Dakar, 11 déc (APS) – Deux entrepreneures sénégalaises, Fatou Cissé Ndiaye et Awa Sarr, se fixent deux objectifs majeurs : redonner à la filière textile son lustre d’antan dans la région de Louga (nord) pour la première, la seconde se destinant à une carrière d’exportateur de sel de premier plan dans la région de Kaolack (centre). Toutes les deux ont demandé au ministre de l’Industrie et du Commerce de décentraliser le secteur industriel, dont 80 % des entreprises se trouvent à Dakar, selon Serigne Guèye Diop. Fatou Cissé Ndiaye et Awa Sarr ont fait ce plaidoyer lors d’une rencontre tenue à Dakar par la GIZ – l’agence gouvernementale allemande chargée de la coopération internationale – avec des entrepreneurs bénéficiant du soutien financier de l’Allemagne, en présence du ministre chargé du secteur industriel. La GIZ déroule un programme dénommé ‘’Invest for Jobs’’, dont le but est d’aider les petites et moyennes entreprises (PME) sénégalaises à être performantes et à créer des emplois. ‘’La région de Louga était connue pour sa production textile, je veux faire renaître cette vocation’’ Fatou Cissé Ndiaye est la présidente-directrice générale de la Plate-forme industrielle du textile (PITEX), une PME aspirant à être le moteur de la relance de l’industrie dans la région de Louga, dans la filière textile notamment. Awa Sarr, elle, est la directrice générale de deux petites et moyennes entreprises, Le Comptoir du sel et Les Marais salants, toutes les deux basées à Kaolack, sa région natale. Les deux entrepreneures ont en commun l’esprit d’entreprise et la volonté de dérouler leurs activités dans leur région d’origine, en plus d’évoluer toutes les deux dans des secteurs d’activité fortement dominés par les hommes. Elles aspirent à créer des emplois et à devenir des capitaines d’industrie, sans quitter leur terroir. Fatou Cissé Ndiaye, la fondatrice de la PITEX en 2022, pense qu’il est nécessaire, pour aider les PME à se développer, de décentraliser l’activité industrielle au lieu de la concentrer à Dakar ou dans quelques régions seulement. Une revendication soutenue par le ministre de l’Industrie et du Commerce. Selon Serigne Guèye Diop, l’Allemagne est une référence dans ce domaine, et le Sénégal doit s’inspirer de son expérience. Fatou Cissé Ndiaye, la présidente-directrice générale de la PITEX, une PME basée à Louga ‘’La région de Louga était connue pour sa production textile. Je veux faire renaître cette vocation’’, assure l’entrepreneure lougatoise, soulignant que ‘’tous les pays qui sont parvenus à se développer sont passés par l’industrie textile’’. De l’avis de Fatou Cissé Ndiaye, de la culture du coton au produit fini, la filière textile peut générer 20.000 emplois au Sénégal. La région de Louga étant l’une des plus pourvoyeuses de migrants, les PME qui s’y trouvent doivent se développer pour pouvoir créer de nombreux emplois et aider à lutter contre la migration irrégulière, selon elle. ‘’Je viens d’une région où les populations sont très enclines à s’expatrier. Nous travaillons aussi pour aider les jeunes à rester chez eux’’, dit Mme Ndiaye, assurant avoir créé au sein de la PITEX un programme dénommé ‘’Tekki ci sa rééw’’, autrement dit, réussir tout en restant chez soi. ‘’Notre objectif est de montrer aux jeunes qu’ils ont la capacité de réussir dans leur pays en travaillant dans la filière textile’’, assure-t-elle, soulignant que la branche confection de l’industrie textile est un important gisement d’emplois. ‘’Je me sentais seule devant les difficultés’’ La région de Louga est confrontée à un taux de chômage très élevé, selon la présidente-directrice générale de la PITEX, une entreprise qui confectionne des uniformes pour les écoles et les hôpitaux, ainsi que des équipements sportifs. ‘’Lorsque j’ai créé la PITEX, je me sentais seule devant les difficultés, je n’avais pas d’interlocuteur pour en parler. J’ai su qu’on ne pouvait pas être fort en travaillant individuellement. C’est à partir de ce constat que j’ai créé l’association Sentex en vue de la relance du textile’’, se souvient Mme Ndiaye. À Kaolack, Awa Sarr s’est lancée dans l’exploitation de ‘’l’or blanc’’, le sel, lorsqu’elle est revenue au Sénégal en 2015 après plusieurs années passées en France. Revenue au bercail, Mme Sarr s’active dans le commerce du sel avant de mener des activités de production, à l’aide de ses deux entreprises. L’ex-émigrée a pris conscience de la valeur commerciale de cette denrée alimentaire, dont sa région est un important producteur et exportateur. Awa Sarr, la directrice générale du Comptoir du sel et des Marais salants ‘’J’ai démarré mes activités avec 800.000 francs CFA […] Avec cette somme, vous pouvez mener une activité économique informelle, ça peut aller. Si vous décidez de vous lancer dans l’industrialisation, par contre, vous vous rendez compte que les coûts sont très élevés’’, rappelle la directrice générale du Comptoir du sel et des Marais salants. L’appétit venant en mangeant, elle crée sa première PME en 2017, le Comptoir du sel, deux ans après son retour de la France, puis la seconde en 2019. Plus tard, Mme Sarr évalue ses besoins de financement à 1,8 milliard de francs CFA. Des besoins prenant en compte la construction d’une piste d’évacuation du sel produit par ses deux entreprises, l’électricité et l’eau. ‘’Les potentialités agro-industrielles se trouvent à l’intérieur du pays’’ ‘’Il fallait trouver un financement. Heureusement, j’ai bénéficié du soutien de la DER (Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes) et de la GIZ’’, se souvient Awa Sarr. En 2019, ses deux entreprises avaient produit 3.000 tonnes de sel. Elles s’étendent maintenant sur 117 hectares et ont un objectif de production de 30.000 tonnes par an, selon Mme Sarr, géographe de formation, titulaire d’un master d’aménagement du territoire et de développement local. Le sel produit au Sénégal est vendu dans plusieurs pays de la région, dont le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali et le Burkina, rappelle la jeune entrepreneure, aspirant à devenir l’un des principaux distributeurs de cette denrée en Afrique de l’Ouest. ‘’Dakar est saturé. Les potentialités agro-industrielles se trouvent à l’intérieur du pays’’, fait observer Awa Sarr, souhaitant, comme Fatou Cissé Ndiaye, que les pouvoirs publics décentralisent l’aide fournie aux PME. MFD/ESF/ASB
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