Dakar, 29 nov (APS) – Le nombre de Tirailleurs ayant péri lors du massacre perpétré par l’armée coloniale française à Thiaroye le 1er décembre dépasse celui officiellement déclaré, a souligné vendredi l’historienne Rokhaya Fall, membre du comité de commémoration du 80e anniversaire de ce drame survenu dans la banlieue de Dakar. »On ne peut pas donner pour le moment un chiffre exact, un chiffre précis, mais on doit dire que le nombre de décès va bien au-delà de ce qui a été jusqu’ici annoncé », a-t-elle dit lors de la conférence de presse du comité de commémoration.Le Sénégal va commémorer, dimanche, le 80ème anniversaire du Massacre de Tirailleurs sénégalais à travers une cérémonie qui sera organisée dimanche à Thiaroye en présence du chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye. Elle sera également marquée entre autres par un dépôt de gerbes de fleurs au cimetière de Thiaroye par le président de la République.Historienne, membre du comité de commémoration, professeur Rokhaya Fall, a dirigé la mission des experts sénégalais qui s’étaient récemment rendus en France récemment à la recherche de documents d’informations permettant de rétablir les faits sur ce moment tragique.‘’Quand nous sommes arrivés, on nous a présenté les actes de décès de 1944. Déjà, ils étaient au nombre de 44. Mais nous nous sommes dit qu’un événement de cette nature, avec la gravité des faits, les conséquences devaient nécessairement aller au-delà de 1944 », a-t-elle expliqué.‘’Nous avons demandé les registres de 1945. C’est au niveau de ces registres que nous avons trouvé beaucoup d’actes de décès en provenance de l’hôpital Principal de Dakar », a ainsi ajouté la professeure.Selon Rokhaya Fall, même si ces documents attestent a priori que ce sont ceux des victimes du massacre, au regard de leur nombre élevé, la prudence doit être de mise afin de ‘’faire un tri pour voir les décès qui sont directement liés à l’événement ».‘’La délégation s’est intéressée aussi aux journaux de l’époque, à des fonds iconographiques’’, a-t-elle poursuivi, indiquant que ‘’les journaux tels que Le Télégramme, L’Aurore, ont rapporté des scènes de vie et la trajectoire des prisonniers africains’’.‘’Ces témoignages ont permis d’ajouter un vécu dramatique aux milliers de soldats, qui, pour la plupart, n’étaient pas encore identifiés. De même certaines sources iconographiques ont permis de mettre un visage sur certains prisonniers de guerre », a-t-elle avancé.A l’en croire, ‘’la mission a appréhendé aussi des trous dans les archives, des trous qui expliquent les ombres, c’est la question du carré. Il y a eu des listes nominatives de prisonniers sénégalais, trouvés dans les archives des départements’’.‘’Pendant 80 années, l’État français s’est employé à fabriquer l’oubli’’, a pour sa part soutenu le président du comité de commémoration du 80e anniversaire du massacre, le professeur Mamadou Diouf.‘’C’est en cela que cette commémoration, c’est quelque chose de fondamental. Parce qu’il s’agit de rétablir des faits qui sont des faits constants, établis depuis plus de huit décennies’’, a-t-il laissé entendre.MK/OID/AKS
SENEGAL-ENVIRONNEMENT-COMMEMORATION-REPORTAGE / Bamboung, une idée des trésors du delta du Saloum – Par Mohamed Tidiane Ndiaye (APS)