Par Alhousseynou Diagne

Podor, 2 nov. (APS) – Très peu de paysans du département de Podor (nord) ont emblavé les champs de décrue cette année, en raison de la faible montée des eaux du fleuve Sénégal pendant l’hivernage qui vient de s’écouler, a constaté l’APS dans plusieurs localités de l’Ile à Morphil, bande de terre comprise entre le fleuve Sénégal et son défluent, le Doué.

La campagne des cultures de décrue démarre après le retrait des eaux qui avaient envahi les plaines, à la suite de la montée des eaux du fleuve Sénégal et de ses défluents pendant l’hivernage.

C’est une activité agricole traditionnelle qui, jadis, occupait tous les ménages du Fouta avant l’avènement des cultures irriguées, avec l’aménagement des périmètres hydro-agricoles.

“Contrairement à la campagne de l’année dernière, plusieurs ménages agricoles du département de Podor, particulièrement de l’Ile à Morphil ne mettront pas en valeur des centaines d’hectares de terres exondées pour y cultiver du mil, du maïs, du niébé, entre autres spéculations”, regrette Salif Yama Diop, un sexagénaire rencontré non loin de Walaldé, une commune de l’arrondissement de Cas-Cas, à l’est de Podor.

Dans cette commune de la rive gauche du fleuve Sénégal, seuls quelques rares producteurs essaient d’emblaver quelques parcelles avec des moyens encore “archaïques”, dont des houes, sur les très vastes plaines de “Walléré” et “Wélaas” au sud, non loin du village de Wordé.

“Nous avons éprouvé énormément de difficultés à trouver des semences et des produits phytosanitaires pour lutter contre les ravageurs, notamment les rats, les grillons, les chenilles”, confient Mamadou Sow et Alassane Hady Bâ, deux cultivateurs trouvés en train de préparer leurs champs, avec l’aide de membres de leurs familles.

A Guia, chef-lieu de la commune éponyme, sur les berges du marigot “le Doué”, les femmes s’adonnaient à la culture de la patate douce, de la courge, de l’oseille (bissap), du niébé, avec des méthodes traditionnelles.

Cette activité “contribuait grandement dans l’alimentation” des familles et “aidait à l’autonomisation des femmes”, rappelle Penda Watt.

“Ce ne sera pas le cas cette fois-ci. La crue n’a pas été abondante”, regrette-t-elle, en visitant son champ en compagnie de quelques-uns de ses enfants pour le désherbage de la petite surface disponible.

“Dans beaucoup villages, c’est pratiquement la même situation. Les conséquences risquent d’être plus difficiles dans certains villages où les PIV [périmètres irrigués villageois] sont en réhabilitation, dans le cadre d’un vaste programme de l’Etat, depuis maintenant deux campagnes”, alerte Silèye Wade, producteur à Guia. Il plaide pour un soutien des pouvoirs publics, afin d’aider les ménages à traverser cette phase difficile pour les populations.

Cette année, le niveau du fleuve n’a même pas atteint la cote d’alerte de cinq mètres à la station de Podor, niveau permettant d’inonder les hautes plaines où se pratiquent la culture de variétés telles que le mil, le maïs, le niébé, la pastèque locale.

De Doué, village de la commune de Guédé situé à neuf kilomètres à l’ouest de Podor, où le cours d’eau du même nom se jette dans le fleuve Sénégal jusqu’à Wennding, dans la commune de Mbolo Birane à l’est, autre point de rencontre des deux cours d’eau, très peu de ménages ont mis en valeur leurs lopins de terre.

AHD/ASG/ASB

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