Par Oumar Baldé

Sédhiou, 9 oct (APS) – L’exploitation de sel, une affaire de femmes dans plusieurs localités de la région de Sédhiou (sud), notamment, Bambaly, Sandiniéri, Diendé et Djibanar, impacte la vie de nombreuses familles, même si, faute d’appui technique et financier, elle reste artisanale, voire archaïque.

Les marais salants de la région de Sédhiou, particulièrement, à Bambaly, Sandiniéri, Diendé et Djibanar, sur la rive droite du fleuve Casamance, où la mangrove se fait rare, offrent le décor de vastes étendues de terres naguère cultivables, que le phénomène de la salinisation des sols a arraché aux agricultrices, au profit des salicultrices.

Dans ces localités, les contingents de femmes qui s’activent dans la production de sel ont pour partenaires, les salines, le vent et le soleil, grâce auxquels, elles récoltent du sel pendant la saison sèche.

Au bord des marais salants, sous le chaud soleil, des groupes de femmes s’affairent à leurs tâches. Leurs pagnes bien enroulés autour de leurs tailles et leurs têtes bien enveloppées dans des foulards, elles s’évertuent à extraire de l’or blanc, sans le moindre équipement de protection.

Pour tout matériel, elles n’ont que des bols, des récipients en plastique, de grosses marmites et des filtres. Tout autour d’elles, sont dispersés des sacs, des sachets plastiques et autres matières non-biodégradables, qui sont une agression pour l’environnement.

”Ce savoir-faire se perpétue depuis longtemps dans les marais de certaines localités de Sédhiou qui connaissent une avancée de la salinisation. Aujourd’hui, ce sont les femmes qui s’activent dans l’exploitation salicole avec les moyens du bord“, renseigne Sira Dramé, une salicultrice de Diendé.

”Malgré les difficultés que nous rencontrons dans l’exercice de ce métier, en réalité nous arrivons à joindre les deux bouts” admet-elle.

 Les professionnelles de la filière laissées à elles-mêmes

A Bambaly, Dieynaba Mané déplore leurs conditions de travail. “Les professionnelles de la filière sont laissées à elles-mêmes, sans renforcement de capacités, ni appui financier, encore moins de matériel pour alléger le travail“, regrette-t-elle.

Elle ne manque pas de lancer un appel en direction des autorités, afin qu’elles les aident à rentabiliser davantage cette activité.

Selon Awa Camara, une salicultrice qui habite à Djibanar, des centaines de kilogrammes de sel sont exploités ici et acheminés vers les marchés des communes telles de Goudomp, Tanaff et Sédhiou. “Un manque de moyens (…) empêche le transport du produit vers les grands marchés du pays“, précise-t-elle.

Une absence d’accompagnement qui semble se faire ressentir à tous les niveaux. “Les productrices (de sel) sont fatiguées, dit Awa Camara, elles font le travail à mains nues, aucune machine et même sur le plan sanitaire, ça pose problème“.

Les autorités locales impuissantes face à cette situation

Les salicultrices de Sandiniéri invitent le gouvernement à soutenir l’entrepreneuriat local dans la filière sel et recommandent aux élus d’investir dans la diversification des filières, afin d’offrir d’autres alternatives à l’exploitation du sel, qui ne dure que quatre mois de la saison sèche. Pendant l’hivernage, les femmes se tournent vers la riziculture.

Force est de constater que les autorités locales demeurent impuissantes face à la  situation que vit le secteur de la saliculture dans la région de Sédhiou.  Doura Cissé, maire de Diendé admet dans un entretien accordé à l’APS, que “le sel est une richesse incroyable, d’une importance inestimable dans la création d’emplois“.

”La plupart des femmes qui (s’y) activent ont construit des bâtiments et  ce sont elles qui financent la scolarité de leurs enfants”, renchérit-il, non sans regretter le fait que “ce produit est sous-exploité ici à Sédhiou, faute de moyens des collectivités territoriales”.

Au Sénégal, la production de sel n’était connue qu’à Fatick, Kaffrine, Kaolack (centre), Saint-Louis (nord), et au lac Rose, dans la région de Dakar, a fait remarquer  l’édile de Diendé,  pour qui, d’autres parties du pays comme Sédhiou ont aussi la possibilité de produire en grande quantité cette denrée.

D’où l’importance, selon lui d’attirer l’attention des ministères de tutelle sur cette filière, afin qu’ils aident les collectivités territoriales à encadrer ses acteurs. Une façon pour elles de donner un coup de fouet à ce secteur à fort potentiel qui pourrait contribuer à l’émergence du Pakao et du pays en général.

OB/ADI/ASB/OID

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