Keur Madiabel (Kaolack), 30 déc (APS) - L’Union nationale des opérateurs et producteurs d’arachide (UNAPA), a exprimé, vendredi, son désaccord sur la suspension des exportations des graines d’arachide, estimant que cela peut comporter de ‘’graves conséquences’’ pour la filière arachidière.
‘’Avec la décision de l’Etat de suspendre les exportations des graines d’arachide, on est obligé de s’arrêter pour respecter ces directives, mais avec de gros préjudices. On a plus de dix à quinze dépôts avec 15 à 50 mille tonnes chacun. Une tonne de graines coûte 650 mille francs CFA. Vous pouvez imaginer la manne financière qui pouvait profiter aux producteurs et exportateurs sénégalais’’, s’est désolé le porte-parole de l’UNAPA, Adama Touré.
S’exprimant au cours d’une assemblée générale à Keur Madiabel, dans le département de Nioro du Rip (Kaolack, centre), M. Touré a averti que ‘’cinq ou dix mille personnes’’ pourraient perdre leur travail. Dans chaque dépôt, a-t-il dit, il y a ‘’au minimum trois cents à quatre cents travailleurs’’.
Cette mesure prise en 2020 est toujours en vigueur.
‘’Les risques qui nous guettent sont énormes, puisqu’avec les prévisions météorologiques, s’il y a un climat d’humidité-plus de 200 mille tonnes de graines d’arachide sont stockées- l’exportation sera rejetée-, occasionnant des pertes de plusieurs milliards de francs CFA’’, a alerté le responsable de l’UNAPA.
L’Union plaide pour le déblocage de la situation, prévenant que ‘’si on perd le marché chinois, c’est le Mali, le Burkina Faso ou la Côte d’Ivoire qui vont en profiter au détriment des producteurs et exportateurs du Sénégal’’.
‘’Les exportations de graines d’arachide font rentrer entre 300 et 400 milliards de francs CFA au Sénégal dans la filière arachide. Donc, il faut que l’Etat revoie sa décision pour qu’on puisse débloquer la situation, afin que les populations sénégalaises puissent en tirer profit’’, a-t-il suggéré.
‘’On ne peut même plus acheter, parce que l’Etat nous a demandé d’arrêter l’achat des graines d’arachide. Peut-être que la SONACAOS (Société nationale de commercialisation des semences) va en acheter (…). Nous employons, au minimum, vingt à trente mille travailleurs’’, a-t-il ajouté.
Il a expliqué que c’est la situation actuelle qui fait que les activités sont ‘’trop timides’’ au niveau des dépôts de stockage, ‘’alors qu’on travaille avec l’argent des Chinois avec qui nous avons un contrat’’.
'’Si on bloque nos achats, on aura des problèmes, parce qu’on ira en contentieux avec nos partenaires financiers. Il faut que cette situation soit décantée, pour qu’on puisse travailler sereinement’’, a insisté le porte-parole de l’UNAPA, qui en appelle à la diligence du chef de l’Etat, Macky Sall.
Il a rappelé vers les années 1960, le bassin arachidier produisait un million de tonne de graines d’arachide, alors que la population du Sénégal était estimée à sept millions d’habitants.
‘’Aujourd’hui, le Sénégal est peuplé de 17 millions d’habitants et on a du mal à avoir une production de plus d’un million cinq cent tonnes de graines d’arachide. Si on arrive à travailler en partenariat avec l’Etat du Sénégal, les Chinois et les opérateurs économiques, on peut booster cette filière pour arriver à une production de deux millions à deux millions cinq cent tonnes’’, a assuré M. Touré.