parfait équilibre. Pour que ni l’un ni l’autre des plateaux ne penche par violation des normes et valeurs qui régissent la vie des hommes et des femmes en société.MKB/ADI/BK/MTN/AKS
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